Le ministre français de l'Economie et des Finances rencontrera ce lundi à Bruxelles la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager pour défendre la fusion Alstom-Siemens qui vise à répondre aux ambitions chinoises dans le ferroviaire. Chargée de veiller à ce que le redécoupage du secteur du train en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix, Bruxelles s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.
"Je la verrai à nouveau demain (lundi) matin pour discuter de la politique de concurrence et redire à quel point la France est attachée à cette fusion", a-t-il déclaré dans les colonnes du Journal du Dimanche.
Verdict le 18 février
La Commission européenne qui doit se prononcer le 18 février sur ce rapprochement pourrait en effet bloquer le projet parce qu'elle juge insuffisantes les propositions des deux groupes pour assurer le maintien d'une concurrence satisfaisante. Pour Bruno Le Maire, les conditions sont "remplies".
"Oui, les conditions sont remplies pour que cette fusion soit réussie. Nous partageons cette vision avec mon homologue allemand Peter Altmaier", a-t-il assuré. "Refuser la fusion entre Alstom et Siemens serait une erreur économique et une faute politique", a-t-il ajouté Bruno Le Maire, faisant écho aux propos cette semaine du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Qu'elle soit autorisée par la Commission européenne est dans "l'intérêt de la France et de l'Allemagne. C'est l'intérêt de l'Europe", a-t-il martelé.
"Je veux avoir confiance dans le sens de l'intérêt général européen de la Commission européenne", a encore dit le ministre.
Les doutes des industriels
Or, tant Siemens qu'Alstom ont affiché leurs doutes ces derniers jours sur la faisabilité de ces concessions.
"Il n'y aura plus de concessions (...). Nous sommes devant un mur trop haut", a déclaré jeudi une source au sein de Siemens, très pessimiste sur les chances de voir aboutir les noces annoncées en fanfare en septembre 2017.
"Nous continuons à nous battre. (...) La décision de la Commission européenne est attendue d'ici le 18 février, mais aujourd'hui il n'y a pas de certitude que le contenu de cette proposition sera suffisante", a estimé de son côté le patron d'Alstom Henri Poupart-Lafarge, en marge de ses résultats trimestriels.