L'Etat lance la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon (et attend un gros chèque)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  544  mots
L'aéroport de Nice est le premier aéroport régional français
Le gouvernement a lancé ce jeudi la procédure d'appels d'offres pour la privatisation partielle des aéroports de Nice et de Lyon avec l'adoption des cahiers des charges pour ces procédures, selon deux avis publiés au Journal Officiel (JO).

Beau chèque en perspective pour l'Etat. Après la vente l'an dernier de 50% du capital dans l'aéroport de Toulouse, le gouvernement a lancé ce jeudi la procédure d'appels d'offres pour la privatisation partielle des aéroports de Nice et de Lyon avec l'adoption des cahiers des charges pour ces procédures, selon deux avis publiés au Journal Officiel (JO). Nice Côte d'Azur (12 millions de passagers en 2015) et Lyon-Saint Exupéry (8,7 millions) arrivent respectivement aux 3e et 4e rangs des aéroports français après Paris-Charles de Gaulle (65,7 millions) et Orly (29,6 millions).

Remise des dossiers de candidature jusqu'au 24 mars

L'État entend céder la totalité des 60% qu'il détient dans les sociétés gestionnaires de ces aéroports et "les candidats à l'acquisition pourront se faire connaître dans les conditions prévues au cahier des charges" jusqu'au 24 mars.

Le choix des acquéreurs concernant les deux plateformes aéroportuaires devrait intervenir cet été, selon des sources concordantes. Pour éviter la polémique qu'avait suscité le choix, à Toulouse, d'un consortium chinois dénué de toute expérience aéroportuaire, la loi exige notamment de la part des candidats au rachat des parts de l'Etat "une expérience en tant que gestionnaire d'aéroport ou actionnaire d'une société gestionnaire d'aéroport".

Gros chèque pour l'Etat

L'Etat (qui doit faire face à des grosses dépenses comme la recapitalisation d'Areva) devrait récupérer un beau pactole. La valeur d'entreprise de l'aéroport niçois (capitalisation + dette) s'élève en effet selon des experts à près de 1,5 milliard d'euros. Elle pourrait même grimper jusqu'à 1,8 milliard si les offres atteignaient les multiples d'Ebitda observées à Toulouse, où le consortium a raflé la mise avec une offre (308 millions) représentant 18 fois l'Ebitda. Selon les mêmes critères, celle de l'aéroport lyonnais (70 à 80 millions d'Ebidta) s'élève à 1,4 milliard d'euros.

L'aéroport de Nice présente un profil de rente avec son trafic établi et son aviation d'affaires. Celui de Lyon semble plus compliqué avec le hub d'Air France et la concurrence de Genève, mais ses perspectives à long termes semblent plus importantes.

Plusieurs candidats

De nombreux groupes et fonds d'investissement spécialisés dans les infrastructures ont d'ores et déjà manifesté leur souhait de participer à l'opération.

Des offres sont notamment attendues de groupes comme l'italien Atlantia (opérateur notamment de l'aéroport de Rome) allié à EDF Invest, l'australien Macquarie, des fonds Global Infrastructure Partners ou Industry Funds Management. Le groupe espagnol d'infrastructures Ferrovial se serait allié, selon Reuters, à la société d'investissement Meridiam. Le Français Ardian, en coopération avec le groupe Changi Airport, serait également sur les rangs.

Vinci, la Caisse des dépôts et Predica, filiale d'assurance du Crédit agricole ont formé ensemble un consortium pour participer aux privatisations, tandis que le fonds Cube s'est allié à l'aéroport de Genève pour les enchères sur Lyon-Saint Exupéry.

Le groupe Aéroports de Paris (ADP) envisageait quant à lui de participer au seul appel d'offres sur l'aéroport de Nice.

La Chambre de commerce et d'industrie (CCI) possède 25% du capital de ces deux aéroports et les collectivités locales 15% (répartis entre région, département et métropole)