Lutte contre le terrorisme, ce qui va changer dans les aéroports

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  812  mots
La mise en place d'un registre français de passagers aériens devrait être opérationnel en septembre. Les mesures de contrôle des bagages cabine vont être renforcées à partir du 1er mars. Les bagages seront fouillés et passés au détecteur de traces d'explosifs.

Si depuis les attentats qui ont frappé la France début janvier, les aéroports français ont bénéficié du renforcement du plan Vigipirate au niveau Alerte Attentats (patrouilles notamment), il n'y a pas eu pour autant de renforcement des mesures de sûreté aéroportuaires à proprement parler.

"Nos mesures ont atteint un très haut niveau et la menace est différente aujourd'hui",  a expliqué ce mardi Paul Schwach, directeur de la Direction du Transport Aérien à la DGAC (direction générale de l'aviation civile), lors de l'assemblée générale du Board Representatives Airlines (BAR), l'association qui représente la quasi-totalité des compagnies aériennes étrangères présentes en France ainsi que quelques transporteurs tricolores.

La loi antiterroriste concerne l'aviation

Pour autant, le gouvernement français et l'Union européenne vont mettre en place au cours des prochains mois plusieurs mesures de sûreté, dont certaines risquent de compliquer encore davantage le voyage aérien.

Promulguée début janvier, la loi antiterroriste concerne le transport aérien sur deux points. Elle donne tout d'abord la possibilité au gouvernement d'interdire à des citoyens français de quitter le territoire afin d'empêcher le départ des candidats au Jihad en Syrie.

Alors que Bruxelles tente d'arracher au Parlement européen un accord permettant de créer un registre européen des passagers aériens (PNR), comme l'ont fait les Etats-Unis, l'administration française travaille elle aussi sur un projet un dispositif similaire de PNR français.

"Il devrait être opérationnel en septembre", a précisé Paul Schwach. Les compagnies aériennes auront donc l'obligation de transmettre les données des passagers à la police. "L'objectif est notamment d'avoir accès aux listes de passagers sur une trentaine de destinations en zone Shenghen", rappelle un cadre d'une compagnie aérienne.

Contrôles renforcés dans les aéroports étrangers

Autre point de la loi antiterroriste qui va faire l'objet d'un décret dans les prochains jours, le gouvernement aura la possibilité d'imposer aux compagnies aériennes desservant la France des mesures complémentaires de contrôle des passagers, des bagages ou de surveillance des avions dans l'aéroport de départ, à l'étranger. Un peu à la manière des Emergency Amendments américains.

"Un projet délicat en raison de son caractère extraterritorial", reconnaît Paul Schwach. "Depuis deux ans, nous avons mené un certain nombre d'audits dans des pays étrangers, en Afrique notamment, qui ont montré que ces pays ne sont pas du tout aux standards internationaux en termes de sûreté, si des analystes de risque confirment qu'il y a un risque au départ de certains aéroports, la France pourra imposer aux compagnies de mettre en place des mesures complémentaires", a-t-il ajouté.

Les bagages de cabine fouillés ou passés au détecteur d'explosifs

A cette loi antiterroriste, vont s'ajouter des mesures européennes pour répondre à la menace d'explosifs improvisés. Autrement dit précise Paul Schwach, "des appareils qui contiennent peu de matériaux métalliques et qui, par conséquent, sont mal détectés aux rayons X". A partir du 1er mars, un contrôle supplémentaire pour les bagages de cabine sera mis en place. Outre la passage au poste d'inspection filtrage (PIF), un certain nombre de bagages (le pourcentage préconisé est confidentiel) seront soit fouillés manuellement soit passés au détecteur de traces d'explosifs. A partir de septembre, le passage au détecteur d'explosifs deviendra obligatoire dans les grands aéroports. Des mesures qui promettent de belles files d'attentes et une hausse des coûts pour les transporteurs.

Fini de prendre l'avion sans voir son identité vérifiée?

Plusieurs professionnels du secteur s'attendent à d'autres mesures. Et notamment un rétablissement du contrôle automatique de l'identité du passager au moment de l'embarquement sur les vols en zone Shenghen. En effet aujourd'hui, il est en effet possible de faire un aller-retour Paris-Genève ou Paris-Toulouse, par exemple, (deux itinéraires testés par La Tribune) sans que l'identité du passager, qui s'est enregistré sur Internet, soit une seule fois contrôlée ! Depuis 2010 en effet, l'Union européenne a considéré que la vérification de la concordance des noms du passager entre la pièce d'identité et le billet d'avion n'était pas une mesure de sûreté sur les vols Shenghen. La France a appliqué cette mesure. Les compagnies peuvent certes vérifier mais n'y sont pas obligées.

"Comme quasiment aucune compagnie ne le fait, nous avons arrêté. Nous nous alignons sur nos concurrents", confie-t-on au sein d'un transporteur.

Sur des vols de courte distance, les demi-tours des avions entre les atterrissages et les décollages sont très rapides et l'embarquement doit l'être également.

La convention de Shenghen permet de revenir sur cette réglementation.