Air France-KLM : les salariés de KLM menacent de faire grève pour sauver leur patron

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  600  mots
Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM et Pieter Elbers, président du directoire de KLM. (Crédits : DR)
Dans un courrier envoyé aux administrateurs d'Air France-KLM, plus d'une centaine de directeurs de KLM demandent le renouvellement de Pieter Elbers à son poste de président du directoire de KLM. Malgré ses excellents résultats, ce dernier est menacé. Une pétition signée par des milliers de salariés de KLM demande aussi le maintien du président hollandais. Et le gouvernement des Pays-Bas lui a également apporté son soutien.

Des salariés qui envoient une lettre aux administrateurs d'Air France-KLM pour les dissuader de prendre une décision contraire aux intérêts du groupe. Cela devient fréquent chez Air France-KLM. En août, il y avait eu celle d'un pilote d'Air France, ancien administrateur, qui implorait le conseil de ne pas confier les rênes du groupe à Ben Smith pour, au contraire, les donner au Français Thierry Antinori, un ancien d'Air France et de Lufthansa, à l'heure actuelle chez Emirates.

Menace de grève

Aujourd'hui, plus d'une centaine de dirigeants de KLM ont également pris la plume pour défendre leur patron, Pieter Elbers, l'homme qui conduit avec brio depuis cinq ans KLM, la compagnie qui génère l'essentiel des profits d'Air France-KLM alors qu'elle est deux fois plus petite qu'Air France. Dans un courrier dévoilé par Bloomberg et que La Tribune s'est procuré, ils font part de l'inquiétude qui règne chez KLM de voir leur leader menacé d'être mis sur la touche par Air France-KLM. Une décision contre laquelle une partie des personnels de KLM pourrait faire grève, menacent-ils. Le mandat de Pieter Elbers s'achève en avril. Selon le courrier, le conseil de surveillance de KLM aurait reconduit Pieter Elbers dans ses fonctions. Contacté, Air France-KLM n'a pas fait de commentaire.

 "Nous recevons des signaux forts de la part des employés indiquant qu'ils ne comprendraient pas une décision négative [le non-renouvellement de Pieter Elbers, Ndlr] dans cette affaire. La possibilité d'un départ inexplicable et contraint de notre PDG crée beaucoup de tensions au sein des effectifs. Une décision du conseil d'administration d'Air France qui serait contraire à celle du Conseil de surveillance de KLM, et qui conduirait au départ de leur PDG, conduirait certainement à des troubles sociaux et à des possibles actions syndicales", expliquent les directeurs de KLM dans leur courrier.

Décision la semaine prochaine?

Le groupe pourrait trancher la semaine prochaine lors d'une réunion du conseil d'administration d'Air France-KLM le 19 février. La lettre dénonce aussi la façon de Ben Smith de gérer le groupe qui ferait fi des processus de gouvernance du groupe pour diriger seul, en prenant, disent-ils, des décisions unilatérales.

Il y a deux raisons à cette brouille. La première est relationnelle. Les deux hommes ne s'entendent pas. La seconde relève de la stratégie. Ben Smith souhaite un groupe plus intégré, quand Pieter Elbers défend l'autonomie de KLM.

Le gouvernement hollandais soutient le renouvellement d'Elbers

Cette lettre envoyée aux administrateurs intervient après le lancement d'une pétition pour le maintien de Pieter Elbers à son poste, pétition qui a recueilli des milliers de signatures. Le gouvernement néerlandais a, lui aussi, pris position la semaine dernière en apportant ouvertement son soutien à Pieter Elbers.

"Pieter Elbers a fait du bon travail et je soutiens sa reconduction", a réaffirmé lundi le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, à son arrivée à l'Eurogroupe à Bruxelles.

En marge de ce cénacle informel des 19 ministres des Finances de la zone euro, Wopke Hoekstra devait s'entretenir avec son homologue français, Bruno Le Maire, au sujet du poste de Pieter Elbers. Ce dernier a déclaré qu'il ne donnerait pas de détails sur cet entretien.

Le ministre néerlandais a toutefois indiqué être fréquemment en contact avec son homologue français "au sujet d'Air France-KLM afin de garantir le respect des intérêts des deux pays et faire en sorte que la compagnie ait de meilleures performances".