Comment SNCF Intercités veut prendre des parts de marché à Blablacar

Par Mounia Van de Casteele  |   |  702  mots
Dans la perspective des prochaines vacances estivales, la SNCF entend mieux faire connaître ces trains "pas suffisamment identifiés" avec une campagne d'affichage empreinte d'un ton humoristique qui se veut "léger", et qui démarrera le 13 juin.
Face à la concurrence du covoiturage et des autocars dits "Macron", SNCF Intercités mise sur une offre compétitive "porte-à-porte" et "sur-mesure", permettant de valoriser le temps passé à bord afin d'améliorer le taux d'occupation de ses trains régionaux.

Les chiffres sont prometteurs. L'activité des trains Intercités, en concurrence avec le transport automobile et par autocar, affiche une hausse du trafic et du chiffre d'affaires depuis le début de l'année, ont indiqué jeudi des responsables de la SNCF au cours d'une conférence de presse. Dans le détail, le chiffre d'affaires de ce réseau de lignes express inter-régionales chroniquement déficitaires, "a augmenté de 2,2% depuis le début 2017" par rapport à fin mai 2016, a indiqué le directeur général de SNCF Intercités Jean Ghedira.

Hausse du taux d'occupation

Sur cette même période, le nombre de voyageurs sur les 30 lignes Intercités a progressé de 4,1% tandis que le taux d'occupation a gagné "6 points à 56% comparé à il y a deux ans", a-t-il ajouté. De quoi donner le sourire au transporteur public qui lutte contre la concurrence de l'automobile individuelle et partagée (covoiturage), ainsi que celle des cars dits "Macron", dont le taux d'occupation moyen serait en baisse, à 36% selon les dernières données de l'Arafer, le régulateur du rail et de la route. Le leader du marché, l'autocariste allemand Flixbus, revendique cependant un taux d'occupation moyen de 65%.

Quoi qu'il en soit, pour Intercités, cette courbe positive constitue une "première depuis 2012-2013", a souligné la directrice du marketing des Intercités, Caroline Chabrol, s'attendant à une activité "à l'équilibre" fin 2017. Et ce revirement de tendance, combiné à une "maîtrise des charges" permet de suivre l'objectif d'"avoir réduit le besoin de la contribution publique en 2020", date jusqu'à laquelle court la convention d'exploitation signée avec l'Etat, ont indiqué ces responsables. A l'horizon 2020, sur les 30 lignes que constituent le réseau Intercités, neuf resteront gérées directement par l'Etat, les autres le seront par les régions.

Des petits prix comparables à ceux du covoiturage

Concernant les prix, Jean Ghedira a relevé que les jeunes avaient une image du mode ferré comme étant "cher". Or, "aujourd'hui, trois clients sur quatre payent un tarif réduit", assure-t-il. "On est ultra-compétitif en termes de prix et de sécurité". Avant de poursuivre :

"Il y a des trains 100% "prem's", des "happy hours" avec 50% de réduction sur des trains réservés entre J-5 et J-1, voire le jour du départ. Le taux d'induction (la clientèle captée, ndlr) est de 40%, et ce sont des gens pris sur le covoiturage".

Du "sur-mesure" et du "porte-à-porte"

Alors, dans la perspective des prochaines vacances estivales, la SNCF entend mieux faire connaître ces trains "pas suffisamment identifiés" avec une campagne d'affichage empreinte d'un ton humoristique qui se veut "léger", et qui démarrera le 13 juin et des offres touristiques complètes, dont six "littorales" (Baie de Somme, Normandie etc...) et six "patrimoniales" (Châteaux de la Loire, Vulcania, le Centre national des costumes de scène...). Après Paris-Etretat, une nouvelle offre dite "porte-à-porte" vers la Normandie sera lancée le 20 juin entre la capitale et Honfleur pour "montrer qu'un aller-retour est possible en une journée", a annoncé Caroline Chabrol.

Des trains Intercités vont également mettre l'accent sur l'animation commerciale avec notamment des conférenciers à bord ou des applications qui dévoileront les secrets des sites touristiques de la destination desservie et divers jeux destinés aux familles. Jean Ghedira a notamment évoqué la possibilité de proposer la mise à disposition d'un guide à bord détaillant l'histoire du Mont-Saint-Michel, pour que les voyageurs, soient fin prêts pour la visite en descendant du train.

Toute cette stratégie de petits prix, d'animations commerciales et de valorisation du temps passé à bord, a pour but de "coller aux attentes des clients professionnels et des touristes", afin de "redonner aux gens le goût du train", a précisé Jean Ghedira. Avec l'objectif de prendre des parts de marché au covoiturage, et au leader du secteur : la licorne (startup non cotée en Bourse valorisée plus d'un milliard) française de Frédéric Mazzella, Blablacar. Car "c'est peut-être très tendance le covoiturage et Blablacar, mais ça peut l'être tout autant de prendre des Intercités", grâce aux bons plans proposés, a ainsi conclu Caroline Chabrol.