L'A320 d'Egyptair parle : de la fumée détectée à bord avant le crash

Par latribune.fr  |   |  1245  mots
Selon The Aviation Herald, des messages ACARS, un système permettant l'échange d'informations (messages) entre l'avion et le sol sous forme numérique codée par liaison radio ou satellites, indiquent que de la fumée a été détectée à bord peu avant la disparition de l'avion. Le BEA a confirme l'information.

L'A320 d'Egyptair parle. Selon The Aviation Herald qui cite un message Acars (Aircraft Communication Addressing and Reporting System), un système permettant l'échange d'informations (messages) entre l'avion et le sol sous forme numérique codée par liaison radio ou satellites, de la fumée a été détectée à bord de l'appareil quelques minutes avant sa disparition jeudi matin à 280 km des côtes égyptiennes avec 66 personnes à bord. Citant des sources égyptiennes, CNN et le Wall Street Journal a également obtenu ces messages.  Selon le Wall Street Journal, les messages durent environ deux minutes, et indiquent que de la fumée a été détectée dans des toilettes et un compartiment » situé sous le plancher du cockpit de l'avion. Ce compartiment contient une partie cruciale de l'ordinateur de contrôle de vol » de l'appareil qui, selon les messages, s'est mis « à mal fonctionner », a poursuivi le journal américain.

Ci-dessous le message Acars

00:26Z 561200 R SLIDING WINDOW SENSOR

00:26Z 2600 SMOKE LAVATORY SMOKE

00:27Z 2600 AVIONICS SMOKE

00:28Z 561100 R FIXED WINDOW SENSOR

00:29Z 2200 AUTO FLT FCU 2 FAULT

00:29Z 2700 F/CTL SEC 3 FAULT

Pas d'autres messages

Pas d'autres messages n'ont été envoyés. Ces messages peuvent être déclenchés automatiquement ou sur demande de l'équipage. Les domaines couverts sont les opérations aériennes (météo,...), le commercial (correspondances,...), le contrôle aérien et la maintenance.

En ce qui concerne la maintenance, des applications informatiques sol spécifiques à chaque flotte Boeing et Airbus récupèrent en temps réel, via l'Acars, les alarmes et messages des systèmes embarqués. Le traitement et l'analyse de ces données permettent de préparer et d'anticiper les vérifications et travaux de maintenance à effectuer sur l'avion dès son atterrissage.

Ils restent insuffisants pour déterminer si la cause de l'accident provient d'un problème électrique survenu sur l'avion ou d'un acte terroriste.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a confirmé ces messages "Acars" indiquant qu'il y a eu de la fumée en cabine, mais estimé qu'il était trop tôt pour interpréter ces éléments.

"Le BEA confirme qu'il y a eu des messages Acars émis par l'avion indiquant qu'il y eu de la fumée en cabine peu avant la rupture des transmissions de données", a déclaré un porte-parole à l'AFP. "Il est beaucoup trop pour interpréter et comprendre les causes de l'accident tant que nous n'avons retrouvé ni l'épave, ni les enregistreurs. La priorité de l'enquête est de retrouver épave et enregistreurs de vols ", a-t-il ajouté.

Des sièges retrouvés

Par ailleurs, des sièges d'avion et des valises ont été repêchés vendredi au large des côtes égyptiennes Ces premiers débris de l'Airbus A320 ont été découverts à 290 km au nord d'Alexandrie par les avions et navires déployés par l'armée égyptienne qui a dit poursuivre ses recherches.

Le ministre grec de la Défense Panos Kammenos a précisé qu'un "membre humain, deux sièges et une ou plusieurs valises" avaient été retrouvés. EgyptAir a ensuite annoncé la découverte de "plus de débris, quelques effets personnels des passagers, des membres humains, des valises et des sièges de l'avion."

Des satellites ont détecté une possible nappe de pétrole "à environ 40 kilomètres" de l'endroit où l'avion a disparu, selon l'agence spatiale européenne.

