Catastrophe de Brétigny : un dossier d'instruction accablant pour la SNCF

Par latribune.fr  |   |  384  mots
D'après une écoute téléphonique autorisée dans le cadre de l'enquête judiciaire, une juriste de la SNCF a recommandé à un agent sur le point de témoigner devant les enquêteurs de "ne rien apporter".
Dans le dossier d'instruction consacré à l'accident ferroviaire survenu en juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge, il est dit que le groupe ferroviaire aurait traîné des pieds pour remettre certaines pièces demandées.

La SNCF se serait montrée zélée pour fournir de nombreux documents inintéressants aux enquêteurs sur l'accident ferroviaire de Brétigny, selon le dossier d'instruction consulté par Le Figaro. La compagnie de transports a fait de la rétention d'informations, évitant de communiquer aux enquêteurs des pièces cruciales pour établir la vérité autour de l'accident, notamment les rapports des brigades chargées de l'inspection des voies, explique le journal.

Ces documents représentent "une mine d'or" d'informations, et ce sont les cadres du service juridique de l'entreprise qui le disent, précise le quotidien, qui relate plusieurs exemples marquants ayant ralenti le bon déroulement de l'enquête.

  • D'après une écoute téléphonique autorisée dans le cadre de l'enquête judiciaire, une juriste de la SNCF a recommandé à un agent sur le point de témoigner devant les enquêteurs de "ne rien apporter". "Il ne faut pas être pro-actif avec eux, il faut véritablement attendre leurs demandes", aurait-t-elle déclaré.
  • Autre exemple : un dirigeant de proximité (DPX) en charge du secteur de Brétigny a affirmé que son ordinateur professionnel avait été volé. Mais l'ordinateur est retrouvé par les policiers dans un local d'une dizaine de mètres carrés, à quelques centaines de mètres au sud de la gare de Brétigny. Et ce n'est pas tout: l'appareil avait été expurgé d'une partie de son contenu.

La SNCF aurait voulu "manipuler l'enquête"

Ces révélations vont de pair avec celles de l'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné, qui assure avoir eu accès à de "nombreuses pièces de l'enquête". Selon le journal, la SNCF aurait voulu "manipuler l'enquête" en briefant ses employés avant leur audition par la justice.

Pour rappel, le déraillement à Brétigny-sur-Orge du train Paris-Limoges, survenu le 12 juillet 2013, a fait sept morts et des dizaines de blessés, en raison d'une éclisse -sorte de grosse agrafe sur l'aiguillage-, dont une fissure n'avait pas été détectée lors des tournées de surveillance et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés. L'éclisse avait alors pivoté, provoquant l'accident. L'ensemble des rapports d'expertise arrivent à la conclusion qu'un défaut de maintenance sur les voies est à l'origine de l'accident.