Une sommité de l'aérien suggère de confier les rênes d'Air France-KLM au président de KLM

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  481  mots
Pieter Elbers, président du directoire de KLM. (Crédits : Reuters)
De passage à Paris pour le premier vol de la low-cost long-courrier au départ d'Orly, Willie Walsh, le directeur général de IAG, a fait l'éloge de Pieter Elbers, le président de KLM. Il ne comprend pas pourquoi il n'est pas nommé à la tête d'Air France-KLM. Willie Walsh est l'une des plus grosses pointures du secteur.

De quoi alimenter le débat de la crise de gouvernance exceptionnelle que traverse Air France-KLM. Au moment où  Philippe Capron, l'ex-futur PDG du groupe réglait ses comptes, Pieter Elbers, le président du directoire de KLM, a reçu un soutien de poids en la personne de Willie Walsh (photo ci-dessous), le directeur général du groupe IAG, maison-mère de British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level.

« Je suis surpris que Pieter Elbers ne soit pas nommé CEO (directeur général) d'Air France-KLM. Il est excellent. Il a fait un travail fantastique chez KLM. C'est probablement l'un des meilleurs CEO du secteur. Il est très respecté dans l'industrie du transport aérien», a-t-il déclaré ce lundi lors d'un passage à Paris pour le premier vol au départ d'Orly de la marque low-cost long-courrier Level à destination de Montréal.

Venant d'une des pointures du transport aérien mondial, cet hommage n'en prend que plus de valeur au moment où le comité de nomination d'Air France-KLM reprend à zéro le processus de recrutement.

Difficile d'imaginer Elbers quitter la présidence de KLM

L'hypothèse de Pieter Elbers à la tête d'Air France-KLM est effectivement une piste à étudier. Mais elle se heurte à plusieurs problématiques à la fois française et néerlandaise. S'il apparaît sans conteste comme la meilleure solution interne au  groupe, Pieter Elbers a toujours la réputation de faire passer les intérêts de KLM avant ceux d'Air France-KLM, malgré des efforts indéniables de communication pour contrer cette image. En outre, s'il faudrait encore que les mentalités évoluent en France pour accepter de perdre la présidence du groupe (qui est français), les Hollandais ont également des sujets à régler en interne. Car, selon plusieurs sources internes, personne aux Pays-Bas, à commencer par l'intéressé lui-même, n'imagine Pieter Elbers quitter la présidence de KLM dans la mesure où, aujourd'hui, le pouvoir se situe au sein des compagnies et non au groupe. Or, difficile par ailleurs de demander le maintien de ses fonctions chez KLM si d'aventure il accédait à la tête du groupe ; les Hollandais ayant souvent déploré que le PDG d'Air France-KLM soit aussi celui d'Air France.

Quel modèle de gouvernance?

Le conseil d'administration d'Air France-KLM est divisé sur la structure de la gouvernance à mettre en place. D'un côté, Delta souhaite un système avec trois patrons opérationnels, un qui pilote le groupe et un dans chacune des deux compagnies. En face, la majorité des administrateurs (KLM inclus, contrairement à ce qui a été dit) estime que la meilleure solution est de conserver un système dans lequel le dirigeant opérationnel du groupe soit aussi celui d'Air  France. Dans ce schéma, KLM demande que son président du directoire se voit confier des fonctions opérationnelles au sein d'Air France-KLM.