Catastrophe de Bretigny : la maintenance à nouveau mise en cause par une expertise

Par latribune.fr  |   |  446  mots
"En clair, des constatations ont été faites régulièrement, mais elles portaient sur un autre bout de rail", explique une source proche du dossier.
La SNCF a indiqué à l'AFP qu'elle "ne dispose pas à cette heure de la réponse complète des experts" et pourra faire part de ses observations d'ici fin février. Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires.

"Une surveillance efficace aurait sans doute permis" d'éviter la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), qui avait fait sept morts en juillet 2013. Telle est la conclusion d'un rapport d'expertise complémentaire remis aux juges et consulté jeudi par l'AFP, confirmant une information du Parisien.

Survenu le 12 juillet 2013, ce déraillement avait également causé des dizaines de blessés, à cause d'une éclisse. Une fissure sur cette sorte de grosse agrafe sur l'aiguillage n'avait pas été détectée lors des tournées de surveillance et trois de ses quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés. L'éclisse avait alors pivoté, provoquant l'accident.

Un rapport complémentaire

Ce rapport complémentaire, réclamé en février 2015 par la SNCF, vient compléter les éléments déjà rendus publics en juillet 2014 par une première expertise. Il dresse le même bilan que le rapport de septembre 2015 du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), indépendant de l'enquête: un défaut de maintenance est bien à l'origine de l'accident.

Le bout de voie ferrée incriminé dans l'accident, un aiguillage de pièces complexes permettant la jonction ou la traversée de voies, "n'a pas fait l'objet de mesures de surveillance et de remise en l'état adaptées", écrivent dans leur rapport les deux ingénieurs en charge de l'expertise. Ils ajoutent:

"Une surveillance efficace aurait sans doute permis de détecter la non-conformité de cet assemblage crucial pour la sécurité des circulations: absence de boulon n°3 depuis plusieurs mois sans remplacement, desserrage et rupture récurrents des boulons, fissuration de l'about (une des pièces de l'assemblage, NDLR) de cœur de traversée depuis 2008".

Pas de suivi adéquat

Concernant en particulier la fissure de cet about, ils constatent qu'il n'a pas "fait l'objet d'un suivi adéquat, entre autres du fait d'une confusion des agents de la SNCF, incompréhensible". "En clair, des constatations ont été faites régulièrement, mais elles portaient sur un autre bout de rail", explique une source proche du dossier.

La SNCF a indiqué à l'AFP qu'elle "ne dispose pas à cette heure de la réponse complète des experts" et pourra faire part de ses observations d'ici fin février.

Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.

 (Avec AFP)