Le nombre de contaminations quotidiennes fait froid dans le dos. Plus de 91 000 cas, les pires chiffres de l'épidémie, ce jeudi avant Noël. Et le conseil scientifique de prévenir qu'à ce rythme, il faut s'attendre à plusieurs milliers de cas par jour et donc de multiples absences dans les entreprises - pour des salariés infectés ou isolés car cas contacts. De quoi dérégler fortement le pays, notamment les services essentiels comme l'école, l'hopital, l'énergie, les transports...etc.
Des transports déjà perturbés par les absences
La première société a avoir signifié au grand jour d'ailleurs ce type de difficultés est la SNCF. La compagnie a dû supprimer des trains dans la région Occitane, mais aussi Rhone-Alpes Auvergne. Faute de contrôleurs, positifs au Covid ou cas contacts, il manquait du personnel et des lignes habituelles autour de Perpignan, Toulouse, Grenoble ont du être remplacées par des autocars. Et ce jusqu'au 2 janvier au moins. Si les tensions restent régionales, cantonnées aux TER, elles pourraient toutefois toucher rapidement le réseau TGV.
Même inquiétude du côté de la RATP. Jusqu'alors les équipes sont suffisantes, pour assurer la continuité du service public, mais des redéploiements d'agents sont possibles en janvier s'il y a trop d'absences.
Inquiétude dans l'industrie
Dans l'industrie, où le télétravail est par nature plus difficile, les chefs d'entreprises s'inquiètent. Certains ont déjà remis en place des systèmes d'équipes tournantes - équipe A/ équipes B - qui ne se croiseraient pas pour éviter les contaminations en cascade.
Le gouvernement observe un point de vigilance tout particulier dans les industries chimiques - qui fabriquent par exemple des médicaments- ou encore l'agroalimentaire - laiteries, abattoirs- où il faut éviter les pénuries. "Dans l'énergie, il faut veiller à ce que le réseau fonctionne, mais dans les centrales nucléaires, il y a finalement peu d'agents sur le pont", confie un conseiller à Bercy.
En cette veille de Noël, tout le monde est sur le qui vive . "Surtout que contrairement à la première vague, en mars 2020, les salariés et fonctionnaires sont fatigués. On ne peut pas faire appel à du renfort", explique encore cette source gouvernementale. Par exemple, impossible d'appeler à la rescousse des soignants d'autres régions pour aider des territoires en tension. Usés, les agents ne veulent plus se mobiliser comme au début de l'épidémie.
Vers un assouplissement des règles
Aussi, pour éviter que les rangs ne soient trop clairsemés, l'exécutif envisage de modifier les conditions d'isolement des cas contacts à Omicron, qui peuvent aller jusqu'à 17 jours. Olivier Véran, le ministre de la Santé a demandé au conseil scientifique de voir comment les assouplir la règle. La crainte concernerait notamment l'école, dont la rentrée est fixée au 3 janvier et que le gouvernement ne prévoit pas de reculer. "Impossible d'imaginer qu'un enseignant soit absent deux semaines, alors qu'il est vacciné, et cas contact", plaide l'entourage du ministre de l'Education.
Du côté de la rue de Grenelle, aussi, cette modalité est pointée du doigt. "Nous avons bien identifié le sujet des 17 jours et le problème que ça peut poser aux entreprises", assure Elisabeth Borne.
Quid d'une intensification du télétravail
Enfin, la question d'un recours plus poussé au télétravail se pose. Même si un tiers des postes sont télétravaillables, cette disposition permet de ralentir les contaminations. Aussi, la ministre du Travail a-t-elle invité les employeurs à privilégier quand c'est possible, 3 à 4 jours de télétravail plutôt que 2 préconisés il y a encore quelques semaines.
Pour l'heure, pas d'injonction cependant, au télétravail obligatoire : ni les syndicats de salariés, ni le patronat n'en veulent. Reste que quelques voix au sein du gouvernement - notamment à la Santé - demandent plus volontariste sur ce point. Comme lors des précédentes vagues, ce point fait débat au sein de l'exécutif.
En mars 2020, lors du premier confinement, des dispositions avaient aussi été prises pour permettre, dans certains secteurs essentiels, pour permettre aux agents, en toute légalité, de travailler plus longtemps, de faire plus d'heures supplémentaires que les textes ne le prévoient, lors d'une activité normale. Faudra-t-il réitérer ces mesures ? Le gouvernement n'exclut rien. Et cherche à se montrer rassurant. "Nous avons su nous adapter, nous saurons le faire encore une fois", expliquait ce vendredi 24 décembre Emmanuel Wargon, la ministre du logement sur France Info. Selon elle, le secteur du bâtiment par exemple, devrait pouvoir continuer à fonctionner normalement, en appliquant les gestes barrières et en se vaccinant.
Pour le moment, l'objectif du gouvernement est bien d'éviter que l'économie ne soit trop dégradée ou ne se referme. Pas question de revenir à mars 2020, quant tout était à l'arrêt.