Les agressions physiques sont de plus en plus fréquentes dans les avions (IATA)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  633  mots
Les agressions physiques à l'encontre du personnel de cabine ou d'autres passagers représentent 11% des incivilités à bord des avions. Celles-ci ont augmenté de 17% en 2015, avec près de 11.000 cas recencés.

Les incivilités à bord des avions augmentent. Récemment, l'Association internationale du transport aérien (IATA) indiquait que les incidents provoqués par des passagers pendant les vols avaient bondi de 17% en 2015. "C'est un vrai sujet", ont confirmé ses représentants ce jeudi à Genève lors de son Media Day annuel. Ces agressions vont des insultes proférées à l'encontre du personnel de cabine jusqu'au refus d'obéir à ses consignes, mais aussi, dans 11% des cas, à des agressions physiques à l'encontre du personnel navigant commercial ou d'un autre passager, a indiqué IATA. Dernier exemple en date, en novembre dernier, une bagarre à bord d'un avion de Ryanair a obligé le pilote de dérouter l'avion.

Au total, 10.854 incidents, qui ont parfois débouché sur des atterrissages d'urgence, ont été répertoriés en 2015, ce qui équivaut à un incident tous les 1.205 vols, contre un incident tous les 1.282 vols en 2014 et un incident tous les 1.200 vols en 2011. Ce phénomène a commencé à fortement augmenter à partir de 2007. Près de 50.000 cas ont été répertoriés depuis, soit un incident tous les 1.613 vols.

Un coût pour la compagnie

De tels comportements ont un coût pour les compagnies quand il faut dérouter l'avion pour "déposer" le fauteur de troubles, ce qui est très compliqué sur le plan juridique. La facture peut grimper jusqu'à 200.000 dollars, principalement pour payer le carburant supplémentaire pour dérouter l'avion. S'y ajoutent le risque de manquer des correspondances et les conséquences négatives sur l'image de la compagnie. 40% des compagnies aériennes ont dérouté un appareil au cours des 12 derniers mois, à cause d'un passager malveillant.

L'alcool et la prise de drogue expliquent 23% des cas

Comment expliquer cette hausse ? Tout d'abord, la hausse du trafic peut expliquer celle des incivilités. Entre 2014 et 2017, un milliard de passagers supplémentaires aura voyagé en avion. Par ailleurs, l'alcool ou la prise de drogue sont régulièrement cités. Ils seraient à l'origine de 23% des incidents. Mais ce ne sont pas les seuls motifs.

Pour certains professionnels du secteur, la démocratisation du transport aérien, dans la mesure où elle augmente le nombre de personnes peu habituées à prendre l'avion constitue une autre explication. D'autres enfin pointent plutôt la montée des comportements anti-sociaux. Du côté des associations de consommateurs, on estime que les pratiques des compagnies aériennes d'augmenter le nombre de sièges à bord pourraient en partie expliquer le problème.  "On vend toujours autant d'alcool dans les aéroports ou les avions. La seule variable qui a changé, c'est qu'on n'a jamais entassé autant de gens dans les avions", déclarait en septembre Charlie Leocha, de l'association d'usagers Travelers United. Un argument peu convaincant néanmoins dans la mesure où, l'espace entre les sièges en classe économique n' a pas été réduit au cours des dernières années.

Durcissement de la réglementation

En attendant, l'IATA demande aux Etats de ratifier le Protocole de Montréal (2014) qui permettrait aux Etats d'avoir les outils juridiques légaux pour punir ce type de passagers. Car quand le passager est remis à la police, il est le plus souvent relâché, en raison de l'impossibilité des forces de l'ordre d'agir. Ceci à cause de la convention de Tokyo de 1963 qui réglemente ces cas d'incivilités.

En effet, selon l'IATA, cette convention n'accorde aux autorités d'un Etat le droit d'agir que si l'avion dans lequel a sévi le fauteur de troubles est immatriculé dans ce pays. Ce qui ne va pas de soi, en particulier dans le cas des avions en location dont l'immatriculation n'a rien avoir avec l'origine des opérateurs. Aujourd'hui, seuls 30 Etats ont signé le Protocole de Montréal. L'IATA dit avoir besoin de 22 autres Etats pour donner du poids à ce traité.