Privatisation des aéroports de Nice et Lyon  : guerre ministérielle sur le cahier des charges

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  481  mots
L'Agence des participations de l'Etat (APE) et le secrétariat d'Etat aux transports sont en désaccord sur les critères du cahier des charges destinés à définir l'expérience aéroportuaire que devront apporter les candidats au rachat des parts de l'Etat dans le capital des aéroports de Nice et Lyon, conformément à la loi Macron. Le dossier sera tranché par Matignon.

Le secrétariat d'Etat aux transports et l'agence des participations de l'Etat (APE), dépendante du ministère de l'économie et des finances, n'en finissent pas de s'opposer sur les questions aéroportuaires. Après le débat sur le niveau des redevances aéroportuaires que pourra demander Aéroports de Paris (ADP) aux compagnies aériennes au cours des années 2016-2020, l'APE et le secrétariat aux transports sont une nouvelle fois en désaccord sur le cahier des charges de la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon qui devrait être lancée en février pour le premier, deux mois après pour le second.

Expérience aéroportuaire

L'objet du désaccord ? La définition des critères d'expérience aéroportuaire que devront démontrer les candidats au rachat des 60% des parts que détient l'Etat dans ces deux aéroports, conformément à la loi Macron dans laquelle figurent ces deux projets de privatisation.

Ce point avait été inscrit dans la loi après la polémique qui avait suivie la vente des parts de l'Etat dans l'aéroport de Toulouse en 2015 à un consortium chinois, lequel, bien qu'il ait présenté la meilleure offre financière, n'avait quasiment pas d'expérience aéroportuaire. Le consortium chinois avait remporté la mise avec une offre représentant 18 fois l'Ebidta de l'aéroport (plus de 300 millions d'euros) quand celles de ses rivaux dans le dernier tour, ADP et Vinci, représentait 16 fois l'ebidta.

Pour autant, pour Nice et Lyon, l'APE souhaiterait des seuils assez légers sur ce point afin d'attirer un grand nombre d'investisseurs. Ce qui permettrait notamment de faire monter les enchères. De son côté, le secrétariat d'Etat aux transports exige des seuils qui permettront de confier les deux aéroports à des acteurs solides du secteur aéroportuaire.

Gros chèque pour l'Etat

S'ajouteraient également dans le débat, des questions de régulation dans la mesure où, contrairement à ADP et aux aéroports de Toulouse et de Lyon, l'aéroport de Nice n'est pas régulé par un contrat de régulation économique (CRE) signé avec l'Etat qui permet de définir tous les cinq ans le niveau d'investissement et de hausse des redevances aéroportuaires que ces aéroports peuvent prélever aux compagnies aériennes.

Selon nos informations, devantl'incapacité des deux parties à s'entendre, le dossier a été envoyé à Matignon. Ce sera donc au Premier ministre de trancher.

L'idée est de lancer le processus de la privatisation de l'aéroport de Nice en février et celui de Lyon deux mois après. L'Etat va récupérer un beau chèque de ces deux opérations. En se calant sur les multiples d'ebitda observés à Toulouse, la valeur d'entreprise de l'aéroport niçois s'élève en effet à 1,8 milliard d'euros. Celle de Lyon à 1,4 milliard environ.