Rapport Thévenoud : les propositions des VTC... et des taxis

Par Mounia Van de Casteele  |   |  799  mots
"Le développement du VTC va permettre le développement du taxi", a assuré Benjamin Cardoso, président de Lecab et de la FFTPR.
Cinq sociétés de chauffeurs ont créé la Fédération française du Transport de Personne sur Réservation (FFTPR) et émis huit propositions pour pacifier la situation avec les taxis... C'est au tour du député Thomas Thévenoud de trancher.

Les VTC ont pris les devants. Une dizaine de jours avant la remise du rapport Thévenoud qui doit intervenir ce mardi, ces chauffeurs, que les taxis accusent de concurrence déloyale, ont annoncé le 11 avril la création de la Fédération française du Transport de Personne sur Réservation (FFTPR). A cette occasion, ils ont divulgué les huit propositions qu'ils ont transmises au député socialiste, Thomas Thévenoud médiateur chargé de trouver un compromis pour que les deux activités puissent cohabiter, avant la remise de son rapport au Premier ministre. 

Seront donc connues les suggestions qu'il a choisie de retenir. Le député s'était donné une semaine supplémentaire pour rendre ses conclusions en raison du remaniement ministériel. "II y aura quelques mesures de renforcement des contrôles et sur l'assurance" dans le rapport, avait-t-il fait savoir sans donner plus de détails. Les VTC et taxis, eux, en campagne depuis plusieurs semaines ont abondamment communiqué sur leurs propositions. 

L'augmentation de l'offre entrainera une augmentation de la demande

A commencer par les VTC. Une partie d'entre eux s'est sont structuré au sein de la FFTPR regroupe les sociétés Snapcar, Chauffeurs privés, Lecab, Allocab et Suppershuttle. En revanche, la plus jeune entreprise Drive, ne fait pas partie de la fédération, ni Uber, qui "n'est pas un transporteur mais une société de mise en relation". "Uber est une société de technologie qui permet à des professionnels du transport d'augmenter leur activité", rappelle Pierre-Dimitri Gore-Coty, le DG France de l'entreprise.

La fédération a mis en ligne un site Internet où sont exposées quelques propositions fondées sur les résultats d'études d'un chercheur du CNRS, avec notamment les exemples de cohabitation des deux professions à l'étranger ainsi que l'évolution du marché. Les représentants de ces cinq sociétés assurent que le développement de leur activité ne nuit en rien à celle des taxis, à condition que certaines règles soient respectées. Ceux-ci vont même plus loin: "le développement du VTC va permettre le développement du taxi", a assuré Benjamin Cardoso, président de Lecab et de la FFTPR.

Côté engagements, les patrons des cinq sociétés de VTC se sont dits prêts à créer une commission de discipline pour les chauffeurs, une licence spécifique pour encadrer leur activité, à renforcer les contrôles techniques et à s'assurer que tous les VTC possèdent une assurance pour le transport de personne, à créer un délit de racolage pour les VTC aux aéroports ou encore à obliger tous les véhicules à être équipés d'un terminal bancaire.

La fin du gel des immatriculations

En contrepartie, ils souhaitent pouvoir utiliser les couloirs de bus, modifier la législation concernant la taille et la puissance des VTC. Mais surtout, ils demandent la fin du gel des immatriculations de nouvelles voitures avec chauffeur, décidé par le gouvernement à la mi-février après une grève des taxis, et qui est prévu jusqu'à la fin de la concertation. 

Le gouvernement avait voulu satisfaire ces derniers en imposant un délai de 15 minutes aux VTC entre le moment où un client réserve une course et sa prise en charge. Mais cette mesure a été suspendue par le Conseil d'Etat début février. Depuis, les taxis ont gagné une autre manche en obtenant, à l'issue d'une grève, le gel provisoire des immatriculations des VTC jusqu'à la remise du rapport.

Les taxis souhaitent imposer aux VTC un minimum de 90 euros la course

De leur côté, les taxis se disent prêts à "améliorer (leur) service", indique Nordine Dahmane de FO-taxis à La Tribune, avec par exemple "la généralisation des paiements par carte bancaire". Ils aimeraient aussi voir créer une application qui permettrait de réserver son taxi via son smartphone, comme pour les VTC. "On a proposé de travailler à lancer une application nationale pour les taxis sur tout le territoire", a fait savoir Karim Asnoun, de la CGT. Celui-ci a également précisé que les taxis réclament aussi la mise d'un montant de course minimum pour les VTC, d'un montant de 90 euros et en font une question de "principe".

S'il faut choisir entre un délai minimum de prise en charge, un numerus clausus pour les VTC et une course minimum, "la moins pire pour moi c'est la course minimum", a assuré Thomas Thévenoud à l'AFP. "Ce qui est sûr c'est que je ne vais pas proposer une course à 90 euros", a-t-il précisé, avertissant aussi qu'une telle mesure pourrait poser des problèmes d'un point de vue du principe de la liberté des prix et de la concurrence.

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