Ce qui gênait l'Etat pour vendre sa participation dans Air France-KLM à AccorHotels

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  473  mots
(Crédits : Christian Hartmann)
Outre sa volonté de trouver au préalable un nouveau patron à Air France-KLM, l'Etat était réticent à vendre sa participation dans le cadre d'un accord de gré à gré alors que le cours de Bourse du groupe aérien est au plus bas. D'autant plus que les synergies industrielles avec Accor ne lui apparaissaient pas évidentes pour le groupe aérien. L'immobilisme de l'Etat lié à l'affaire Benalla n'a pas arrangé les choses.

AccorHotels a renoncé fin juillet à son projet de racheter la participation que détient l'État dans Air France-KLM (14,3%) au motif, a-t-on dit à La Tribune dans le camp du groupe hôtelier, que l'État, ne lui avait pas montré, avant la publication de ses résultats semestriels le 26 juillet, sa volonté de réaliser cette opération pour laquelle il avait pourtant manifesté en coulisse son intérêt de principe, dès lors qu'elle s'articulait autour d'un projet industriel.

Toujours dans le camp d'Accor, l'immobilisme de l'État s'expliquait en partie par l'affaire Benalla, mais aussi par la différence de calendrier entre le groupe hôtelier et l'État, puisque ce dernier a toujours indiqué souhaiter qu'Air France-KLM trouve un nouveau patron avant de se pencher sur la cession de sa participation dans le groupe aérien. La nomination d'un nouveau patron pour Air France-KLM pour remplacer Jean-Marc Janaillac, démissionnaire le 15 mai à la suite de son référendum perdu sur la question salariale, n'est pas attendue avant fin août.

Prix trop bas de l'action Air France-KLM

Pour autant, du côté du gouvernement, il y a d'autres raisons. Selon nos informations, le ministère des Finances n'était pas très chaud pour mener une opération de gré à gré avec une capitalisation boursière d'Air France-KLM aussi basse (à peine plus de 3 milliards d'euros en juillet) et craignait de se voir reprocher de brader sa participation dans le capital de l'une des entreprises les plus emblématiques du pays. Avant la légère hausse du cours de l'action d'Air France-KLM enregistrée depuis la publication des résultats semestriels du groupe ce 1er août, l'action se situait autour de 7,30 euros en juillet, valorisant la participation de l'Etat à environ 450 millions d'euros seulement.

En outre, l'Agence des Participations de l'Etat (APE) avait du mal à évaluer les synergies industrielles entre Air France-KLM et Accor. Les premières conclusions rejoignaient celles de la direction d'Air France et d'un grand nombre d'observateurs affirmant que les avantages étaient plus évidents pour Accor que pour Air France-KLM.

L'Etat veut céder sa participation

L'échec d'un accord avec le groupe hôtelier français n'enlève rien au fait que l'État veuille vendre sa participation. C'est pour cela qu'il a engagé une banque-conseil (Nomura) et un cabinet d'avocats d'affaire (BDGS).

Mais, en l'absence de mesures structurelles pour améliorer la compétitivité du groupe, le cours de l'action ne risque pas de s'améliorer de manière significative de sitôt. Or, si une meilleure compétitivité d'Air France-KLM passe principalement par des mesures internes au groupe en général et à Air France en particulier, l'État a les moyens d'apporter sa pierre dans ce domaine en abaissant les charges qui pèsent sur le transport aérien français.