MH370 : le copilote a livré le dernier message du Boeing de Malaysia Airlines

Par latribune.fr  |   |  796  mots
Selon le PDG de Malaysia Airlines, c'est le copilote qui aurait prononcé les derniers mots transmis au contrôle aérien par le cockpit, deux minutes après la désactivation volontaire, par une personne présente dans le poste de pilotage, du système ACARS. Le transpondeur, qui transmet les informations sur la position de l'appareil, a été de son côté délibérément désactivé deux minutes seulement après le message attribué au copilote.

Qui pilotait le Boeing 777 de Malaysia Airlines qui a disparu il y a 9 jours ? Qui est ce pilote qu'un responsable de l'armée malaisienne a qualifié d'"expérimenté, compétent et en activité, sachant éviter les radars civils", qui a détourné l'avion délibérément ? Le commandant de bord, Zaharie Ahamad Shah? Son "officier pilote de ligne" (OPL, ou copilote), Fariq Abdul Hamid? Quelqu'un d'autre ?

Fournie par le PDG de Malaysia Airlines, l'information comme quoi c'est le copilote qui a prononcé les derniers mots transmis au contrôle aérien par le cockpit, pourrait donner une indication. Car le pilote qui est en relation avec le contrôle aérien, n'est pas celui qui tient le manche.

Acte délibéré

Depuis ce week-end, les investigations se concentrent sur le commandant de bord et son copilote. La question centrale étant de savoir qui contrôlait l'appareil au moment où il a disparu des écrans radars civils suite à un "acte délibéré", selon les autorités malaisiennes.

Le message présumé du copilote ("All right, good night", "Eh bien, bonne nuit") énoncé de façon détendue selon les autorités malaisiennes, venaient en réponse aux contrôleurs annonçant à l'équipage que l'avion s'apprêtait à quitter l'espace aérien malaisien. Il a en effet été reçu 12 minutes après la désactivation volontaire, par une personne présente dans le cockpit, du système ACARS (Aircraft Communication Addressing And Reporting System) qui permet d'échanger des informations entre l'appareil en vol et le centre opérationnel d'une compagnie aérienne. Le transpondeur, autre dispositif crucial, qui transmet les informations sur la position de l'appareil, a été de son côté délibérément désactivé deux minutes seulement après le message attribué au copilote.

Cette phrase est contraire aux procédures habituelles du contact radio, qui veulent que le pilote lise les instructions pour contacter la prochaine tour de contrôle et donne l'indicatif de l'appareil, explique Hugh Dibley, un ancien pilote de British Airways.

 L'enquête se resserre sur les deux pilotes

Ce week-end, l'enquête s'est resserrée sur les deux pilotes. Dimanche, le président de la commission de Sécurité Intérieure à la Chambre des représentants américaine, Michael McCaul, a indiqué que les autorités américaines craignaient que le Boeing mystérieusement disparu pourrait avoir été détourné et caché pour servir plus tard de "missile de croisière". "Toutes les pistes mènent au cockpit", a-t-il dit.

Technique parfaite

Fariq Abdul Hamid, 27 ans, a rejoint Malaysia Airlines à 20 ans et a étudié le pilotage à Langkawi (Malaisie). Il est le fils d'un haut responsable du ministère des travaux publics d'un des Etats du pays. Tous ceux qui connaissent de près ou le loin ce fils de haut-fonctionnaire décrivent un homme sans histoires, bien élevé, fiancé à une jeune femme de son âge rencontrée à l'école de pilotage il y a neuf ans. Selon les médias malaisiens, elle serait pilote sur AirAsia, la filiale low cost malaisienne, fille d'un pilote chevronné de la compagnie. Fariq se rendait régulièrement à la mosquée de son quartier, en banlieue de Kuala Lumpur, pour y prier ou suivre quelques cours de théologie islamique, selon l'imam Ahmad Sharafi Ali Asrah qui voit en lui "un bon garçon".

Fariq Abdul Hamid était apparu en février dans une émission sur CNN, où il aidait à piloter un Boeing 777-200 de Hong Kong à Kuala Lumpur, avec le correspondant de la chaine, Richard Quest. "C'était intéressant de voir comment il avait posé l'avion au sol", a déclaré le journaliste (bon connaisseur du transport aérien) sur le site internet de CNN. Il qualifie la technique de Fariq de "parfaite".

Plus de 18.000 de vol pour le commandant

Le commandant Zaharie Ahmad Shah, 53 ans, travaille quant à lui pour la compagnie malaisienne depuis 1981 et compte 18.365 heures de vol. Il possède chez lui un simulateur de vol grandeur nature qu'il s'était construit. Mais, selon l'AFP, certains experts du secteur aérien disent que ce n'est pas si rare chez les pilotes passionnés comme l'était Zahari selon certains collègues. "Ses jeux de simulation ont été minutieusement examinés", a déclaré un enquêteur, ajoutant qu'ils avaient toute l'apparence de jeux normaux dans lesquels les joueurs s'entraînent à piloter et atterrir dans différentes circonstances. Des messages postés sur Facebook indiquent que le pilote était un opposant actif à la coalition qui dirige la Malaisie depuis 57 ans.

Le gouvernement malaisien a exhorté l'opinion publique à ne pas tirer de "conclusions hâtives" sur les deux hommes qui, par ailleurs, n'avaient pas demandé à voler ensemble le 8 mars.