Course contre la montre

Grâce aux premiers débris, les autorités espèrent comprendre comment le vol MS804 a brusquement disparu des écrans radar alors qu'il survolait, sans problème apparent et dans un ciel clair, la Méditerranée orientale.

C'est une véritable course contre la montre qui est engagée, puisque les boîtes noires peuvent émettre leurs signaux quatre à cinq semaines maximum.

Un patrouilleur de haute mer envoyé par la France et doté d'équipements utiles pour la recherche des boîtes noires devrait arriver dimanche ou lundi sur la zone du crash, a indiqué un porte-parole de la Marine française.

L'hypothèse d'un attentat est sérieusement envisagée par l'Egypte et des experts en raison de l'absence totale de message de détresse émis par l'équipage avant la chute brutale de l'appareil.

Enquête à Roissy

En France, les enquêteurs sont à pied d'œuvre à l'aéroport parisien de Roissy, sous haute surveillance depuis les attentats jihadistes de 2015 pour éviter notamment l'infiltration de salariés radicalisés.

Après les attentats de novembre à Paris, les autorités ont décidé de passer au crible les 86.000 autorisations d'accès à la zone dite "réservée" de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

Au total, entre janvier 2015 et avril 2016, plus de 600 personnes se sont vu retirer ce sésame, ou refuser son attribution ou son renouvellement. Parmi elles, 85 étaient soupçonnées de radicalisation, selon la préfecture déléguée aux aéroports.

Malgré ces dispositions, on dénombre encore sur la plateforme "400 cas inquiétants de radicalisation", selon une estimation de source proche du dossier citée par l'AFP, mais contestée par des sources policières.

Radicalisation

Pour les identifier, les autorités s'attachent à chaque détail: le refus par un salarié de sexe masculin de s'adresser à une femme ou de recevoir des consignes de sa part suffisent à motiver le retrait d'un badge.

Depuis jeudi, des personnels au sol qui ont eu, de près ou de loin, à approcher l'avion de la compagnie égyptienne qui s'est abîmé en Méditerranée dans la nuit de mercredi à jeudi, sont entendus par les enquêteurs, qui assurent toutefois ne privilégier pour l'heure aucune piste.

Au total, selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, quelque 1.300 douaniers, 2.700 policiers de la Police de l'air et des frontières (PAF) et près de 350 gendarmes sont mobilisés pour assurer la sécurité à l'aéroport de Roissy.

Reconstituer le film de l'escale

La gendarmerie des transports aériens (GTA), la police aux frontières (PAF) et les services de renseignements travaillent à reconstituer le film de l'escale de l'Airbus A320 à Roissy. Arrivé du Caire à 21H55 mercredi, il en a redécollé à peine une heure plus tard (1H07) peu après 23H00, un laps de temps très court.

Passagers, membres d'équipage, personnel d'entretien et de ravitaillement, bagagistes: l'objectif est d'identifier toutes les personnes qui ont eu accès à l'appareil, à l'aide notamment de la vidéosurveillance. Selon une source proche de l'enquête, "aucune faille ou personne suspecte" n'a pour l'instant été identifiée.

A première vue, les mesures de sûreté et de sécurité à Roissy "ont été correctes", selon plusieurs sources.

La tâche est en outre compliquée par le fait qu'avant de décoller de Paris, l'appareil est passé par l'Égypte, l'Érythrée et la Tunisie.

 La liste des passagers est aussi auscultée. "Il est beaucoup trop tôt pour dire s'il y a ou non un profil qui pose problème... ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de soupçons", a déclaré à l'AFP une source proche de l'enquête.

Aucun fret n'a été embarqué à Roissy. Et les bagages en soute et en cabine ont été "inspectés et filtrés à 100%". L'hypothèse de l'introduction d'un engin explosif à Roissy lui semble donc "fortement improbable".

Suite à l'élévation de la menace en novembre, de nouvelles mesures de contrôle ont été instaurées dans tous les aéroports français.