L'Etat met la pression sur la SNCF pour arrêter la grève

Par latribune.fr  |   |  873  mots
Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, demande aux chefs de bord de lever leur préavis de grève pour le weekend du Nouvel an. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a appelé la direction de la SNCF à résoudre « dans les prochaines heures » la grève de contrôleurs qui a entraîné l'annulation de nombreux TGV durant le week-end de Noël et pénalisé 200.000 voyageurs. De son côté, le patron de l'entreprise ferroviaire, Jean-Pierre Farandou, a appelé à « la responsabilité des chefs de bord TGV » pour qu'ils mettent fin à leur mouvement pour le week-end du Nouvel an. L'idée de réquisitions est écartée.

Article publié le jeudi 22 décembre à 9h40 et mis à jour à 18h32

Il faut que la grève cesse, a exigé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Les agents de la SNCF « qui ont annoncé vouloir faire grève » ce week-end doivent y « renoncer » et « entendre la demande légitime des Français de pouvoir retrouver leur famille dans de bonnes conditions », déclarait-il à la mi-journée, ajoutant que « l'ensemble du gouvernement est totalement mobilisé ».

En effet, Bruno Le Maire appelait déjà ce matin la direction de la SNCF à résoudre « dans les prochaines heures » la grève de contrôleurs qui a entraîné l'annulation de nombreux TGV durant le week-end de Noël. « Ce que nous attendons de la direction de la SNCF aujourd'hui, c'est qu'elle trouve une solution dans les prochaines heures, je dis bien dans les prochaines heures. C'est ça la responsabilité de la direction de la SNCF, elle a le soutien de l'Etat, elle doit trouver les voies et moyens de sortir de ce conflit », a déclaré Bruno Le Maire sur Sud Radio ce jeudi, exprimant sa « colère pour les clients privés de vacances de Noël ».

La direction de la SNCF avait déjà proposé aux chefs de bord d'augmenter leur « prime de travail » de 600 euros par an, dont une partie intégrée au salaire en 2024, ainsi qu'une indemnité supplémentaire de 600 euros brut par an. Des propositions que les grévistes ont jugées insuffisantes. Ainsi, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, devait recevoir les syndicats représentatifs de la SNCF ce jeudi à 18 heures afin de trouver une solution à la grève des contrôleurs, a appris l'AFP de sources syndicales. Une preuve que la situation est urgente puisqu'il avait initialement prévu les recevoir vendredi matin.

« Pour ce week-end de Noël, c'est malheureusement trop tard »

De son côté, le patron de l'entreprise ferroviaire s'est, lui, montré peu optimiste quant à une amélioration de la situation dans les prochains jours. « Pour ce week-end de Noël, c'est malheureusement trop tard (...) mais il n'y a pas de raison de punir deux fois les Français », a ainsi déclaré Jean-Pierre Farandou plus tôt ce matin sur RTL. « Je ne comprends pas cette grève. Il n'y a aucun appel à la grève d'aucun syndicat », a-t-il dénoncé, précisant qu'il les recevrait dès vendredi pour tenter de trouver une issue à la crise. Pas moins de 200.000 voyageurs ont vu leur train supprimé pour la période de Noël. Jean-Pierre Farandou a rappelé qu'ils allaient bénéficier, sous forme d'avoir, d'un remboursement à hauteur de 200%, une « première » en France. Mais « cela coûtera plusieurs dizaines de millions d'euros, c'est l'argent public, celui des Français », a-t-il finalement déploré.

De plus, pour le week-end du Nouvel an, Olivier Véran a également indiqué à la mi-journée que des « annonces seront faites dans les prochains jours », en assurant « travailler pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de désagréments pour les Français pour le week-end du 31 ».

L'idée de réquisitions écartée par le gouvernement

Sur France 2, Christophe Béchu, ministre de la Cohésion des territoires, a, quant à lui, écarté l'idée de réquisitions. Il a estimé que ce mouvement « qui n'est pas digne abîme le droit de grève ». Pour le responsable, « après les années que l'on a connues, il y a ce besoin de se retrouver ». Il enfonce le clou : « C'est une situation perdante-perdante pour tout le monde. On a, à la fois des Français qui vont être privés de trains, un mouvement qui n'est pas bon pour l'image de l'entreprise, mais qui n'est aussi pas bon pour les grévistes, ni pour les revendications qu'ils portent ».

Pour Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, « il faut donc avoir des modalités de réflexions qui sont nouvelles car nous faisons face à quelque chose qui n'existait pas dans notre pays », en décrivant « une grève "multi-individuelle" couverte par un préavis déposé par des centrales qui, elles-mêmes, n'appellent pas à la grève ».

« Ça nous invite à réfléchir au cadre permettant d'assurer en toutes circonstances la continuité d'accès aux services publics dans notre pays », a-t-il souligné.

Le coût de la grève estimé à une centaine de millions d'euros

Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a affirmé, quant à lui, sur FranceInfo, que la grève coûterait « sans doute une centaine de millions d'euros à l'entreprise publique », appelant aussi la reprise des discussions. « Il y a heureusement des dizaines de milliers de cheminots (...) qui voient bien que c'est mauvais pour l'entreprise. On  n'a pas besoin de ça en ce moment et donc il faut que chacun reprenne cette discussion », a ajouté Clément Beaune ce matin.

Alors que deux TGV sur cinq devraient être annulés ce week-end, selon les prévisions de la SNCF, le ministre ne s'attend pas à une quelconque amélioration dans les prochaines heures et estime que l'enjeu « c'est maintenant de faire en sorte qu'on ne se retrouve pas avec le même scénario la semaine prochaine » pour le week-end du Nouvel An.

(Avec AFP)