Noël coup de bambou pour le transport aérien : la barre des 10.000 annulations franchie ce lundi

Par latribune.fr  |   |  1535  mots
Le dimanche 26 décembre, à l'aéroport international John F. Kennedy, à New York dans le Queens, des passagers attendent de pouvoir prendre un avion alors que le transport aérien mondial subit des milliers d'annulations de vols, principalement à cause d'une flambée de contaminations au variant Omicron qui frappent les personnels navigants et au sol. (Crédits : Reuters)
Les perturbations dans le transport aérien se poursuivent ce lundi et demain mardi après 8.000 annulations depuis vendredi. La principale cause d'annulation: Omicron qui fait flamber les contaminations autour du monde touchant de nombreux pilotes, hôtesses de l'air, stewards, et autres membres du personnel au sol, obligés de se mettre en quarantaine après avoir été exposés au Covid. C'est la Chine qui bat tous les records d'annulations, cela à quelques semaines des JO de Pékin. En mer, les vaisseaux de croisière sont également dans le collimateur des autorités sanitaires.

[Article publié le 26.12.2021 à 11:45, dernière mise à jour le 27.12 à 17:21]

Alors que le nombre de contaminations flambe autour du monde (en France, le record absolu des contaminations en un jour a été dépassé samedi avec près de 105.000 cas), et que l'on craint à nouveau la prochaine saturation des services de réanimation dans les hôpitaux, c'est le spectre de la paralysie économique qui s'impose déjà sur le devant de la scène.

Témoin, la cascade d'annulations qui affecte le secteur aérien à travers le monde, déjà bien impacté par les dernières restrictions aux frontières : après 8.000 vols annulés pendant le week-end de Noël (vendredi compris), ce sont encore plus de 2.100 liaisons qui sont supprimées ce lundi selon le dernier bilan du site Flightaware. La barre symbolique des 10.000 annulations est donc franchie en quatre jours et la tendance devrait se poursuivre dans les prochains jours.

Les prévisions ne sont pour l'instant que de 800 vols supprimés pour mardi, mais elles pourraient rapidement enfler comme ce fut déjà le cas ce week-end. Alors que les premières estimations annoncées samedi faisaient état de 4.500 vols touchés sur deux jours, les annulations ont grimpé en flèche pour atteindre le chiffre de 8.000 (plus précisément 7.900, soit +75% que prévu initialement). De même, alors que les prévisions faisaient état de 800 vols touchés ce lundi, les annulations effectives sont presque trois fois plus importantes.

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Quarantaine pour les personnels navigants et au sol exposés au Covid

La principale cause évoquée par les compagnies aériennes: le variant Omicron du Covid-19 qui a obligé maints pilotes, hôtesses et stewards ainsi que des personnels au sol à quitter leur poste de travail pour se mettre en quarantaine après avoir été exposés au virus.

La mise en quarantaine des personnels volants et au sol exposés au Covid, a ainsi contraint notamment les compagnies comme Lufthansa, Delta, United Airlines, Alaska Airlines, JetBlue ou encore British Airways à annuler de nombreux vols.

Les Etats-Unis et la Chine, les deux principaux marchés aérien mondiaux avec trafic domestique très important, sont les plus touchés par le phénomène.

La Chine bat le record de vols annulés, à l'orée des JO d'hiver de Pékin

À quelques semaines des Jeux olympiques d'hiver de Pékin (4-20 février), alors que la Chine enregistre un nombre record de contaminations au Covid-19 depuis 21 mois, les compagnies aériennes chinoises sont à l'origine du plus grand nombre d'annulations dans le monde.

Durant ce long week-end, les compagnies aériennes chinoises, en particulier China Eastern et Air China, ont à elles seules supprimé plus de 2.000 vols, dont un grand nombre reliant Xi'an, où 13 millions d'habitants sont confinés. Et ce lundi, ce sont encore plusieurs centaines de vols qui ont été annulés : China Eastern a supprimé 418 vols, soit 20% de son plan de vol, tandis qu'Air China en a annulé 196, 17% de ses départs prévus.

Dans ce pays qui applique depuis l'an passé une "stratégie zéro Covid", la ville de Xi'an a annoncé dimanche une désinfection "totale" et durci les restrictions.

La Chine, qui a jusqu'ici maîtrisé avec succès l'épidémie sur son sol et n'a enregistré que deux morts en un an et demi, est en état d'alerte.

Les cas de Xi'an se sont jusqu'à présent propagés à cinq autres villes, dont Pékin, selon les médias d'État, alimentant les craintes quant à la rapidité d'une propagation.

Les Etats-Unis très touchés en pleine frénésie de Noël

Leurs compagnies américaines suivent leurs consœurs chinoises de quelques encablures, après avoir dû annuler 970 vols samedi et 570 dimanche. A elle seule, United Airlines a dû annuler environ 439 vols vendredi et samedi, soit environ 10% de ceux qui étaient programmés, selon Flightaware.

