Air France : Djebbari veut un accord équilibré avec Bruxelles pour valider la recapitalisation

Par latribune.fr  |   |  566  mots
(Crédits : POOL)
D'éventuelles contreparties imposées par Bruxelles pour un sauvetage d'Air France-KLM par le gouvernement français, comme une cession de créneaux aéroportuaires, ne sauraient "grever la compétitivité" du groupe ou le fragiliser, a estimé vendredi le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

Qu'Air France-KLM soit contraint de lâcher des créneaux horaires de décollage et d'atterrissage en contrepartie d'un aval par Bruxelles de la recapitalisation du groupe par le gouvernement français comme le demande la Commission européenne, il n'en est pas question, a déclaré vendredi, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste  Djebbari.

"Il est hors de question que le groupe Air France-KLM, du fait de la recapitalisation, se retrouve grevé en compétitivité et se fragilise du fait d'une négociation qui ne serait pas équilibrée", a-t-il affirmé, ajoutant que "l'objectif du gouvernement [était] d'arriver à un accord équilibré", a-t-il indiqué, alors que La Tribune a dévoilé mardi dernier que Bruxelles exigeait d'Air France et de KLM des cessions de créneaux à Orly et Amsterdam pour valider la recapitalisation

"Nous sommes en discussions avec la Commission européenne sur le cadre des aides et il faut que les choses soient équilibrées", a déclaré le ministre en marge d'un déplacement à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle consacré au dispositif sanitaire et de contrôle des frontières mis en place face à l'épidémie de Covid-19.

Touché de plein fouet par la crise sanitaire, Air France-KLM a déjà bénéficié d'aides publiques substantielles sous forme de prêts : 10,4 milliards d'euros, dont 7 de prêts directs ou garantis par l'État français, actionnaire à 14,3%, et 3,4 milliard de l'État néerlandais, actionnaire à 14%.

Aujourd'hui, la recapitalisation envisagée par l'Etat français vise à renforcer les capitaux propres et le bilan de la compagnie en convertissant la dette liée au prêt d'actionnaire de 3 milliards d'euros en obligations hybrides, lesquelles, dans le schéma choisi par le groupe, sont considérées comme des capitaux propres et non comme de la dette.

Un montage complexe

Cette conversion permettrait de renforcer les fonds propres d'Air France sans augmenter la participation de 14,3% que détient l'Etat dans le capital d'Air France-KLM. Le schéma est le même chez KLM, mais la conversion du prêt de l'Etat néerlandais porte sur un montant moindre d'un milliard d'euros. Là aussi, sans jouer sur le niveau de participation que détiennent les Pays-Bas dans le capital d'Air France-KLM (14%). Ces deux opérations doivent s'accompagner d'une augmentation de capital, dont les besoins sont estimés par certains analystes à moins de trois milliards d'euros. L'Etat français entend bien y participer, mais en se gardant bien de dépasser les 30%, pour éviter de devoir lancer une offre publique d'achat (OPA) sur le reste du capital, comme l'oblige la réglementation française quand ce seuil est franchi.

Pour la Commission européenne, "si les États membres avaient l'intention d'apporter une aide de recapitalisation d'un montant supérieur à 250 millions d'euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opérait, ils devaient proposer des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace".

La direction d'Air France-KLM a fait savoir qu'elle était tout à fait opposée à cette concession.

"Nous ne comprendrions pas que l'on nous impose des mesures drastiques, qui affaibliraient notre position à Paris", a déclaré Benjamin Smith, directeur général de l'entreprise franco-néerlandaise, dans un entretien à L'Express. "Nous veillerons à ce que les contreparties soient proportionnées", a-t-il ajouté.

Plusieurs syndicats français ont également dénoncé toute volonté éventuelle de rétrocéder les précieux créneaux.