Air France prêt à relancer l'actionnariat-salarié

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  493  mots
Selon nos informations, les pilotes de la compagnie sont favorables à un système de baisse de salaires contre des actions. Il avait été mis en place en 1999, lors de l'entrée en Bourse d'Air France, puis en 2005. Photo : Reuters
Le PDG de la compagnie française est très favorable à augmenter la part des salariés dans le capital d'Air France-KLM. Au regard du cours très bas de l'action, la plus-value potentielle est l'une des rares contreparties, dont il dispose pour récompenser les gros efforts prochainement demandés au personnel.

Augmentation de la part des salariés d'Air France dans le capital d'Air France-KM ces prochains mois ? C'est fort probable. Selon nos informations, c'est l'une des convictions du PDG de la compagnie aérienne française, Alexandre de Juniac. Ce dernier en a d'ailleurs fait publiquement état pendant quelques secondes la semaine dernière au Sénat. «Nous sommes très favorables à redévelopper l'actionnariat-salarié ; très très favorable », a-t-il déclaré. Et de préciser : « le fait d'avoir une action avec un cours très peu élevé a tous les inconvénients de la terre sauf un, celui de pouvoir distribuer des actions aux salariés, qui leur donnent une perspective d'augmentation future ». En effet, avec un cours au plus bas (4,77 en clôture vendredi) la plus-value potentielle est très forte. Les Hollandais de KLM n'y sont pas hostiles.

Une contrepartie aux efforts

Dans le débat sur la forte hausse de la productivité demandée aux salariés pour redresser l'entreprise, un accroissement de la part des salariés dans le capital est en effet l'une des rares contreparties à offrir pour la direction. Pour l'heure aucune décision n'est arrêtée. « Si la direction veut mener à bien ce projet, il faut qu'il le déblaye au cours du premier trimestre », explique-t-on en interne. Cela passe forcément par une définition des modalités d'une telle opération.

Faut-il procéder à un échange salaires contre actions comme cela a déjà été le cas par le passé (ce sont celles de l'Etat qui avait été utilisées) ? Procéder à une augmentation du capital réservée aux salariés à des conditions plus avantageuses que les conditions de marché, ou bien leur donner des actions gratuites pour récompenser leur efforts ? Les avis sont partagés.

Salaires contre actions pour les pilotes

Selon nos informations, les pilotes, à l'origine de l'actionnariat-salarié à Air France (inspiré des exemples des compagnies aériennes américaines), sont très actifs sur ce sujet. Ils sont favorables à un système de baisse de salaires contre des actions. Il avait été mis en place en 1999, lors de l'entrée en Bourse d'Air France, puis en 2005 (il y avait eu parallèlement une l'offre réservée aux salariés dite ORS, qui consiste à un rabais sur le prix des actions), grâce à une cession gratuite d'une partie du capital de l'Etat, aujourd'hui actionnaire à hauteur de 16 % environ. Reste à savoir si l'Etat est prêt à réitérer l'opération.

Autre question, quelle part du capital accorder aux salariés, alors qu'après avoir représenté 19 % du capital en 2004, ils ne représentent aujourd'hui que moins de 10 % du capital d'Air France-KLM ? Le PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, a toujours eu comme chiffre magique «20 %». Difficile à atteindre sur le seul quota de l'Etat. Le personnel de KLM n'a jamais été concerné par une participation au capital car, pour des raisons fiscales, ce type d'opérations ne leur est pas avantageux.