"Le pic de cas d'Omicron à travers le pays cette semaine a eu un impact direct sur nos équipages et les personnes qui gèrent nos opérations", a expliqué la compagnie américaine United Airlines, qui a assuré s'efforcer de trouver des solutions pour les passagers affectés.

Pour rappel, plus de 109 millions d'Américains devaient quitter leur région immédiate par avion, train ou en voiture entre le 23 décembre et le 2 janvier -soit une hausse de 34% par rapport à l'an dernier, selon les estimations de l'American Automobile Association.

L'Europe s'en sort bien pour le moment

L'Europe semble relativement épargnée pour le moment. Air France, en particulier, n'a pas été touchée par le phénomène, selon un porte-parole interrogé par l'AFP. D'autres compagnies européennes ont tout de même été quelque peu impactées. C'est le cas de Lufthansa. La première compagnie allemande avait annoncé dès le 23 décembre l'annulation de plusieurs vols intercontinentaux à l'approche de Noël car trop de pilotes étaient tombés malades, selon l'AFP.

"Les liaisons transatlantiques vers l'Amérique du Nord vers Boston, Houston et Washington sont principalement affectées du 23 au 26 décembre en raison de l'augmentation du taux de maladie" chez les pilotes, avait déclaré alors un porte-parole de la compagnie aérienne.

Pour autant, le lien des cas de maladies avec le variant Omicron du coronavirus relève du "spéculatif" car Lufthansa n'est pas informé du type de maladie contracté par ses pilotes, avait toutefois précisé cette source pour la bonne règle.

Et quand la météo s'y met aussi...

Delta Air Lines a également annulé plus de 300 vols samedi, et 170 la veille, toujours selon Flightaware, invoquant à la fois Omicron et, ponctuellement, des conditions météo défavorables.

"Les équipes Delta ont épuisé toutes les options et les ressources" avant d'en venir à ces annulations, a plaidé la compagnie aérienne.

Les conditions météorologiques ont également participé aux perturbations du transport aérien autour du réveillon de Noël: dans l'Ouest des Etats-Unis, des tempêtes de neige et des fortes baisses de températures étaient annoncées, compliquant encore davantage une situation déjà chaotique.

Au Japon, qui a considérablement renforcé ses contrôles aux frontières pour contrer la menace Omicron, c'est la neige qui était la principale responsable des annulations: de fortes chutes de neige dans le nord et l'ouest du pays, ont cloué au sol plus de 100 vols intérieurs ce dimanche, ont annoncé les deux plus grandes compagnies aériennes japonaises.

ANA Holdings avait interrompu 79 vols à 16 heures (07H00 GMT), touchant environ 5.100 passagers, a déclaré Hiroaki Hayakawa, directeur des opérations de la compagnie aérienne. Japan Airlines Co avait annulé 49 vols à 16 heures. (07h00 GMT), affectant 2 460 passagers, a déclaré un représentant de la division des opérations de la compagnie aérienne.

Ralentissement "soudain" des réservations

Ces annulations viennent doucher les espoirs des compagnies aériennes de renouer cette année avec une activité normale, après un Noël 2020 frappé de plein fouet par la pandémie.

Pour rappel, vendredi dernier, le jour du réveillon de Noël, Lufthansa avait fait une annonce choc en décidant d'annuler quelque 33.000 vols de mi-janvier à février (soit 10% du programme hivernal) en raison de la propagation du variant et face à "la forte baisse des réservations".

Malheureusement au diapason, Ryanair, la plus grande compagnie aérienne européenne par nombre de passagers, prévenait, quant à elle, que sa perte annuelle serait sans doute le double de ce qu'elle attendait, là aussi en raison d'un ralentissement "soudain" des réservations.

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Plus de 60 navires de croisière dans le collimateur des autorités sanitaires américaines

En mer aussi, le coronavirus a frappé des vacanciers. Selon le quotidien Washington Post, plusieurs navires se sont vu refuser l'escale dans plusieurs ports des Caraïbes.

"On navigue à bord d'une boîte de Petri", un récipient utilisé dans les laboratoires pour la culture de bactéries, a affirmé au journal Ashley Peterson, une passagère de 34 ans du Carnival Freedom qui pas été autorisé à amarrer dans l'île néerlandaise de Bonaire. "J'ai l'impression d'avoir passé la semaine dernière à un évènement super-propagateur".

Dans un communiqué à l'AFP, Carnival Cruises a confirmé qu'un "petit nombre à bord avait été isolé en raison d'un test positif au Covid".

Selon le CDC, la principale agence de santé publique aux Etats-Unis, plus de 60 navires de croisière faisaient dimanche l'objet d'enquêtes par les autorités sanitaires américaines après l'apparition de cas de Covid-19 à bord. Ces 60 navires ont atteint le "seuil" fixé par les CDC pour mériter une telle enquête, est-il précisé sur le site de l'agence.

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 5.394.775 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019 en Chine, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles dimanche. L'Organisation mondiale de la santé estime que le bilan réel pourrait être deux à trois fois supérieur.

(avec AFP)