Air France-KLM repasse dans le rouge

Par F.G.  |   |  843  mots
Le groupe a enregistré une perte d'exploitation de 129 millions d'euros en 2014, contre un bénéfice de 130 millions en 2013. Mais hors impact de la grève des pilotes d'Air France en septembre, estimé à 425 millions d'euros, le groupe aurait amélioré ses profits. La direction ne donne aucun objectif de résultats pour 2015.

Petite surprise qui traduit bien la poursuite de la dégradation de la recette unitaire en fin d'année. Le 18 novembre dernier, lors d'une présentation à l'American European Press Club, Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France-KLM, espérait générer un résultat positif en 2014, certes "de manière limitée", en dépit de la grève des pilotes en septembre. Au bout du compte, le groupe a publié ce jeudi une perte d'exploitation de 129 millions d'euros en 2014, contre un bénéfice de 130 millions en 2013. Hors impact de la grève des pilotes d'Air France en septembre, estimé à 425 millions d'euros, il aurait plus que doublé. Le tout pour un chiffre d'affaires en recul de 2,4% à 24,9 milliards d'euros, qui aurait stable sans un effet change négatif. Les investisseurs n'ont pas apprécié ce retour dans le rouge. L'action dévissait de 5,22% à 10h43.

Air France aurait été bénéficiaire sans la grève des pilotes

Plus grosse filiale du groupe, Air France a enregistré une perte d'exploitation de 314 millions contre 174 millions en 2013. Elle aurait enregistré un bénéfice de 123 millions sans la grève. De son côté, le bénéfice d'exploitation de KLM a chuté de 41,8% à 175 millions d'euros en raison de la diminution de la recette unitaire et de l'augmentation de ses coûts. Transavia, la filiale à bas coûts a perdu 36 millions d'euros, près de 3 fois plus qu'en 2013 (-13 millions), dont 16 millions pour Transavia France et le reste pour Transavia Holland. Ceci pour un chiffre d'affaires en hausse de 7,3%, à un peu plus d'un milliard d'euros.

Au final, la perte nette du groupe a été ramenée à 198 millions d'euros contre 1,82 milliard d'euros en 2013, grâce à une série d'éléments positifs comme la valeur de la cession d'actions Amadeus pour Air France ou le changement de régime de retraite aux Pays-Bas.

"Le groupe a significativement amélioré sa performance opérationnelle en dépit de deux évènements, la baisse de la recette unitaire et la grève des pilotes d'Air France. Sans la grève, le résultat opérationnel aurait été positif témoignant les efforts considérables que le groupe a réalisé en termes de baisse de coûts", explique Alexandre de Juniac.

La grève n'explique pas tout. Au quatrième trimestre, la perte d'exploitation (hors grève) du groupe s'est creusée à -74 millions contre -63 millions au quatrième trimestre 2013.

Baisse des coûts

Pour la troisième année consécutive, les coûts unitaires ont baissé (-1,3% en données comparables). Le directeur financier d'Air France-KLM, Pierre-François Riolacci, a souligné que l'effet positif de 160 millions d'euros de la baisse du pétrole avait été entièrement absorbé par l'effet de change négatif.

S'agissant de 2015, la direction n'exclut pas que la totalité du gain généré par la baisse de la facture pétrolière (elle baisserait de 1,5 milliard, à 7,4 milliard de dollars, au prix du marché anticipé) soit absorbée par l'effet des couvertures carburant, la baisse de l'euro et de la recette unitaire. "C'est notre hypothèse de travail", indique Pierre-François Riolacci. Selon lui, la vraie interrogation est l'évolution de la recette unitaire.

"Il y a un réel décalage entre la demande et l'offre de capacité qui croît rapidement (+10% entre l'Europe et le Moyen-Orient, +10% entre le Moyen-Orient et l'Asie et +20% entre le Moyen-Orient et l'Afrique) poussée par les compagnies du Golfe et Turkish Airlines", a-t-il commenté.

Le groupe ne s'est risqué à aucun objectif de résultats pour 2015.

Baisse des investissements

La direction entend accélérer ses économies et repousse ses objectifs de réduction de dette. Le groupe franco-néerlandais, qui a publié trois avertissements sur ses résultats l'an passé, vise une dette nette d'environ cinq milliards d'euros fin 2015, contre 4,5 milliards auparavant et 5,41 milliards fin 2014. Le numéro deux européen du transport aérien, derrière la compagnie allemande Lufthansa, a également ajusté son objectif de ratio dette nette ajustée sur Ebitdar (excédent brut d'exploitation avant locations opérationnelles), désormais prévu autour de 2,5 en 2017 contre moins de 2,5 auparavant.

Dans ce contexte, le groupe réduit ses investissements de 300 millions d'euros en 2015 et d'autant en 2016, sur une enveloppe annuelle d'environ deux milliards prévue à l'origine, entraînant un report d'achats d'avions moyen et long-courriers. Le groupe a en outre accéléré son objectif de réduction de coûts unitaires pour la période 2015-2017 à 1,5% par an, contre 1-1,5% auparavant. Pour cette année, Air France-KLM prévoit une réduction de 1 à 1,3%, soit 250 à 350 millions d'euros d'économies.

Air France, qui a déjà supprimé 8.000 emplois en trois ans, a détaillé vendredi dernier un nouveau plan de réduction de 800 postes au sol et chez les hôtesses et stewards et des mesures de modération salariale.

Air France-KLM, dont l'Etat français détient 15,9% du capital d'Air France-KLM et ses salariés 6,8%, n'a versé aucun dividende à ses actionnaires depuis l'exercice 2007-2008.

Lire ici : redresser Air France-KLM, l'impossible équation?