Taxis à Bruxelles : une commissaire européenne dénonce un "cartel"

Par latribune.fr  |   |  565  mots
Neelie Kroes, commissaire européenne se dit "scandalisée" après la décision d'interdire Uber à Bruxelles
La décision d'un tribunal bruxellois d'interdire Uber, une application de covoiturage, a déclenché un violent affrontement entre une commissaire européenne et la ministre bruxelloise des Transports.

Après la France, la Belgique ! Et une nouvelle polémique autour d'Uber, une application de covoiturage faisant concurrence aux taxis. Un tribunal de Bruxelles a ordonné à Uber de cesser ses activités dans la capitale. Le tout est assorti d'une astreinte de 10.000 euros par infraction constatée.

Cette décision a donné lieu à une passe d'armes entre la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, et la ministre bruxelloise des Transports, Brigitte Grouwels. L'une dénonçant un cartel, l'autre rétorquant qu'Uber ne respecte pas les règles en vigueur à Bruxelles.

"Une décision qui protège un cartel de taxis"

A la suite de la décision du tribunal, la commissaire européenne a réagi sur son blog où elle écrit : "Je suis scandalisée par la décision d'un tribunal bruxellois d'interdire l'application de service de taxi Uber (...) Sont-ils sérieux ? De quel genre de système légal s'agit-il ?", poursuit-elle à propos de l'astreinte de 10.000 euros. "Cette décision ne protège pas et n'aide pas les usagers, elle protège un cartel de taxis", s'emporte encore Neelie Kroes.

"Nous ne vivons plus au XIXe siècle"

Sur Twitter, la réaction de la commissaire a été tout aussi virulente. Elle a même lancé un hashtag de soutien à la société de covoiturage entre particuliers. "Uber est le bienvenu, à Bruxelles et partout ailleurs, Nous ne vivons plus au XIXe siècle"

 

La commissaire s'en prend aussi directement à la ministre bruxelloise Brigitte Grouwels, opposée de longue date à la présence d'Uber dans la capitale belge, en la qualifiant de "ministre de l'anti-mobilité".

"Les règles sont faites pour être suivies"

Prise à parti, Brigitte Grouwels, la ministre bruxelloise des Transports, n'a pas tardé à répondre. "Les règles sont faites pour être suivies" a-t-elle déclaré mercredi 17 avril au micro de la radio flamande VRT. "Le système d'Uber est intéressant, mais il existe des règles et il convient de les respecter".

Or "Le tribunal de Commerce a constaté qu'elles n'étaient pas respectées. Il est particulièrement fâcheux de la part d'une commissaire d'estimer que les règles ne doivent pas être respectées", a-t-elle poursuivi.

Par ailleurs, elle souligne qu'aux Etats-Unis, les activités d'Uber avaient provoqué des problèmes d'assurance. "Nous voulons organiser, à Bruxelles, un secteur des taxis de qualité offrant une sécurité garantie", a ajouté la ministre, membre du parti chrétien-démocrate flamand CD&V.

Neelie Kroes : l'incarnation du "libéralisme sauvage"

Ne laissant pas de côté les attaques ad hominem, la ministre bruxelloise a répondu directement : " Si elle avait été ministre en Belgique, Mme Kroes aurait probablement dû démissionner après de tels propos" allant jusqu'à voir dans la commissaire l'incarnation du "libéralisme sauvage".

Uber va contester la décision du tribunal

La société Uber a annoncé mercredi par l'intermédiaire d'une porte-parole qu'elle allait contester "de toutes les manières possibles" la décision du tribunal de commerce de Bruxelles.

En France aussi, Uber est dans le collimateur des taxis, qui dénoncent une concurrence déloyale. La répression des fraudes a annoncé le lancement d'une enquête sur les services de covoiturage entre particuliers.