SNCF : l'Etat relance l'ouverture à la concurrence des Intercités

Par latribune.fr  |   |  850  mots
(Crédits : HENRY NICHOLLS)
L'État a relancé vendredi la mise en concurrence des trains Intercités Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux, qu'il avait interrompue fin 2020 alors que la SNCF était la seule candidate, a indiqué le ministère des Transports.

L'État a relancé vendredi la mise en concurrence des trains Intercités Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux, qu'il avait interrompue fin 2020 alors que la SNCF était la seule candidate, a indiqué le ministère des Transports.

« Le démarrage de l'exploitation par le nouveau titulaire du contrat est prévu en 2027 », une fois désigné le vainqueur de l'appel d'offres qui concernera éventuellement aussi une nouvelle ligne Nantes-Lille, a précisé le ministère.

Pour justifier l'abandon du projet à l'époque, le gouvernement avait alors évoqué les « difficultés économiques rencontrées par les acteurs ferroviaires suite à la crise sanitaire » et « l'absence de perspective fiable de reprise des trafic », deux facteurs empêchant selon lui « une concurrence juste et équitable", susceptible de « garantir le meilleur service à l'usager au meilleur prix. » Un temps intéressés, les opérateurs Arriva (groupe Deutsche Bahn), EuroRail et Transdev avaient décidé de ne pas présenter d'offres, laissant la SNCF seule en course. La nouvelle mouture de l'appel d'offres prévoit désormais « que les candidats proposent en option une offre pour le développement d'une liaison entre Nantes et Lille » qui passerait par Angers, Le Mans, Caen, Rouen et Amiens, a précisé le ministère vendredi.

Cette nouvelle ligne sera lancée, ou pas, « en fonction du résultat des offres reçues », a-t-il ajouté. Les Intercités, officiellement appelés « trains d'équilibre du territoire » (TET), sont subventionnés par l'Etat, qui a fait part de son intention de développer leur réseau. Ils doivent être exploités par la SNCF jusqu'en 2031, mais la convention signée en mars avec la compagnie prévoit qu'une partie des lignes soient progressivement ouvertes à la concurrence d'ici là. Plusieurs régions ont parallèlement déjà entamé l'ouverture à la concurrence de leurs TER, organisée comme pour les Intercités par la loi ferroviaire de 2018. La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur a déjà attribué deux « lots » après avoir passé des appels d'offres, Paris-Toulon-Nice à Transdev et l'«étoile de Nice » à la SNCF. Les procédures --plus ou moins avancées-- sont en cours dans le Grand Est, les Hauts-de-France, en Ile-de-France, les Pays-de-la-Loire et en Bourgogne-France-Comté.

Le ferroviaire, « une priorité absolue » (Clément Beaune)

Cette annonce intervient alors que Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a affirmé jeudi que le gouvernement entendait faire « une priorité absolue » des investissements dans le réseau ferroviaire, ajoutant qu'il faudrait être inventif dans les modes de financement.

« Je veux en faire une priorité absolue. (...) Si aujourd'hui, nous n'investissons pas massivement sur notre réseau, nous aurons un gros problème", a déclaré Clément Beaune lors d'un débat au congrès de Régions de France, à Vichy.

L'effort mis sur le réseau doit selon lui être « une priorité budgétaire: (...) parfois ça veut dire que ça passera avant un certain nombre d'autres grands projets, que nous n'abandonnerons pas, [mais] qui pourront être étalés dans le temps ».

Concrètement, « je pense qu'on devrait aller plus loin » que ce qui est prévu dans le contrat de performance que l'État vient de signer avec SNCF Réseau, a-t-il dit. Celui-ci prévoit 2,8 milliards d'euros d'investissements par an -une somme jugée insuffisante ne serait-ce que pour freiner le vieillissement des voies ferrées-, et n'envisage rien pour leur modernisation. Clément Beaune s'est dit « extrêmement ouvert et constructif pour envisager des modèles différents » de financement, et « inventer » des outils tels que des « sociétés de projet » alimentées par des taxes locales, afin d'apporter un financement pérenne aux projets et « éviter les coups d'accordéon » d'un budget à l'autre.

« Le ferroviaire est la colonne vertébrale de la mobilité propre », a-t-il souligné, reprenant les mots de la Première ministre Elisabeth Borne, et le réseau « la colonne vertébrale de la colonne vertébrale ».

Transports du quotidien

Outre l'effort sur le réseau, Clément Beaune a dit vouloir mettre le paquet sur les transports du quotidien, et « pas seulement ceux des métropoles », reprenant ainsi le programme de Madame Borne quand elle occupait son poste entre 2017 et 2019.

« Il n'y aura pas les mêmes réponses au même rythme partout », a-t-il remarqué.

Présent au débat, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a également plaidé -comme il le fait depuis plusieurs mois- pour accentuer l'effort sur le réseau, sans quoi son grand projet à 100 milliards d'euros de doubler la part du ferroviaire dans le transport de voyageurs et de marchandises en une quinzaine d'années serait impossible.

« Il faut commencer par ça », a-t-il insisté. Dans l'immédiat, il a une nouvelle fois demandé une rallonge budgétaire pour SNCF Réseau dès cette année -une demande que Clément Beaune n'a pas repoussée.

Jean-Pierre Farandou veut développer en priorité les « réseaux express métropolitains » -des RER dans les grandes villes de province, avec des trains tous les quarts d'heure- et le fret. Il espère aussi « aller encore plus loin dans le réseau à grande vitesse ».