Comment la SNCF veut révolutionner les voyages de «porte-à-porte»

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  920  mots
Il s'agit du meilleur moyen pour la SNCF d'anticiper l'arrivée non seulement de la concurrence ferroviaire au cours de la prochaine décennie mais aussi des gros moteurs de recherche comme Google, à l'affût pour proposer des offres de mobilité dans le transport urbain.
La société lancera un pass multimodal en 2015 qui permettra de proposer aux voyageurs une offre de son point de départ à son point d'arrivée et non plus d'une gare à une autre.

Descendre de son train, prendre à la sortie de la gare un vélo ou une voiture électrique libre service, un taxi ou un VTC (voitures de transport avec chauffeur) une voiture autopartagée... avec un simple pass valable pour tous les moyens de transport ? C'est ce que proposera en 2015 la SNCF avec son IDPass.

"Nous voulons lancer un pass qui soit le symbole de l'intégration des services de mobilité par la SNCF", expliquait récemment Barbara Dalibard, directrice générale Voyageurs de l'Epic SNCF Mobilités.

Une innovation qui symbolisera donc la stratégie de mobilité de "porte-à porte", au cœur du projet d'entreprise de son président, Guillaume Pepy. L'idée est de proposer des billets du point de départ du voyageur à son point d'arrivée et non plus d'une gare à une autre.

Les premiers kilomètres, "le principal ennemi"

Pour la SNCF cette stratégie vise à consolider le transport public.

"Notre ennemi, ce sont les premiers kilomètres. Au départ de chez eux, les gens prennent leur voiture pour aller travailler. Généralement, ils la gardent car c'est compliqué de faire une rupture de charge pour prendre un transport collectif puis, ensuite, une deuxième rupture de charge pour prendre autre chose. Si on trouve une solution aux premiers kilomètres, on a quelques chances de convaincre 1%, 2%, 5% des gens qui prennent leur voiture pour qu'ils utilisent les transports collectifs", expliquait Guillaume Pepy, le 10 septembre lors du séminaire de presse de la SNCF.

Il s'agit du meilleur moyen pour la SNCF d'anticiper l'arrivée non seulement de la concurrence ferroviaire au cours de la prochaine décennie mais aussi des gros moteurs de recherche comme Google, à l'affût pour proposer des offres de mobilité dans le transport urbain.

Logique de partenariats

Pour être en mesure de "proposer des facilités de voyage autour du train", la SNCF a besoin de partenaires. Des négociations sont en cours avec plusieurs prestataires de services pour intégrer leur offre. La SNCF va s'ouvrir aussi à des petits acteurs pour pouvoir proposer une offre de bout en bout dans la "France entière", même si dans un premier temps, elle sera déployée dans les grandes villes.

En plus de ces nouveaux services, IDPass proposera ceux que la SNCF commercialise déjà aujourd'hui "pour effectuer les derniers kilomètres" entre la gare d'arrivée et la destination finale du voyageur. Parmi eux, IDCab, un service permettant au passager de réserver en avance, en même temps que son billet de train un taxi ou un VTC à prix fixe disponible à son arrivée à la gare. La course entre la gare de Lyon à Paris et la place d'Italie est par exemple facturée à 9,90 euros).

IDVroom, l'offre de covoiturage sur courte distance sera également présente dans ce pass.

"Contrairement à l'Allemagne, ce marché est peu structuré », explique Barbara Dalibard. « Le potentiel est très important. Il y a une vraie convergence entre le transport collectif et le train. L'objectif est de travailler avec les Régions et les partenaires locaux pour pousser le covoiturage pour les parcours d'approche vers la gare".

Un système mis fortement en avant en Ile-de-France, pour améliorer le trajet des personnels de certaines entreprises ou commerces excentrés mais aussi pour trouver une solution aux voyageurs de Transilien impactés par les travaux.

Le partenariat avec Wattmobile monte en puissance

L'IDPass devrait également intégrer Wattmobile, un service de location de véhicules électriques en gare qui se déploie progressivement. Le 18 septembre, les deux partenaires ont inauguré quatre nouvelles stations à Paris (gare de l'Est), Bordeaux, Grenoble et Toulouse, qui s'ajoutent aux quatre premiers sites mis en service en juin dernier (Paris-Gare de Lyon, Lille-Flandres, Lyon-Part-Dieu et Marseille-Saint-Charles).

Chaque station est dotée de scooters Peugeot e-Vivacity et de voitures monoplaces Renault Twizy, dont la location s'effectue par internet. Moyennant 30 euros de frais d'inscription, l'abonné au service Wattmobile reçoit un badge magnétique qui permet d'ouvrir et de démarrer le véhicule réservé. La location est facturée au quart d'heure : 1,5 euro pour le scooter, 2,25 euros pour le Twizy. A partir d'octobre, un abonnement "destiné aux particuliers" permettra de bénéficier de tarifs inférieurs les soirs de semaine, les week-ends et les jours fériés (1 euro le quart d'heure pour un scooter, 1,5 euro pour un Twizy) ainsi que des "forfaits week-end" (respectivement 48 et 72 euros).

"Du NFC partout"

A terme, la SNCF mise beaucoup sur le déploiement de la technologie NFC (qui permet l'échange de données sans contact) pour améliorer IDpass en y intégrant notamment sa carte voyageur.

"Ce pass sera peut être demain la carte Voyageur 3 en 1 (un projet de regrouper va regrouper la carte de réduction, du programme de fidélité et le billet électronique, ndlr) avec le pass en plus sur NFC", expliquait Barbara Dalibard, précisant que le NFC était au cœur la stratégie digitale de la SNCF. "En sous-jacent de ce porte-à-porte, il y a du NFC partout".

Le socle technologique est testé sur TER. "Sur une carte NFC on peut avoir 16 billets différents", expliquait Barbara Dalibard, précisant que la SNCF travaillait sur IDPASS avec des collègues internationaux, et qu'elle souhaitait on travailler avec l'aérien dans le cadre de TGV Air, qui permet d'acheminer des passagers aériens des régions vers Roissy en TGV. "Un jour on pourra avoir sur sa carte son billet d'avion", indiquait-elle.