Bagarres en avion à cause des passagers qui inclinent leur siège

Par latribune.fr  |   |  785  mots
Le débat sur l’inclinaison ou pas du siège dans les avions monte en puissance avec le déroutement ces derniers jours de deux avions à cause de passagers furieux de voir un passager situé sur devant lui incliner son siège

La guerre des jambes fait rage dans les avions des compagnies aériennes. Le débat sur l'inclinaison ou pas du siège dans les avions monte en puissance avec le déroutement ces derniers jours de deux appareils à cause de passagers furieux de voir des passagers situés devant eux incliner son siège.

"Knee defender"

Il y a une dizaine de jours, le vol 1462 de United Airlines entre Newark et Denver a été contraint de se poser à Chicago pour débarquer deux passagers de 48 ans, un homme et une femme, qui se bagarraient sur le sujet. La dispute a commencé quand l'homme, coincé dans le siège du milieu du rang 12 de la classe Economy Plus (l'espace est plus grand qu'en classe économique) avec son ordinateur portable, a utilisé un "protège genoux" ("Knee Defender"), deux pinces que l'on coince sur les bras de sa tablette et qui bloquent l'inclinaison du siège devant soi. Ce système est interdit par l'aviation civile américaine sous peine de se voir infliger une amende de 25.000 dollars. Interpellé par la passagère, un personnel de cabine a demandé au monsieur de retirer ce gadget que l'on peut s'offrir pour 21,95 dollars. Devant son refus, la dame s'est retournée est lui a jeté un verre d'eau au visage.

Sur un Miami-Paris, c'est un Français qui a été débarqué de l'appareil après s'être emporté contre une passagère devant lui.

Les avis divergent

Depuis une semaine, chacun y va de son commentaire, souvent avec humour, pour dénoncer les sièges étroits, la guerre larvée entre les rangs, le drame des trop grands ou les coups de genou vengeurs, faussement par inadvertance, sur le siège avant.

"La guerre entre ceux qui inclinent leur siège et ceux qui veulent de la place pour leurs jambes s'intensifie", ironisait vendredi le site Gawker.com. "Incliner son siège, c'est diabolique", estimait un éditorial de slate.com signé Dan Kois qui évoque un voyage "avec un dossier si près de mon menton que je devais quasi loucher pour regarder la TV".

Un autre du New York Times, signé Josh Barro, assure crânement que l'éditorialiste "incline son siège quand il prend l'avion. Je ne m'en sens pas coupable".

"Je serais extrêmement heureux si l'industrie du transport aérien daignait régler un problème qu'ils ignorent depuis des années", affirme l'inventeur du "Knee Defender", se disant prêt à se consacrer à autre chose.

Faire de la place aux classes affaires

Une enquête en octobre 2013 du Wall Street Journal montrait comment les compagnies aériennes réduisaient l'espace vital des passagers en classe économique, pour faire de la place aux premières classes et aux hommes d'affaires. La norme pour les long-courriers, qui était de presque 46 cm dans les années 1970 et 1980, est passée à 47 cm ensuite avant de descendre maintenant à un peu plus de 43 cm, indiquait le quotidien. A titre de comparaison, un siège de train américain fait 52 cm et celui d'un cinéma 63 cm.
Ces problèmes prévalent surtout sur les vols court-courriers où l'espace entre les sièges est moins grand que sur les long-courriers.

Pour autant, difficile néanmoins de trancher. Le même passager peut râler de l'inclinaison quand il travaille sur son ordinateur portable et incliner le sien pour se prélasser à un autre moment du vol.

Pas de sièges inclinables sur certaines low cost

Pour remédier aux grincements de dents, certaines compagnies comme Easyjet ou Ryanair, ont renoncé, pour les courts trajets, aux sièges inclinables.
"Il y a les restrictions de bagages, les extras en plus à payer, on ne nous offre plus les repas, les sièges sont plus étroits, il faut payer en plus pour un meilleur service. Et donc le simple fait de se sentir coincé par un siège inclinable rend les passagers furieux, parce que le voyage en avion est moins agréable que par le passé", estime Sarah Schlichter, rédactrice en chef du guide de voyage, IndependentTraveler.com.

Savoir vivre

"Vous avez acheté le ticket d'un siège inclinable, personne ne peut vous empêcher de l'utiliser", estime pour sa part Anna Post, l'une des dirigeantes d'une célèbre école de savoir-vivre fondée au début du siècle dernier, le Emily Post Institute. "Mais avoir raison n'excuse pas de mal se comporter pour arguer de son bon droit, cela peut créer plus de problèmes que cela ne vaut la peine", ajoute Anna Post qui conseille simplement d'incliner très doucement son siège, sans le claquer, "un tout petit peu suffit quelquefois à se sentir mieux".