Vol AF 447 : les experts privilégient une chute soudaine de l'avion

Par latribune.fr  |   |  814  mots
L'absence de traces de feu sur les débris de l'avion d'Air France ainsi que la présence d'éléments montrant que l'équipage n'était pas en situation d'alerte font penser aux experts que la chute de l'appareil a été soudaine et qu'il n'a pas explosé en vol.

Même si les causes de l'accident de l'avion Air France AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris -qui s'est écrasé en mer le 1er juin dernier faisant 228 morts- sont encore inconnues, les premiers débris repêchés en plein Atlantique permettent d'apporter des pistes de plus en plus certaines. Selon des experts brésilens cités par la presse, l'étude de ces débris indiqueraient ainsi que la chute de l'avion a été soudaine et que l'appareil n'a pas explosé en vol.

Des dizaines de débris récupérés par la Marine brésilienne ont été exposés dans un hangar de l'aéroport de Recife (nord-est). L'ancien pilote Ari Germano, auteur d'un livre sur les accidents aériens, s'est déclaré "impressionné par au moins une des photos" diffusées vendredi par les forces aériennes brésiliennes, a-t-il dit au quotidien O Globo de samedi. D'après lui, l'image semble indiquer que les passagers de l' Airbus ont été pris de surprise et que la tragédie s'est déroulée si vite que l'équipage n'a pas eu le temps de réagir.

"J'ai vu la paroi qui sépare l'endroit où se trouve l'équipage pour préparer les repas et le compartiment des passagers. Des fauteuils y étaient fixés. Ce qui est curieux, c'est que ces fauteuils doubles, utilisés exclusivement par l'équipage étaient repliés. Ils sont bien plus fins que ceux des passagers et sur les photos on voit les ceintures de sécurité qui pendent. Cela suggère que l'équipage circulait dans les couloirs de l'avion. En cas de signal d'alerte ou de l'imminence d'un risque quelconque, l'équipage serait resté assis à sa place", a remarqué Ari Germano. Pour lui,  "ils n'ont eu le temps de rien faire".

De son côté, le commandant de bord Ronaldo Jenkins, consultant en sécurité du Syndicat national des entreprises aériennes (Snea), a déclaré à Globo qu'il avait pu identifier un gilet de sauvetage et également une partie du revêtement intérieur de l'avion et qu'il n'y avait aucune trace de feu ou de fumée, ce qui écarterait l'hypothèse d'une explosion.

Pointé du doigt pour les sondes de vitesse Pitot des Airbus A330 et A340 dont les défaillances pourraient être à l'origine de la catastrophe, l'avionneur européen Airbus a dû monter au créneau vendredi pour défendre la fiabilité de ses avions. "L'A330 est l'un des meilleurs avions et parmi les plus sûrs jamais construits", a affirmé le patron du groupe, l'Allemand Thomas Enders, dans un entretien au quotidien allemand à grand tirage Bild Zeitung.

Actuellement, le Bureau Enquêtes Analyses (BEA), chargé de l'enquête technique, ne voit "aucun lien établi" entre les sondes Pitot décriées et les causes de l'accident. Le patron d'Air France s'est aussi dit jeudi "pas convaincu que les sondes sont la cause de l'accident". Cependant, Air France avait reconnu samedi qu'à partir de mai 2008 "des incidents de pertes d'information anémométrique en vol en croisière" sur des A330 et des A340 avaient été constatés. Après l'accident, Air France a d'ailleurs décidé d'accélérer le remplacement de ces sondes à la suite de la menace de certains pilotes de ne pas voler sur les Airbus A330/A340 non équipés d'au moins deux nouvelles sondes Pitot.

Ce dimanche, les recherches de l'épave de l'Airbus d'Air France et des corps des 228 victimes se poursuivent, la priorité étant néanmoins maintenant de découvrir les boîtes noires pour faire avancer l'enquête. Samedi soir, cinquante corps au total avaient été récupérés par les Marines des deux pays, et des pièces importantes de l'avion, comme un morceau de la dérive, ont été repêchées ces derniers jours. Les premiers corps ont été transportés à Recife où ils étaient examinés par les médecins légistes. Parmi les 228 victimes de 32 nationalités, se trouvaient 72 Français, 59 Brésiliens et 26 Allemands.

Une trentaine de proches des victimes se sont entretenus samedi à Rio avec l'émissaire du gouvernement français auprès des familles, Pierre-Jean Vandoorne. "Leur première préoccupation est de retrouver les corps et de comprendre les causes de la catastrophe". Par ailleurs, Christophe Guillot-Noël, frère d'une des victimes de l'accident du vol AF 447 Rio de Janeiro-Paris, a annoncé ce dimanche au Parisien la création d'une association de familles pour pallier au "manque de soutien" d'Air France. Pour l'instant, l''"Association pour la vérité et pour la défense des droits des victimes du vol AF447 " ne s'est pas constituée partie civile dans l'enquête judiciaire ouverte à Paris. Seule une famille d'une des victimes françaises s'est constituée partie civile, un acte qui lui permettra d'avoir accès au dossier d'enquête.