Taxis contre VTC : la bataille des 15 minutes tourne au grotesque

Par Mounia Van de Casteele  |   |  615  mots
Le gouvernement va créer un délit spécifique de "racolage" pour les véhicules de tourisme avec chauffeur. Ces concurrents des taxis devront appliquer un délai d'au moins 15 minutes avant la prise en charge d'un client à compter du 1er janvier.
Le gouvernement va créer un délit spécifique de racolage pour les véhicules de tourisme avec chauffeur. Ces concurrents des taxis devront appliquer un délai d'au moins 15 minutes avant la prise en charge d'un client à compter du 1er janvier. Trop peu aux yeux des taxis qui espéraient au moins deux heures de délai. De nouveaux aménagements sont en négociation...

De qui se moque-t-on ? Telle est en substance la réaction des taxis au projet de règlementation de l'activité par le gouvernement des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) - des voitures banalisées, souvent haut-de-gamme, qui doivent être réservées à l'avance par les clients.

Le projet gouvernemental prévoit un délit de racolage pour les VTC

Dans le détail, le prochain décret (ou arrêté) devrait ainsi créer un délit spécifique de racolage - passible d'une peine de prison et non plus d'une simple amende -, qui va être ajouté au projet de loi Hamon sur la consommation, actuellement étudié par le Parlement.

Objectif: empêcher les chauffeurs de VTC de "marauder" à la recherche de clients, notamment aux sorties des aéroports, où ils ne pourront désormais stationner que pendant une heure grand maximum. Le projet de règlementation prévoira donc, à partir du 1er janvier, un délai d'attente de 15 minutes avant la prise en charge de leurs clients.

Cette mesure est censée donner en partie satisfaction aux récentes revendications des taxis qui s'estiment menacés par cette concurrence qu'ils jugent déloyale.

Un délai de 15 minutes d'attente avant la prise en charge du client

"La mesure évite la maraude ", concède Yan Hascoet, fondateur et PDG de Chauffeur-privé qui admet que le projet remplirait donc son objectif premier. En revanche, la durée du délai pose problème. 15 minutes ? "Là, on marche sur la tête!", s'offusque le PDG de Chauffeur-privé dont 50% des commandes sont traitées en moins de 10 minutes sur le lieu de prise en charge et 80% en moins de 15 minutes.

Mais voilà. Le gouvernement prévoit d'exonérer de ce délai les abonnés des sociétés de VTC, c'est-à-dire les personnes qui se sont inscrites sur leur site, en ayant fourni leurs coordonnées bancaires et en ayant réalisé leur première commande au moins 24 heures auparavant. Charge au chauffeur du véhicule de prouver que la réservation a été faite 15 minutes plus tôt ou de démontrer l'existence de l'abonnement. Sachant qu'"il existera tout un arsenal de contrôles, mis en place par la Préfecture de police, afin de s'assurer que les règles sont respectées", selon une source gouvernementale citée par l'AFP.

Or, "tous nos clients ont des contrats", se réjouit Yan Hascoet qui affirme que 99,9% des courses sont commandées par des clients abonnés. Le délai de 15 minutes ne s'appliquerait donc qu'à 0,1% de leurs commandes.

Les abonnés des VTC doivent-ils attendre 15 minutes ?

Autant dire que les taxis sont très loin de se satisfaire d'une telle mesure. Pour certains c'est même un véritable "scandale". Du côté d'un syndicat parisien, on juge en effet "inacceptable" que les abonnés des VTC n'aient pas besoin de se voir appliquer ce délai de 15 minutes. "Nous avons demandé deux heures", justifie le Secrétaire général du syndicat qui se dit contre tout compromis éventuel.

Pour l'heure, "rien n'est encore tranché", rappelle Yves Weisselberger, co-fondateur de SnapCar. Le gouvernement cherche (en vain ?) à ajuster la mesure au mieux, afin de ménager la fureur des taxis. Il serait question de n'exonérer les abonnés dudit délai de 15 minutes - dont la durée semble quant à elle fixée depuis le 17 juin dernier, selon une source proche du dossier - que les hôtels, les entreprises et les salons. Le Ministère doit ainsi revenir vers les taxis d'ici lundi, confie une source proche du dossier.

Pour aller plus loin: comment les smartphones facilitent l'usage des taxis