La SNCM de nouveau en grève

Par latribune.fr  |   |  748  mots
Juste avant le début de la haute saison, les traversées vers le Maghreb et la Corse ont été interrompues pour une durée indéterminée. (Photo: Reuters)
Tous les navires de la compagnie étaient à quai mardi. Les syndicats ont appelé à un mouvement reconductible toutes les 24 heures, pour protester contre les menaces pesant sur l'entreprise.

La grève entamée mardi à la SNCM s'annonce dure. Tous les navires de la compagnie maritime étaient à quai mardi, interrompant pour une durée indéterminée les traversées vers le Maghreb et la Corse, à une semaine du début de la saison touristique dans l'île de Beauté.

Par cet arrêt de travail, les grévistes comptent protester contre les menaces pesant sur leur entreprise. Tous les syndicats (CGT, SAMMM, FO, CFE-CGC, CFDT, CFTC), ont appelé au mouvement, reconductible toutes les 24 heures, à l'exception du Syndicat des travailleurs corses (STC). Il s'agit de la troisième grève depuis le début de l'année.

Un conseil de surveillance n'a pas permis de lever les inquiétudes

La nouvelle grève aurait dû commencer en même temps que l'assemblée générale des actionnaires, qui doit entériner la reprise en main de la société par son associé majoritaire, Transdev (66%), avec la nomination d'un nouveau président du conseil de surveillance. L'AG a été reportée au 3 juillet, mais le mouvement, lui, a été maintenu: une manière pour les syndicats de laisser une petite chance à "une grève rapide" et de sauver la saison d'été.

Un conseil de surveillance, qui s'est tenu vendredi à la demande des représentants salariés et actionnaires salariés (9%), n'a néanmoins pas permis de lever leurs inquiétudes, malgré les paroles rassurantes du nouveau patron de la compagnie Olivier Diehl, qui a dit dans la presse "croire en l'avenir de cette compagnie".

Une commande de navires arrêtée net

Dans leurs préavis, les syndicats s'en prennent surtout à l'Etat. Ils estiment en effet que depuis 18 mois l'ancienne direction avait mis l'entreprise sur de bons rails. Un plan industriel de relance, longtemps soutenu par le gouvernement, prévoyait notamment un pacte social avec 500 suppressions de postes (sur 2.600) ainsi qu'une augmentation du temps de travail et, en face, la commande de quatre navires plus performants, avec à la clef des gains de productivité.

Toutefois, si le pacte social a bien été enclenché, la commande de bateaux a été arrêtée net lors de nomination d'Olivier Diehl. Une interruption justifiée par l'état des finances de la compagnie et une lourde sanction de l'Union européenne, qui lui demande de rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illégales.

Appel aux élus de l'Assemblée de Corse

Le représentant de la CGT Marins (majoritaire), Frédéric Alpozzo, insiste:

"Nous réclamons que les actionnaires, dont l'Etat (qui détient 25% des actions), respectent leurs engagements (...) La grève, si elle se tient, sera de l'entière responsabilité du gouvernement".

Les syndicats demandent notamment le traitement simultané des contentieux européens, des financements des navires et du changement d'actionnariat, Transdev souhaitant sortir du capital de la SNCM. Lundi, ils ont écrit aux élus de l'Assemblée de Corse pour qu'ils se tournent "vers le gouvernement", afin "d'éviter une nouvelle grève qui pénaliserait les salariés comme les entreprises et les usagers du service public de continuité territoriale".

Un service de substitution organisé par l'Office des transports de Corse

Hostile à la grève, l'Office des transports de Corse a d'ores et déjà organisé un service de substitution, avec le concours de Corsica Ferries, pour limiter l'impact du mouvement, notamment au niveau du fret. Son président, Paul-Marie Bartoli, justifie:

"Je ne suis pas là pour briser des grèves, c'est un droit constitutionnel. J'utilise à mon tour des moyens légaux pour pallier ce sabotage".

Olivier Diehl déplore également le moment de la grève. Annonçant une activité "en recul de 10,8% et de 13% sur la Corse" depuis le début de l'année, il met en garde contre un mouvement qui pourrait conduire l'entreprise tout droit au tribunal de commerce:

"Nous pouvons verser à tout moment dans une situation préjudiciable. (...) Je pense que le timing n'est pas le bon", a-t-il déclaré à la Provence mercredi.

Craintes d'un "démantèlement après la saison estivale"

Mais Frédéric Alpozzo, réplique:

"Ses patrons (ceux d'Olivier Diehl, NDLR) ont mis la SNCM dans toutes les pages des journaux pour la salir, c'est lamentable".

De son côté, le délégué CFE-CGC des officiers, Pierre Maupoint de Vandeul, insiste:

"Nous ne pouvons pas attendre septembre pour dénoncer les mensonges et les reniements de l'Etat". A l'instar des autres syndicats, il craint un "démantèlement après la saison estivale".