Première utilisatrice de France, la SNCF abandonnera le glyphosate l'an prochain

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  500  mots
La SNCF consomme 35 à 38 tonnes de glyphosate par an pour désherber ses voies ferrées. (Crédits : Regis Duvignau)
Si la SNCF a souvent beau jeu de se dire plus écologique que l'avion, elle tend à oublier l'empreinte environnementale de ses infrastructures. Outre l'impact de la construction de voies ferrées, le groupe ferroviaire est aussi un grand consommateur de glyphosate pour les désherber. Un pas important devrait néanmoins être fait en 2022 avec l'abandon de l'herbicide au profit d'une solution alternative.

Avec 35 à 38 tonnes par an par an répandues par an, soit près de 0,4 % du total en France, la SNCF est le premier utilisateur de glyphosate de l'Hexagone. Le groupe ferroviaire - plus exactement sa filiale SNCF Réseau en charge des infrastructures - confirme pourtant la sortie de l'herbicide l'an prochain par la voix de Matthieu Chabanel, directeur général délégué chargé des projets, de la maintenance, et de l'exploitation du gestionnaire public des voies ferrées. Interrogé par l'AFP, il a déclaré : "SNCF Réseau n'emploiera plus de glyphosate en 2022, conformément à ses engagements".

La SNCF s'était initialement engagée à sortir du glyphosate dès 2021, s'alignant ainsi sur la promesse faite par Emmanuel Macron en novembre 2017 d'interdire son usage dans les trois ans. La révision à la baisse des objectifs nationaux, ramenés à une réduction de 50 % de l'utilisation du glyphosate d'ici 2022, a changé la donne, mais le groupe ferroviaire n'aura finalement différé son objectif que de quelques mois.

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Une solution plus chère, moins efficace mais moins polluante

"Nous travaillons sur des solutions alternatives de traitement, ainsi que leurs modalités d'emploi, en vue de la prochaine période de traitement" au printemps, a ajouté Matthieu Chabanel. SNCF Réseau devrait notamment utiliser un produit composé à plus de 95% d'acide pélargonique, un produit de biocontrôle (utilisant des produits naturels) et d'une molécule de synthèse de la famille des sulfonylurées.

Cette solution alternative est moins efficace, plus chère, plus visqueuse et exige d'embarquer de plus grands volumes, selon SNCF Réseau, mais elle doit permettre de désherber convenablement les voies en réduisant l'empreinte environnementale. Elle sera uniquement utilisée sur les voies et les pistes, mais pas sur leurs abords, qu'il faudra faucher, conformément à la récente loi Egalim (pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous).

Le surcoût de maintenance lié à la sortie du glyphosate et à la loi Egalim est estimé par le groupe public à une centaine de millions d'euros par an, une somme pour l'instant prise en charge par le plan de relance gouvernemental.

Pour SNCF Réseau, désherber constitue un impératif de sécurité: la végétation pourrait retenir l'eau et déformer la plateforme (et donc les rails) de ses 30.000 km de lignes. Les touffes d'herbe pourraient en outre gêner les rayons laser vérifiant l'écartement des voies ou perturber les tournées d'inspection des cheminots. Quant aux pistes longeant les voies, elles doivent impérativement être dégagées pour que les agents puissent se déplacer rapidement et le cas échéant évacuer les voyageurs en cas de problème.

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