Mali : la junte annule l'autorisation de reprise des vols par Air France

Par latribune.fr  |   |  753  mots
Air France avait suspendu le 7 août ses vols à destination du Mali (7 vols par semaines) et du Burkina Faso (5 vols par semaines) après la fermeture de l'espace aérien du Niger voisin, théâtre d'un coup d’État le 26 juillet. (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)
La junte au pouvoir à Bamako a décidé d'annuler l'autorisation donnée à Air France de reprendre la desserte du Mali, ont indiqué ce mercredi deux hauts responsables maliens et un responsable dans le transport aérien. La compagnie aérienne avait indiqué la veille reprendre les vols, à raison de trois jours par semaine.

Coup de théâtre au Mali. Alors que la compagnie Air France avait annoncé mardi reprendre la desserte du Mali, la junte a décidé d'annuler cette autorisation. « La décision a été annulée, car l'accord a été donné sans consultation de la hiérarchie », a indiqué un haut responsable malien ce mercredi 11 octobre, sous le couvert de l'anonymat en l'absence de communication publique de la part des autorités.

Les vols devaient reprendre à partir de ce vendredi 13 octobre. « Il n'y aura pas de vol Air France vendredi. Cela doit se faire de manière responsable et coordonnée, le tout dans le respect de notre souveraineté », a dit un second responsable, lui aussi sous couvert d'anonymat. Un acteur du transport aérien a confirmé que « l'autorisation a été annulée », sans plus de détails. « Il est clair que les vols ne reprendront pas vendredi », a-t-il dit.

Le directeur de l'aviation civile au Mali a été remercié, a par ailleurs annoncé un des responsables, sans dire exactement ce qui lui était reproché.

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Des vols assurés par une compagnie portugaise

Air France avait annoncé la reprise de la desserte ce mardi, « en coordination avec la DGAC [ndlr : direction générale de l'aviation civile] française et les autorités maliennes », selon un porte-parole de la compagnie à l'AFP. La desserte de Bamako depuis Paris-Charles de Gaulle devait reprendre au rythme de « trois vols directs par semaine (les mardis, vendredis et dimanches) », selon la même source.

Les vols vendus par Air France ne devaient par contre pas être assurés par des avions de la compagnie, mais par « un Boeing 777-200 ER de la compagnie portugaise EuroAtlantic Airways », avait indiqué Air France. L'équipage devait également être composé d'employés de cette société qui, outre des vols réguliers, propose des services de location et de charter.

Air France avait promis que cet aéronef répondait « en tout point aux réglementations françaises et européennes », et avait expliqué qu'il était « équipé de 30 sièges en cabine Business, 24 sièges en cabine Premium Economy et 239 en cabine Economy ».

« Les prestations servies à bord seront les mêmes que sur les vols opérés par Air France. Les clients dont les vols sont annulés seront reportés sur les vols maintenus ou pourront modifier sans frais la réservation qui leur est proposée », selon le porte-parole.

De source proche du dossier, le choix d'une compagnie et d'équipages tiers pour exploiter cette liaison s'explique par le fait que le ministère français des Affaires étrangères déconseille « formellement » aux Français de se rendre au Mali, y compris les membres d'équipage, en raison de la situation sécuritaire tendue. La région en proie au djihadisme et à la violence a connu une succession de coups d'État militaires au Mali en 2020 et 2021, au Burkina en 2022 et au Niger en 2023.

Déjà deux mois sans vols

Air France avait suspendu le 7 août ses vols à destination du Mali (7 vols par semaine) et du Burkina Faso (5 vols par semaine) après la fermeture de l'espace aérien du Niger voisin, théâtre d'un coup d'État le 26 juillet. La compagnie avait invoqué la situation géopolitique au Sahel. Elle a précisé ce mardi « travailler en étroite collaboration avec les autorités burkinabè afin de reprendre au plus vite sa desserte vers le Burkina Faso ». Ajoutant que « la desserte de Niamey (Niger) reste quant à elle suspendue jusqu'à nouvel ordre ».

À la suite de ces suspensions, les autorités maliennes avaient indiqué le 11 août d'annuler l'autorisation de la compagnie d'exploiter cette ligne.

Les relations entre la France, l'ancienne puissance coloniale qui était engagée militairement au côté de l'armée malienne contre les djihadistes depuis 2013, et le Mali se sont fortement détériorées depuis des militaires ont pris le pouvoir dans les trois pays sahéliens. Ces derniers font de la souveraineté leur mantra et ont désigné aux opinions publiques l'allié historique français comme le responsable de leurs maux.

Forcée de faire rentrer ses soldats, ses ambassadeurs et une partie du personnel diplomatique, confrontée aux manifestations hostiles et aux attaques contre ses représentations, la France a étendu en août le classement en "zone rouge" aux capitales de ces trois pays, derniers îlots où elle ne déconseillait pas formellement de se rendre.

(Avec AFP)