Air France-KLM retrouve des couleurs en affichant de solides bénéfices

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  870  mots
(Crédits : Reuters)
Après un premier semestre pénalisé par les grèves à Air France, Air France-KLM a réalisé au troisième trimestre de son exercice 2018 un bénéfice d'exploitation de 1,065 milliard d'euros, largement supérieur aux attentes des analystes qui prévoyaient déjà de bons résultats.

Belle dynamique pour Air France-KLM. Dix jours après la signature d'un accord salarial à Air France, le groupe français reprend de belles couleurs sur le plan financier. Impacté au premier semestre par des grèves à Air France qui ont coûté 335 millions d'euros, Air France-KLM a réalisé des résultats très solides au troisième trimestre de son exercice 2018, certes inférieurs à ceux de ses concurrents, mais supérieurs aux prévisions des analystes qui s'attendaient déjà à une bonne performance. Comme IAG (maison-mère de British Airways, d'Iberia, Air Lingus, Vueling et Level), Air France-KLM profite de la demande pour contrer la hausse de sa facture pétrolière.

Près de 120 millions d'euros de plus que le consensus des analystes

Le groupe français a, en effet, publié ce mercredi 31 octobre un résultat d'exploitation de 1,065 milliard d'euros pour la période juillet-septembre, en retrait certes de 77 millions par rapport à la même période de l'année dernière (mais en hausse de 11% à change constant), mais largement au-dessus des prévisions des analystes, lesquels tablaient en moyenne sur un bénéfice d'exploitation de 943 millions d'euros. Sans surprise, le cours de Bourse bondissait ce mercredi matin de plus de 5% à la Bourse de Paris. Ces résultats sont légèrement inférieurs à ceux de IAG (1,106 milliard d'euros de bénéfice après impôt, en hausse de 12%) de Lufthansa (1,354 milliards, en baisse de 12%).

Dans un environnement très concurrentiel et malgré un effet défavorable du change qui impacte les comptes de 88 millions d'euros, Air France-KLM est parvenu à augmenter sa recette unitaire de 0,5% (et même de 2,4% à change constant), quand son rival Lufthansa a affiché une baisse de 1,3% pour conserver ses parts de marché. Combiné à une hausse du trafic de 2,3%, à 28,5 millions de passagers, le chiffre d'affaires a progressé de 4% (et même 5,8% à change constant), à 7,5 milliards d'euros. Les coûts unitaires ont baissé de 1% et, au final, Air France-KLM a pu compenser les effets négatifs de l'augmentation du prix du carburant et de devises.

« Air France-KLM a réalisé un résultat d'exploitation solide sur le trimestre d'été 2018, reflétant l'engagement de toutes ses équipes, sa puissance commerciale et l'attractivité de ses marques. L'accord salarial conclu chez Air France apporte de la stabilité et de nouvelles perspectives pour nos activités et nos salariés. Je suis convaincu que, dans les prochains mois, nous serons capables de nous appuyer sur les forces et atouts du groupe pour construire une stratégie ambitieuse et innovante, afin d'assurer le succès de nos compagnies et de repositionner Air France-KLM en leader de l'industrie », a déclaré dans un communiqué Ben Smith, le nouveau directeur général du groupe.

Comme c'est le cas depuis plusieurs années, KLM a généré la meilleure performance. Son résultat d'exploitation s'est élevé à 573 millions d'euros (-15 millions par rapport à l'an dernier) contre 493 pour Air France (-66 millions), qui a rencontré beaucoup de problèmes opérationnels cet été. La marge du transporteur batave s'élève à 18,4% (-1,5 point) contre 10,8% pour Air France (-1,9 point). À noter également, la bonne performance du pôle low-cost Transavia (France et Holland) qui a dégagé un bénéfice d'exploitation de 178 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 615 millions. Ce qui fait une marge opérationnelle de 29% !

Bonnes perspectives

Les perspectives sont bonnes également. Dans son communiqué, le groupe fait état d'un maintien de "l'environnement positif en matière de demande", et "prévoit une augmentation des revenus de l'activité Passage réseaux au quatrième trimestre 2018, avec des coefficients d'occupation long-courrier prévisionnels (jusqu'en février inclus supérieurs) à l'année dernière et une recette unitaire Passage stable à change constant".

Le groupe réaffirme son objectif de coût unitaire, compris cette année entre 0% et +1,0% à change constant, prix du carburant et charges de retraite constants, tout en ne prévoyant plus qu'une croissance de 2,0% à 2,5% de ses capacités (contre +2,5% à +3,5% auparavant) en raison de la hausse du prix du carburant et des incertitudes géopolitiques. L'accord salarial signé le 19 octobre ne renchérira ses coûts salariaux que de 51 millions d'euros en 2018, précisé Frédéric Gagey, le directeur financier d'Air France-KLM.

Autant de signaux positifs qui font que le groupe devrait afficher des résultats positifs au quatrième trimestre, qui lui permettront de réaliser un résultat d'exploitation annuel supérieur au 1,292 milliard d'euros enregistré au bout de neuf mois. Ce qui permettrait à Air France-KLM de se rapprocher des résultats observés l'an dernier (1,5 milliard d'euros), malgré les grèves à Air France et une facture carburant qui aura augmenté de 500 millions d'euros cette année, à 5 milliards en 2018 selon les prévisions de la direction.

Reste à espérer que le SNPL (le Syndicat national des pilotes de ligne) ne vienne pas gâcher cette spirale dynamique en lançant une nouvelle grève, comme a menacé de le faire son président si les négociations catégorielles sur les salaires des pilotes n'étaient pas avancées. Car Air France-KLM a besoin de se préparer pour l'année prochaine qui verra, selon ses prévisions, sa facture carburant bondir de 900 millions d'euros !