Air France : les pilotes exigent un médiateur, Valls refuse

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  619  mots
Les syndicats demandaient la mise en place d'un groupe unique de pilotes pour les avions de plus de 110 places (sous contrat Air France) pouvant passer d'une compagnie à l'autre. Cette revendication était à l'origine du conflit.
Refusant toujours les propositions de la direction sur Transavia France (inchangées), les pilotes lèveront la grève uniquement si un médiateur indépendant est nommé.

Le feuilleton des négociations entre la direction d'Air France et ses pilotes continue. Comme il fallait s'y attendre, les dernières propositions faites par la direction ce vendredi concernant Transavia France (inchangées) n'ont pas convaincu les pilotes de lever la grève.

"Les propositions de la direction ne répondent pas aux préoccupations de la profession", a indiqué vendredi soir le SNPL dans un communiqué. "Dans l'intérêt de l'entreprise, nous demandons la désignation sans délai d'un médiateur indépendant afin de mettre un terme à cette situation (...) Le SNPL sera prêt à lever le conflit dès la nomination de ce médiateur", a déclaré le syndicat.

Une proposition rejetée par Matignon, qui estime qu'une solution de sortie du conflit est déjà "sur la table".

"Les médiations sont utiles lorsque le dialogue social n'a pas lieu; dans le cas d'Air France, il a eu lieu. Depuis 12 jours la négociation a été intense, des avancées ont été faites par la direction. La négociation est maintenant arrivée à son terme. Une solution de sortie du conflit est sur la table, aux pilotes de s'en saisir. Il n'y a pas lieu de relancer une nouvelle négociation avec un médiateur. Chacun est maintenant face à ses responsabilités", a fait savoir le cabinet du Premier ministre Manuel Valls dans une déclaration à l'AFP.

La pression est donc forte sur le SNPL alors que la direction, après avoir lâché sur Transavia Europe, reste inflexible sur Transavia France.

La direction inflexible

La direction maintient en effet la nécessité d'employer les pilotes "aux conditions d'exploitation et de rémunération de Transavia France, afin de garantir la compétitivité de cette dernière ainsi que son développement en complémentarité avec le réseau Air France".

Selon le communiqué, "deux contrats coexistants (Transavia France et Air France) seront mis en place pour les pilotes Air France volontaires pour Transavia France. Les règles d'utilisation et de rémunération seront celles en vigueur dans l'entreprise où le pilote exercera son activité et où il sera rémunéré. Ce dispositif permettra par ailleurs un développement de carrière dynamique et intégré, comprenant notamment une liste de séniorité unique".

Les syndicats demandaient au contraire la mise en place d'un groupe unique de pilotes pour les avions de plus de 110 places (sous contrat Air France) pouvant passer d'une compagnie à l'autre. Cette revendication était à l'origine du conflit.

Flotte de Boeing 737

La direction entend par ailleurs développer Transavia France au-delà de 14 Boeing 737 dès l'été 2015 "afin de capter une plus grande part du marché loisir en forte croissance, de créer 1.000 emplois, dont 250 (de) pilotes, et de renforcer la position de leader du groupe Air France-KLM sur la plate-forme de Paris-Orly". Aujourd'hui la flotte de Transavia France est en effet limitée à 14 avions, une barrière inscrite dans l'accord de création de la compagnie signée en 2007 avec les pilotes d'Air France. Le principe d'une flotte unique de Boeing 737 est lui aussi maintenu, alors que les pilotes demandaient une flotte d'A320.

Une grève insupportable pour Valls

La position d'Air France avait reçu le soutien de Manuel Valls qui a déclaré que cette grève "insupportable" devait s'arrêter. En marge d'un déplacement à Arras (Pas-de-Calais), le Premier ministre français s'en est pris à l'"attitude égoïste" des pilotes grévistes, les appelant à accepter la dernière proposition faite par la direction et à abandonner leur revendication d'un contrat de travail unique entre les pilotes d'Air France et de Transavia. Cette demande est "incompatible" avec le développement du low-cost, a-t-il déclaré.