Air France : les syndicats de pilotes appellent à la grève juste avant l'arrivée du nouveau PDG

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  809  mots
Tous les syndicats de pilotes de la compagnie ont déposé un nouveau préavis de grève du 24 au 27 juin. La direction dénonce une "attitude irresponsable et désinvolte". Le nouveau PDG d'Air France-KLM, Jean-Janaillac, prendra ses fonctions le 6 juillet.

Les syndicats de pilote d'Air France continuent leur mouvement de grève Trois jours après la fin d'une grève de 4 jours du 11 au 14 juin qui a coûté 40 millions d'euros à la compagnie, tous les syndicats des pilotes de la compagnie, le SNPL, le SPAF et ALTER, ont déposé ce vendredi un nouveau préavis du 24 au 27 juin prochain.

Les revendications sont les mêmes. Elles se chiffrent en milliards d'euros, même si les syndicats jurent que le coût est "nul". Le retour à l'équilibre de production avec KLM de 2006 se traduirait par l'entrée dans la flotte d'Air France de....27 gros-porteurs. Une facture de 4 milliards d'euros à déjà indiqué la direction. Les syndicats demandent également un rattrapage de rémunération, la défense du périmètre Air France vis-à-vis des co-entreprises, l'évolution des conditions et du développement de la low-cost Transavia et l'amélioration des conditions de travail et de l'implication des pilotes dans les sujets métiers.

"Attitude irresponsable et désinvolte" pour la direction

Dans un communiqué diffusé vendredi soir, Air France "déplore le nouveau préavis de grève en dépit d'une nouvelle réunion de discussion organisée vendredi à l'initiative de la direction".

"La direction du SNPL exige une nouvelle fois des engagements immédiats portant sur le développement de la flotte et le plan d'investissement du groupe Air France-KLM à moyen terme. A quelques jours de l'arrivée du nouveau président d'Air France-KLM (Jean-Marc Janaillac prendra ses fonctions le 4 juillet, ndlr),  la direction d'Air France n'a d'autre choix que de considérer à nouveau que de tels enjeux stratégiques ne peuvent se décider sous ultimatum. Par ailleurs, le SNPL maintient toutes ses exigences, y compris l'augmentation de rémunération en décalage avec les autres catégories de personnel, ainsi que la mise en place d'un système de co-décision n'existant nulle part au monde et incompatible avec la gestion responsable d'une entreprise (...). Ces exigences constituent un contre exemple de la façon dont doit s'organiser un dialogue sérieux.  Elles vont à l'encontre des objectifs mis en avant par les syndicats des pilotes eux-mêmes, à savoir la croissance. Celle-ci ne se décrète pas, elle se construit dans le cadre d'un dialogue équilibré. Air France dénonce une attitude irresponsable et désinvolte de la direction du SNPL vis-à-vis des salariés Air France de toutes catégories, qui se mobilisent chaque jour au service des clients et du redressement de l'entreprise."

Que feront les pilotes?

Les pilotes suivront-ils ce mouvement? Le premier conflit a fait l'objet d'une guerre des chiffres entre la direction et le SNPL Air France. Pour la direction qui a fait valider les siens par un huissier, le taux de grévistes n'a pas dépassé 27% durant les 4 jours quand le bureau du SNPL parle de 80%. La compagnie a assuré 80% de ses vols en ayant peu affrété.

Surtout, au-delà de cette querelle, c'est plutôt les chances d'obtenir gain de cause qui pourrait faire réfléchir les pilotes. Les quatre premiers jours de grève n'ont rien donné. Et il semble difficile d'imaginer qu'il en soit différemment pour la deuxième grève. En effet, on voit mal Frédéric Gagey, le PDG d'Air France s'engager à sur le dossier des équilibres de production entre Air France et KLM après avoir répété que ce dossier, aussi légitime soit-il, devait se traiter, avec non seulement le nouveau PDG d'Air France-KLM mais aussi avec la direction de KLM et le syndicat des pilotes hollandais. Un argument que ne veut pas entendre le bureau du SNPL Air France. Pour lui, «la direction se cache derrière une soi-disant absence de gouvernance à la holding».

Les autres revendications ont également peu de chance d'être entendues. La direction a déjà refusé la revalorisation salariale demandée par les syndicats (+11,33% sur trois ans pour le SPAF tandis que le SNPL ne l'a pas chiffrée), mais avait proposé de faire passer la majoration des heures de nuit (qui est passée de 50 à 40% le 1er juin), à 45%.

"Collectif anti-jaunes"

Si cet appel à la grève va accentuer les dissensions entre le SNPL et le VNV (le syndicat des pilotes hollandais) elles le sont également entre les pilotes d'Air France. Des pilotes ont créé un « collectif anti jaunes Air France en s'engageant par e-mail auprès des pilotes à donner la listes de tous les non-grévistes lors de la grève de 2014 et à fournir celle de 2016 « une fois que celle-ci sera finalisée ». En échange, le collectif demande aux pilotes grévistes de refuser systématiquement "les jumpseat aux jaunes de ne plus surclasser les jaunes et d'envoyer les déclarations de jaunes à une adresse e-mail en n'utilisant pas son e-mail Air France".