Clap de fin pour Autolib' : plus dure sera la suite !

Par latribune.fr  |   |  617  mots
(Crédits : Benoit Tessier)
Lourdement déficitaire, le service parisien de voitures électriques partagées dont le contrat a été résilié le 21 juin, prendra fin ce soir à 23h59. Demain, d'autres questions se posent : qui va reprendre ce service d'autopartage, que vont devenir les salariés, va-t-on vers une solution à l'amiable sur le contentieux entre Bolloré et Hidalgo...

Bolloré chiffre à 250 millions d'euros la somme à recouvrer auprès du syndicat mixte réunissant les communes utilisatrices d'Autolib', après la résiliation du contrat de service d'autopartage, estime Marie Bolloré la directrice de la mobilité du groupe.

"Nous sommes en train de faire le calcul du montant que nous allons demander en septembre au syndicat mixte Autolib' Vélib', avec lequel nous étions sous contrat", a affirmé Marie Bolloré dans un entretien donné au Journal du dimanche (JDD).

"Il prendra en compte les pertes que nous avons accumulées et les coûts de résiliation. Fin 2017, ces pertes représentaient 210 millions d'euros. Nous allons prendre 60 millions à notre charge", poursuit-elle.

"Il nous restera donc à recouvrer 150 millions d'euros, auxquels vont s'additionner tous les contrats que l'on arrête, les coûts de départ des collaborateurs, les valeurs nettes comptables de biens, comme les bornes de charge. Cela se chiffre à environ 250 millions", calcule-t-elle.

Qui prendra la suite ?

Le syndicat mixte Autolib' Vélib' - qui réunit 103 communes dont Paris, majoritaire en son sein -, et le groupe Bolloré se renvoyaient depuis des semaines la responsabilité du déficit, estimé par Bolloré à un total de 293,6 millions et dont il accepte de ne prendre en charge que 60 millions. Le syndicat s'est refusé à acquitter une "facture démesurée".

Lancé en fanfare en 2011 sous Bertrand Delanoë, le dispositif fort de 150.000 abonnés a dû faire face à un changement des façons de se déplacer, avec le vélo électrique, le VTC et la location de véhicules privés. Sans compter son image dégradée et ses voitures souvent sales.

Le service devait pourtant au départ dégager un bénéfice d'au moins 56 millions d'euros par an, mais Bolloré avait rapidement annoncé un léger, puis un lourd déficit, déclenchant un audit et une procédure de conciliation rompue fin mai.

Les candidats se bousculent désormais pour occuper l'espace bientôt laissé libre par Autolib': Renault, via sa filiale Marcel, proposera une offre de VTC électriques, ainsi qu'une offre d'autopartage, sans stations. De son côté le groupe PSA veut lancer son service d'autopartage à Paris fin 2018, tandis que le loueur Ada et la société de location entre particuliers Drivy préparent eux aussi des offres.

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Les salariés dans l'attente du plan social

Pour prendre de l'avance, "un vote anticipé" de la délégation unique du personnel (DUP) fin juillet a autorisé la direction à ouvrir "la cellule de reclassement", a-t-il expliqué. "Dans les prochains jours" devraient ainsi se tenir "des réunions collectives" d'information avec les ressources humaines et un cabinet de consultants.

Certains salariés réclament par ailleurs d'être repris par les futurs acteurs du marché, notamment Renault. Ils s'appuient pour ça sur un article du contrat de délégation de service public, selon lequel "en cas de poursuite de l'exploitation du service public Autolib' (...) la continuité des contrats de travail en cours sera assurée".

Mais il ne s'agit pas d'"un simple transfert vers un nouvel opérateur, c'est purement et simplement l'arrêt du service", se désole le syndicaliste, estimant toutefois qu'il existe "peut-être un moyen juridique de montrer (...) qu'il y a quand même une continuité d'engagement moral" de la mairie de Paris.

L'arrêt d'Autolib' aura également un impact sur la société Bluecarsharing, en charge pour le groupe Bolloré des relations client des services d'autopartage à Paris, Lyon, Bordeaux, mais aussi en Italie, en Angleterre et aux États-Unis. Autolib' représentant "environ 60%" de l'activité, une proportion similaire des 180 salariés devrait être touchée par un PSE jumeau, selon un délégué syndical.

(avec agences)