Le Boeing 737 d'Ukraine Airlines a été abattu par un missile iranien, selon le Canada

Par latribune.fr  |   |  722  mots
(Crédits : Andras Soos)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a affirmé jeudi que le Boeing 737 qui s'est écrasé mercredi près de Téhéran avait été abattu par un missile iranien, probablement par erreur.

Cinq ans et demi après le Boeing 777 de Malaysia Airlines abattu par un missile ukrainien, le B737 d'Ukraine Airlines qui s'est écrasé mercredi près de Téhéran, tuant les 176 personnes à son bord, a-t-il été lui aussi été abattu par un ou plusieurs missiles iraniens? C'est ce qu'ont déclaré jeudi des responsables américains et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

L'avion, vieux de trois ans et dont le dernier contrôle technique datait de lundi, s'est écrasé six minutes après son décollage, près de la localité de Sabashahr, au sud-ouest de Téhéran. L'accident s'est produit quelques heures seulement après des tirs de missiles de l'armée iranienne sur des bases militaires abritant des soldats américains en Irak, des frappes menées en représailles à l'assassinat ciblé, la semaine dernière, du général Qassem Soleimani, l'un des personnages les plus influents de la République islamique.

Missile sol-air

Les Américains disent se fonder sur des images satellite montrant des taches de chaleur caractéristiques de deux missiles sol-air qui auraient été tirés deux minutes après le décollage de l'avion de l'aéroport Imam-Khomeini. Une explosion a retenti peu après à proximité de l'appareil, précisent les responsables américains. Lors d'une conférence de presse à Ottawa, Justin Trudeau, a repris à son compte la piste d'un tir de missile sol-air, "une possibilité très claire" selon lui, sur la foi "d'informations de sources multiples" provenant des alliés du Canada et de ses propres services de renseignement.

Selon Justin Trudeau, ce tir, s'il a bien eu lieu, a pu être effectué de façon "involontaire".

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a, à son tour, affirmé qu'il existait un "ensemble d'informations" selon lesquelles le Boeing 737 ukrainien a été "abattu par un missile sol-air iranien". "Cela pourrait bien avoir été accidentel", a-t-il déclaré dans un communiqué

Le Canada demande une enquête internationale

Le Canada, qui comptait plusieurs ressortissants dans l'avion accidenté, demande désormais une enquête internationale "complète" et "approfondie". Donald Trump, qui s'est exprimé devant des journalistes à la Maison blanche, a également semblé donner du crédit à cette hypothèse, tout en restant évasif.

"Quelqu'un a pu commettre une erreur", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il nourrissait des "soupçons".

Selon l'agence Reuters qui cite deux sources américaines, Washington penche pour l'hypothèse d'un tir ayant atteint le Boeing par erreur.

"Scientifiquement impossible" pour Téhéran

L'Iran réfute ce scénario. A Téhéran, le responsable de l'aviation civile, Ali Abedzadeh, a balayé ce scénario, jugeant "scientifiquement impossible qu'un missile ait touché l'avion ukrainien", selon des propos rapportés par l'agence de presse semi-officielle Isna.

L'appareil était déjà en flammes avant de s'écraser, selon un rapport préliminaire communiqué jeudi par l'aviation civile iranienne, qui cite des témoins au sol et dans un autre avion ayant survolé la zone à une haute altitude.

L'avion a rencontré un problème technique peu après son envol de l'aéroport international de Téhéran et a commencé à se diriger vers un aéroport proche avant de s'écraser, selon le rapport de l'aviation civile iranienne, qui ne précise pas la nature de l'avarie. Il n'y a eu aucune communication radio de la part du pilote et l'avion a disparu des écrans radars à 8.000 pieds d'altitude (un peu moins de 2.500 mètres).

L'appareil transportait 146 Iraniens, 10 Afghans, 11 Ukrainiens, cinq Canadiens et quatre Suédois, selon le rapport iranien, qui souligne cependant qu'un certain nombre d'entre eux avaient probablement une double nationalité. D'après les autorités ukrainiennes, il y avait à bord 82 Iraniens, 63 Canadiens et 11 Ukrainiens.

Des experts ukrainiens en Iran

Une cinquantaine d'experts ukrainiens sont arrivés jeudi à Téhéran pour participer à l'enquête et notamment au décryptage des boîtes noires de l'appareil.

"A un moment ou à un autre, ils remettront les boites noires, idéalement à Boeing, mais s'ils les donnent à la France ou un autre pays, cela irait aussi", a affirmé Donald Trump.

Une certaine confusion règne sur le sort de ces boites noires, cruciales pour les investigations à venir.

La liaison Téhéran-Toronto via Kiev est régulièrement empruntée par les Canadiens d'origine iranienne se rendant en Iran en l'absence de vols directs.