Hôtesses et stewards, l'autre blocage d'Air France

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  599  mots
Deux des trois syndicats représentatifs des hôtesses et stewards refusent de négocier une révision de l'accord collectif qui court jusqu'à fin octobre 2016.

Le dialogue de sourds entre la direction et le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) sur la négociation de nouvelles mesures de productivité ne doit pas masquer un autre blocage dans la compagnie tout aussi compliqué : celui entre la direction et les syndicats d'hôtesses et de stewards (personnels navigants commerciaux, PNC). Deux des trois organisations professionnelles représentatives, le SNPNC et l'Unsa PNC, refusent de s'assoir autour de la table avec la direction pour revoir l'accord collectif définissant leur règles d'utilisation et de rémunération qui court jusqu'à octobre 2016.

Comme pour les pilotes, la direction souhaitait initialement finaliser les négociations avant fin septembre, sous peine, a-t-elle menacé, de lancer un plan drastique de réduction de voilure qui pourrait générer pour la première fois dans l'histoire d'Air France des licenciements secs.

"Pas d'urgence"

Impossible donc de signer dans les temps, puisque seul un syndicat, l'Unac, se rend aux réunions de négociations mais qu'il ne dispose pas, comme aucun des deux autres, des voix suffisantes pour signer un accord seul.

«Nous ne voyons pas d'urgence à négocier la révision d'un accord qui court jusqu'à fin octobre 2016 et qui va faire disparaître le métier de PNC. D'autant plus quand il n'y a pas de projet équilibré proposé par la direction et que l'entreprise se redresse », explique David Lanfranchi, président du SNPNC, en rappelant que les PNC avait déjà « apporté 220 millions d'euros d'économies à la compagnie lors du plan précédent ».

Ce dernier évoque plutôt un calendrier classique pour débuter la renégociation d'un tel accord, «entre six et neuf mois avant l'échéance», en gros "à partir de janvier 2016". L'urgence n'est donc pas partagée. Les écarts de coûts avec une moyenne européenne non plus. Selon la direction il s'élève à 40% et à 20% pour les pilotes.

Double-peine

«Comment ces syndicats peuvent-ils penser pouvoir obtenir plus en bloquant la négociation qu'en négociant ?, explique un observateur, proche de la direction.« A ne pas négocier, les PNC prennent le risque de se voir imposer de manière unilatérale par la direction ses conditions de travail et de rémunération à partir du 1er novembre 2016. Ce sera la double-peine, des licenciements secs et des conditions imposées par la direction », poursuit-il.

L'Unac est quant à lui prêt à négocier aujourd'hui un nouvel accord « à condition qu'il ne soit pas mis en place avant le 1er novembre 2016 », explique sa présidente Flore Arrighi.

Blocage des pilotes

Selon une source syndicale, favorable aux positions affichées par le SNPNC et l'Unsa, le blocage au niveau des PNC s'explique par le bras de fer que mènent depuis des mois la direction et les pilotes.

«Cela bloque l'ensemble de l'entreprise. Il ne conduit pas les PNC à négocier. Que se passerait-il si les PNC négociaient un nouvel accord mais pas les pilotes?», fait-elle valoir.

"C'est pour cela que la négociation avec les pilotes est primordiale", juge un analyste, car elle permettra de "débloquer" la situation avec les PNC. Vendredi, le SNPL et la direction se sont retrouvées autour de la table pour entamer la première séance de négociations du plan Perform. Les pilotes ne sont pas très enthousiastes.

"Le projet industriel peine à percer. La direction a présenté deux plans, l'un avec 300 pilotes en moins d'ici à 2017, à 3.400 pilotes, l'autre, avec... 300 pilotes en moins également. Il n'y a pas de projet de croissance. Nous restons sur notre faim", explique à La Tribune le porte-parole du SNPL, Emmanuel Mistrali.