Boeing de Ryanair détourné : Air France suspend le survol de la Biélorussie

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  548  mots
(Crédits : Regis Duvignau)
Air France a suspendu le survol de la Biélorussie à la suite de la recommandation de l'Union européenne qui a fermé son espace aérien à la Biélorussie accusée d'avoir dérouté un avion de Ryanair pour arrêter un opposant.

 Après SAS, Air Baltic, KLM et bien d'autres encore, Air France suspend à son tour "jusqu'à nouvel ordre" le survol de l'espace aérien biélorusse. La compagnie française suit ainsi la recommandation de l'Union européenne qui a adopté lundi soir de nouvelles sanctions contre le régime d'Alexandre Loukachenko, accusé d'avoir dérouté (détourné pour certains) un avion de Ryanair dimanche vers la capitale de la Biélorussie, Minsk,  pour arrêter Roman Protassevitch, un dissident, dont ils ont exigé la libération immédiate.

"Air France a pris connaissance des conclusions du Conseil européen et suspend en conséquence jusqu'à nouvel ordre le survol de l'espace aérien biélorusse par ses appareils. Les avions déjà en route verront leur plan de vol modifié", a annoncé la compagnie aérienne dans un communiqué dans la nuit de lundi à mardi. Ce mardi matin, c'est la compagnie aérienne Singapore Airlines qui a annoncé à son tour modifier la trajectoire de ses vols pour éviter la Biélorussie.

Fermeture de l'espace aérien européen à la Biélorussie

Condamnant avec force le déroutement du Boeing 737 de Ryanair qui "porte atteinte à la sécurité aérienne", les dirigeants de l'UE ont décidé de fermer leur espace aérien à la Biélorussie et d'adopter un nouveau train de sanctions contre ce pays d'Europe de l'Est. Selon Eurocontrol, près de 2.000 vols commerciaux empruntent chaque semaine l'espace aérien biélorusse.

L'action de Minsk a été qualifiée d'acte de "terrorisme d'Etat" par plusieurs capitales. Washington a dénoncé "un détournement forcé". Pour rappel, en exil en Lituanie, Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef de 26 ans de l'influent média d'opposition Nexta, et sa compagne Sofia Sapéga se trouvaient à bord du vol Ryanair reliant Athènes à Vilnius dérouté dimanche sur Minsk après une alerte à la bombe qui s'est révélée mensongère, selon la Biélorussie. Ils ont été arrêtés à l'aéroport et Roman Protassevitch est désormais détenu à Minsk et risque la peine de mort. Le patron de Ryanair, Michael O'Leary, a déploré un acte de "piraterie" et affirmé que des agents des services de sécurité bélarusses, le KGB, ont pu se trouver à bord du Boeing dérouté.

 Alors que la Biélorussie a évoqué une menace de l'organisation palestinienne Hamas, les explications du régime d'Alexandre Loukachenko "ne sont absolument pas crédibles", pour la chancelière allemande Angela Merkel.

Violation de la convention de Chicago

L'Otan, qui veut, comme l'UE, une "enquête internationale", va réunir mardi ses ambassadeurs pour discuter de la situation. Dépendante des Nations unies, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), qui définit les règles du transport aérien mondial a convoqué une réunion d'urgence pour jeudi matin. L'atterrissage forcé "pourrait être une violation de la Convention de Chicago", qui protège la souveraineté de l'espace aérien des nations, a-t-elle estimé.

Minsk assure de son côté avoir agi dans la légalité en interceptant ce vol commercial après avoir reçu une menace de l'organisation palestinienne Hamas. Le régime biélorusse a précisé avoir informé l'OACI et dit être disposé à coopérer à une enquête impartiale.