La SNCF prépare un TER low-cost pour contrer un éventuel Easyjet du Rail

Par latribune.fr  |   |  596  mots
Environ 7.000 trains et 1.300 cars TER transportent chaque jour 900.000 passagers.
La SNCF qui voit son trafic TER baisser et ses coûts augmenter a dévoilé son "plan TER 2020 visant à vendre moins cher aux régions l'exploitation de ses trains avant l'ouverture de ce marché à la concurrence d'ici à 2023.

La SNCF a dévoilé jeudi son "plan TER 2020" qui vise à "vendre moins cher aux régions" l'exploitation des trains, pour "attirer plus de voyageurs" et se placer "en pole position" avant l'ouverture de ce marché à la concurrence, en 2023 au plus tard. Avec un trafic en baisse et des coûts en hausse, "l'équation économique est en danger", a déclaré Franck Lacroix, directeur des TER au sein de SNCF Mobilités, lors d'une conférence de presse.

Baisse du trafic

Environ 7.000 trains et 1.300 cars TER transportent chaque jour 900.000 passagers, dont une moitié d'abonnés. Après un bond de 50% en dix ans, le nombre de voyageurs a baissé de 4,4% entre 2012 et 2015 et "la tendance se poursuit" cette année, conséquence d'un "défaut d'attractivité de notre offre", a-t-il reconnu.

Le montant facturé aux régions a pourtant continué d'augmenter, malgré les "plans de performance" de la SNCF et une inflation quasi nulle. Sur 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 2,9 milliards proviennent désormais des régions, tandis que "la part des recettes directes ne cesse de diminuer".

"Nous sortirons de l'impasse", a-t-il affirmé, s'engageant à "vendre moins cher aux régions" et à "partir à la conquête de nos nouveaux clients".

Trois concepts

La SNCF va pour cela "revisiter en profondeur [son] offre" de transport régional, déclinée en trois "concepts": TER Chrono pour "des liaisons rapides entre grands pôles régionaux" (Dijon-Besançon), TER Citi dans les "territoires métropolitains denses" (Rennes-Vitré) et TER Proxi pour "une desserte plus fine des territoires moins denses" (Toulouse-Rodez).

En parallèle, "on va s'attacher à réduire nos coûts de structure (...) en conservant notre expertise", a ajouté Franck Lacroix, qui prévient qu'il "ne remplacera probablement pas tous les départs à la retraite" d'ici 2020.

La branche TER va aussi "ajuster le parc de matériels roulants à [ses] besoins", notamment en réduisant le nombre de ses trains diesel et en adaptant ses lignes à la nouvelle carte des régions.

En juin, Guillaume Pepy avait déjà révélé le projet, devant les journalistes de l'AJEF, l'association des journalistes économiques financiers.

"Nous avons déjà trois produits dans la gamme "OUI" avec Ouigo, Ouibus et Ouicar (location de voitures entre particuliers, ndlr), et nous réfléchissons à étendre la gamme "OUI" aux trains Intercités (encore appelés Corail par les Français) et TER", avait indiqué Guillaume Pepy.

Eviter la concurrence d'un "Easyjet du rail"

Pour ce dernier, le développement d'une offre low-cost est au cœur de la stratégie de la SNCF pour contrer l'arrivée de la concurrence sur le marché ferroviaire français.

"Il y a deux ans, nous avons décidé de développer une gamme low-cost pour que nos futurs concurrents aient des difficultés à se positionner sur le créneau low-cost. Sur ce segment de marché, ils nous trouveront face à eux. Nous essayons de tirer les leçons de l'expérience d'Air France. Il faut faire Transavia dès le début pour éviter qu'un futur « Easyjet du Rail » vienne nous balayer. Le choix du low-cost est un choix stratégique important", avait-t-il précisé..

Il avait ajouté : "Ce qui m'obsède, voire m'angoisse aujourd'hui, c'est de penser à ce qu'on me reprochera dans 10 ans. Ce type n'a pas vu arriver telle chose ou ce type n'a pas mesurer que telle chose aller bouleverser les choses. C'est pour cela que je suis assez obsédé par le low-cost parce que je suis persuadé que le low-cost va être un très grand succès dans le ferroviaire."