Décret Trump : sera-t-il plus compliqué de voyager aux États-Unis ?

Par latribune.fr  |   |  565  mots
Les Etats-Unis justifient leur décret anti-immigration par la nécessité, disent-ils, de renforcer ses mesures de contrôle et de sûreté. Vu le niveau actuel, il sera difficile d'aller bien au-delà.

Sera-t-il encore plus compliqué demain de se rendre aux États-Unis quand expirera dans trois mois le décret interdisant l'entrée sur le sol américain pour les ressortissants de Libye, de Somalie, du Soudan, et de quatre pays du Moyen-Orient (Irak, Iran, Syrie, Yémen), ainsi que l'accueil de tous les réfugiés pendant 120 jours?  La question peut se poser dans la mesure où l'administration américaine justifie son décret anti-immigration pour la nécessité, dit-elle, de mettre en place de nouvelles mesures de sûreté.

Des contrôles déjà très poussés

Pour autant, les contrôles américains à l'immigration étant parmi les plus drastiques de la planète, les renforcer semblent aujourd'hui difficiles. Washington demande par exemple aux compagnies aériennes les listes des passagers en amont de chaque vol à destination des États-Unis. Les demandes de visa sont, quant à elles, déjà passées au peigne fin, et,  dans les pays où les visas ne sont pas nécessaires, les passagers doivent remplir une autorisation de voyage ESTA valable 2 ans, elle aussi très complète. Autre exemple,, à l'arrivée les contrôles biométriques sont effectués lors du passage de l'immigration.

«À part demander des informations supplémentaires au titre migratoire, je ne vois pas ce que peuvent demander de plus les États-Unis», explique un expert du secteur aéroportuaire.

Sur le plan de sûreté cette fois, les États-Unis peuvent exiger comme ils le font déjà (la France aussi) un renforcement des mesures de sûreté dans certains aéroports étrangers ou chez certaines compagnies étrangères, dans lesquels Washington a des doutes.

Les compagnies aériennes américaines plongent en Bourse

Ce décret a fait plonger les cours de Bourse des compagnies aériennes américaines. Une heure après l'ouverture de la Bourse de New York, American perdait 5,75%, United Continental 4,99% et Delta (frappée par ailleurs par une panne informatique) 3,4%, des reculs parmi les plus forts de l'indice Standard & Poor's des valeurs industrielles, alors en repli de 1,23%.

La crainte, c'est que cette interdiction de voyager s'étende à d'autres pays ou qu'il y ait des restrictions plus sévères sur les voyages vers les États-Unis", ou encore que certains pays prennent des mesures de rétorsion, a commenté Joseph DeNardi, analyste de Stifel.

"Tel que cela s'applique pour l'instant, je ne pense pas que cela ait un impact important, mais la situation peut continuer d'évoluer", a-t-il ajouté.

Pour rappel, pendant la campagne, Donald Trump avait indiqué qu'il n'hésiterait pas à mettre en place "un contrôle extrême" des Français qui souhaitent entrer aux États-Unis, car la France "est infectée par le terrorisme".

"Une mesure qui donne du grain à moudre aux extrémistes"

Certains craignent que ce décret ne fasse le jeu des extrémistes. L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a estimé lundi qu'il encourageait les extrémistes.
"De telles mesures sélectives et discriminatoires ne font qu'encourager le discours radical des extrémistes", a déclaré l'OCI dans un communiqué posté sur son site internet.


"(La décision) va donner du grain à moudre aux tenants de la violence et du terrorisme, au moment, critique, où l'OCI est engagée avec tous ses partenaires, dont les États-Unis, dans la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme sous toutes leurs formes et manifestations", a ajouté l'organisation.