Air France : l'intersyndicale rejette le nouveau plan de la direction

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  621  mots
L'intersyndicale ont répondu par communiqué à la dernière proposition de la direction. Elle a dénoncé "un plan de décroissance dissimulé", et a dressé une longue liste de revendications sans évoquer les efforts de productivité demandés par la direction.

Pas sûr qu'Air France s'attendait à cela en présentant le 15 janvier dernier son plan de développement pour les années à venir accompagné d'une nouvelle méthode. Alors que la direction s'attendait à pouvoir débuter les négociations sur une hausse de la productivité pour soutenir une augmentation de 2 à 3% par an d'ici à 2020, les organisations professionnelles réunies en intersyndicale ont, au contraire, dénoncé dans un communiqué de presse "un plan de décroissance dissimulé par un ingénieux plan de communication".

Plan ambitieux pour la direction

Qualifié d'ambitieux par la direction, ce plan de croissance constitue pour l'intersyndicale un "plan de diminution de la flotte d'Air France similaire à celui programmé lors de l'annonce du plan".
"Nous constatons une baisse de cinq avions long courrier (5 %) en 2016 et un retour progressif en 2020 à la flotte long-courrier de 2014, le nombre d'avions total continuant lui, de diminuer... Cette "croissance négative" implique donc logiquement des suppressions d'emplois (1000 pour 2016) et n'écarte en aucun cas les menaces de licenciements », fait valoir l'intersyndicale dans un communiqué.

Délocalisation pour les syndicats

"Les seules voies de développement proposées passent de fait par un énième plan de délocalisation via KLM ou les filiales Transavia et la systématisation de la sous-traitance pour certains personnels affectés au sol ou à la maintenance", y-est-il ajouté.

Les revendications sont longues comme le bras.Les syndicats exigent en effet "une augmentation de la flotte tout entière, de nouveaux investissements, des garanties quant à la maintenance, l'assistance et l'exploitation de cette flotte par des salariés d'Air France, l'annulation des sorties de flotte annoncées pour les machines actuelles, l'arrivée des B787".

Ils demandent enfin "au gouvernement de faire sa part du travail en revoyant le mille-feuille de taxes et les surcoûts délirants imposés aux compagnies aériennes françaises qui poussent à la délocalisation des emplois".
Et d'ajouter : "l'intersyndicale est convaincue qu'Air France peut à sa mesure, contribuer à remédier au problème endémique du chômage en offrant des embauches durables, en proposant de la croissance, en investissant dans et pour son avenir, en France".

Menaces

Dans ce discours où les syndicats demandent des efforts à tout le monde, pas un mot sur d'éventuels efforts de productivité des personnels que demande la direction. Ni même une quelconque allusion à une ouverture de négociations. Or si tant est que le gouvernement donne un coup de pouce, il ne le fera que si les salariés acceptent aussi de faire des efforts.

Si Air France est contrainte de payer la taxe dite Chirac (aux alentours de 70 millions d'euros par an), la compagnie a néanmoins bénéficié du CICE et de la suppression de la taxe de l'aviation civile sur le trafic en correspondances qui génèrent près de 140 millions d'euros d'économies annuelles.


Pour finir, les syndicats se font même menaçants : "en l'absence de réaction rapide de nos dirigeants, l'intersyndicale sera amenée à proposer aux salariés une série d'actions dans un délai extrêmement court". Une sorte d'ultimatum qui ressemble un peu à ceux posés par la direction ces derniers mois que les syndicats dénonçaient.

Pas de licenciements jusqu'en juin 2018

Pendant ce temps, trois syndicats qui ne sont pas dans l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, UNSA), ont signé un accord écartant tout départ contraint pour motif économique parmi le personnel au sol jusqu'à l'été 2018, selon l'AFP.
L'accord triennal de gestion prévisionnelle des emplois et des métiers (ATGPEM) est ouvert à la signature jusqu'à mardi 17H00. Mais sa mise en œuvre est d'ores et déjà acquise après le feu vert accordé par les syndicats précités, majoritaires à eux trois.