"Chemise arrachée" : les condamnations de 4 ex-salariés d'Air France confirmées en appel

Par latribune.fr  |   |  642  mots
Pour protester contre un plan de restructuration menaçant près de 3.000 emplois, à l'appel de l'intersyndicale, une foule de salariés en colère avait envahi le siège d'Air France à Roissy. Ce 5 octobre 2015, deux cadres de l'entreprise avaient alors été pris à partie, ainsi que des vigiles assurant leur protection. (Crédits : © Regis Duvignau / Reuters)
Les images du DRH du groupe prenant la fuite, chemise arrachée par des manifestants, avaient eu un retentissement mondial. Les avocats d'Air France ont exprimé leur "satisfaction" de voir sanctionnées une nouvelle fois par la justice des "violences inacceptables" quand l'avocate des prévenus fustigeait dans cet arrêt une "décision politique".

Dans cette affaire de la "chemise arrachée" du DRH d'Air France qui remonte au 5 octobre 2015, la Cour d'appel de Paris a confirmé ce mercredi 23 mai 2018 les condamnations de quatre ex-salariés d'Air France, dont l'un avait été relaxé en première instance, à des peines de 3 à 4 mois de prison avec sursis pour violences.

Huit autres prévenus, qui étaient poursuivis pour des dégradations commises ce même jour d'octobre 2015, ont également vu confirmées leur peine d'amende de 500 euros.

Pour mémoire, ce 5 octobre 2015, à l'appel de l'intersyndicale, une foule de salariés en colère avait envahi le siège d'Air France à Roissy pour protester contre un plan de restructuration menaçant près de 3.000 emplois. Deux cadres de l'entreprise avaient alors été pris à partie, ainsi que des vigiles assurant leur protection. Les images du DRH du groupe prenant la fuite, chemise arrachée par des manifestants, avaient eu un retentissement mondial.

Les avocats d'Air France satisfaits

Pour trois des quatre prévenus pour violences, tous affiliés à la CGT, la Cour d'appel a confirmé les peines de 3 à 4 mois avec sursis infligées par le tribunal correctionnel de Bobigny en novembre 2016.

Le quatrième, relaxé en première instance et qui était rejugé à la demande du parquet, a cette fois été condamné et a écopé d'une peine de trois mois de prison avec sursis.

A l'issue de l'audience, les avocats d'Air France ont exprimé leur "satisfaction" de voir sanctionnées une nouvelle fois par la justice des "violences inacceptables".

"La vérité n'a intéressé la Cour à aucun moment", a regretté en revanche l'avocate des prévenus, Me Lilia Mhissen, voyant dans cet arrêt "une décision politique".

Lors du procès en appel mi-mars, trois à cinq mois de prison avaient été requis contre les quatre anciens employés de la compagnie, qui est empêtrée depuis février dans un conflit social marqué par 15 jours de grève cumulés et la démission début mai du Pdg d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac.

M. Janaillac a quitté la tête du groupe franco-néerlandais après le rejet, par une majorité du personnel d'Air France, d'un projet d'accord salarial mis sur la table pour sortir d'une grève démarrée le 22 février. L'intersyndicale réclame une augmentation générale de 5,1% dès cette année.

Anne-Marie Couderc propose de voir les syndicats "dans les jours qui viennent"

Dans ce contexte, la présidente par intérim d'Air France-KLM, Anne-Marie Couderc, a proposé de recevoir "dans les jours qui viennent" les représentants de l'intersyndicale qui a mené un long conflit sur les salaires, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

Dix syndicats de tous métiers, à l'origine de 15 journées de grève entre fin février et début mai, avaient fait cette demande le 18 mai dans une lettre ouverte, réclamant "des mots et des actes susceptibles de purger le malaise profond qui perdure".

Dans une lettre du 22 mai, consultée mercredi par l'AFP, Anne-Marie Couderc écrit ceci aux syndicats représentatifs et non représentatifs d'Air France:

"Outre la mission qui m'a été confiée de proposer dans les meilleurs délais au conseil d'administration une gouvernance définitive pour le groupe, je souhaite comme vous qu'Air France retrouve au plus vite une dynamique constructive dans l'intérêt de ses salariés mais aussi de ses clients."

La présidente non-exécutive d'Air France-KLM, nommée après la démission de Jean-Marc Janaillac suggère également :

"Je vous propose donc de rencontrer dans les jours qui viennent chacune de vos organisations représentatives pour une rencontre bilatérale, ce qui me paraît le plus approprié."

Sollicitée par l'AFP, la direction de la compagnie aérienne a "confirmé" que "ces rencontres seront organisées dans les jours à venir".

(Avec AFP)