La grève du contrôle aérien se durcit : 5 aéroports fermés, les aiguilleurs réquisitionnés

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  558  mots
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Qualifié "d'exceptionnel" par la Direction de l'aviation civile, le mouvement des contrôleurs aériens est suivi à près de 100%. Les aéroports de Figari, Montpellier, Perpignan, Angoulême et Agen sont fermés. Tous les centres en route de la navigation aérienne (Reims, Athis-Mons, Brest, Aix-en-Provence et de Bordeaux) fonctionnent en service minimum, avec du personnel réquisitionné. Les compagnies aériennes doivent annuler davantage de vols.

La journée de grève des aiguilleurs du ciel tourne au vinaigre. Alors que les syndicats ont décidé hier de renoncer à la grève ce jeudi, un jour plus tôt que prévu, ils mettent le paquet pour leur dernier jour. Ce mercredi, le mouvement a pris une ampleur insoupçonnée par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). «Des préavis de grève ont été déposés par plusieurs organisations syndicales (...) le mouvement est exceptionnel.  Il est suivi par près de 100% des contrôleurs aériens", explqiue la DGAC. Les aéroports de Figari, Montpellier, Perpignan, Angoulême et Agen sont fermés. Et tous les centres en route de la navigation aérienne (Reims, Athis-Mons, Brest, Aix-en-Provence et de Bordeaux) fonctionnent en service minimum, avec du personnel réquisitionné. Le contrôle aérien des aéroports d'Orly, Roissy-Charles-de-Gaulle, Lyon-Satolas, Marseille, Nice, Toulouse-Blagnac, Bordeaux Mérignac, Mulhouse-Bâle, Ajaccio, Bastia, Calvi fonctionne également en service minimum, précise la direction de l'aviation civile.

2000 vols annulés
Conséquences, les compagnies qui avaient dû réduire leur programme de vols 50%, doivent annuler 25% de plus à partir de 15 heures sur les aéroports de Roissy, Orly, Beauvais, Lyon, Nice, Marseille, Toulouse et Bordeaux. Soit 200 vols supplémentaires aux 1800 déjà annulés.

Bruxelles veut réformer l'espace aérien
Les contrôleurs aériens font grève contre le projet de "ciel unique européen", initié par la Commission européenne. Bruxelles a présenté mardi ses propositions pour relancer sa réforme de l'espace aérien. L'objectif de mieux lutter contre l'encombrement de l'espace aérien, qui représente un surcoût de 5 milliards d'euros par an pour les compagnies aériennes et leurs clients, selon la Commission. Il vise également à prévenir une pénurie de capacités face à une hausse attendue des vols dans les années qui viennent.
La proposition la plus décriée prévoit une séparation complète entre les autorités nationales de surveillance et leurs régulateurs, les organisations de contrôle de la circulation aérienne. Cela se traduirait en France par l'éclatement des fonctions assurées actuellement par la Direction générale de l'aviation civile (régulation, surveillance et prestations de service de navigation aérienne).

Améliorer la sécurité

La Commission voit dans cette proposition un moyen d'améliorer la sécurité et la surveillance, après des audits mettant en évidence d'importantes faiblesses dans ces deux domaines. Elle insiste toutefois sur la nécessité de garantir des ressources suffisantes aux autorités de surveillance. Cela "est de nature à remettre en cause ce qui fait notre particularisme et notre efficacité", a réagi le ministre français des Transports, Frédéric Cuvillier, vivement opposé à ce projet. Il en a profité pour dénoncer un excès de réglementation européenne dans le secteur aérien, alors que le premier paquet législatif pour le ciel unique européen n'a "pas encore porté tous ses fruits".
M. Kallas propose également la mise en concurrence des services d'appui aux organisations de contrôle (services météorologiques, de navigation ou de surveillance). Car actuellement "les services d'appui constituent le principal facteur de coût de la gestion du trafic aérien", souligne la Commission.