3.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, la facture colossale pour le climat des réserves de combustibles fossiles

Par latribune.fr  |   |  875  mots
Les États-Unis et la Russie détiennent chacun suffisamment de réserves de combustibles fossiles pour faire exploser l'ensemble du budget carbone mondial. (Crédits : Reuters)
Selon un inventaire inédit publié ce lundi, les réserves mondiales de combustibles fossiles contiennent l'équivalent de 3.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, qui, si elles étaient utilisées mettraient à mal les objectifs climatiques internationaux. Les zones côtières sont particulièrement menacées par ce dérèglement climatique.

3.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre. Une quantité vertigineuse qui correspond à ce qui serait libéré dans l'atmosphère si les réserves de pétrole, de gaz et de charbon étaient totalement produites et utilisées, selon un registre mondial créé par Carbon Tracker et Global Energy Monitor.

Cela équivaut à « plus que toutes les émissions produites depuis la révolution industrielle » et « plus de sept fois le budget carbone restant pour respecter la température limite de 1,5°C », indiquent les auteurs. Cette notion de « budget » carbone renvoie à la quantité de CO2 pouvant être émise pour un résultat donné, en l'occurrence l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris sur le climat.

Le registre - qui contient les données sur plus de 50.000 sites dans 89 pays - a pour ambition de fournir aux dirigeants politiques et à la société civile les données nécessaires pour gérer la sortie progressive de ces énergies fossiles.

Les Etats-Unis et la Russie dans le viseur

Il montre notamment que les États-Unis et la Russie détiennent chacun suffisamment de réserves de combustibles fossiles pour faire exploser l'ensemble du budget carbone mondial, même si tous les autres pays cessaient immédiatement leur production. Il identifie également la source d'émissions la plus puissante dans le monde : le champ pétrolier de Ghawar en Arabie saoudite.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait suggéré l'an dernier de renoncer à tout nouveau projet pétrolier ou gazier, pour accompagner une baisse rapide de la demande et afin de garder le réchauffement sous contrôle.

TotalEnergies se félicite de sa « stratégie d'exploitation »

Malgré tout, la recherche de gisements se poursuit. Fin août, TotalEnergies et Eni faisaient part de « découverte significative » de gaz au large des côtes chypriotes.

TotalEnergies se félicitait à cette occasion félicité de sa « stratégie d'exploration, qui se concentre sur des ressources à faible coût technique et à faibles émissions, afin de contribuer à la sécurité énergétique ».

La société Energean Plc travaillant pour le compte d'Israël annonçait mi-septembre qu'elle était prête à commencer dans quelques semaines la production de gaz sur le champ offshore controversé de Karish en Méditerranée orientale.

Fin juillet, Greenpeace lançait une action devant la justice écossaise contre le permis accordé en juin par le gouvernement britannique au géant des hydrocarbures Shell pour l'exploitation du champ gazier controversé de Jackdaw.

L'ONG soutient « que le gouvernement a failli à son obligation légale d'évaluer les impacts environnementaux du projet (...) en refusant de prendre en compte les dommages qui seront causés par la combustion du gaz extrait ». Le gisement « devrait générer plus de CO2 que les émissions annuelles du Ghana » et « n'aidera même pas à atténuer la crise énergétique au Royaume-Uni (...) car il appartient à Shell et sera vendu sur les marchés internationaux au plus offrant », a dénoncé l'organisation.

ZOOM - Les îles, comme la Guadeloupe, menacées par le réchauffement des eaux

Fiona aura causé de nombreux dégâts lors de son passage en Guadeloupe dans la nuit de vendredi à samedi, où elle a laissé des quartiers inondés, des maisons dévastées et des routes coupées. Dans son bulletin, le centre météorologique de Guadeloupe a qualifié de « très impressionnants » les cumuls de pluie mesurés depuis le début de l'épisode, dans la nuit de vendredi à samedi, tels les « 534 mm à St-Claude (Matouba) » ou les « 502 mm à Capesterre Belle-Eau (Neufchâteau) ». L'équivalent de plusieurs mois de précipitations. Dans cet archipel des Petites Antilles très concerné par le dérèglement climatique, l'état de catastrophe naturelle avait déjà été reconnu en mai pour plusieurs communes touchées fin avril par des inondations qui avaient fait un mort.

La fréquence des des ouragans les plus intenses augmente

Sixième tempête tropicale de la saison dans l'Atlantique, Fiona s'est renforcé dimanche en ouragan à l'approche de Porto Rico, charriant des vents soufflant jusqu'à 140 km/h et menaçant l'archipel « d'inondations catastrophiques » et de coulées de boue, selon le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC). La dépression a entièrement privé de courant ce territoire américain des Caraïbes, pour lequel le président américain Joe Biden a approuvé dimanche la déclaration d'état d'urgence .Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des ouragans les plus intenses augmente. Ils font notamment peser un risque de plus en plus important aux communautés côtières.

« Le registre mondial aidera les gouvernements, les entreprises et les investisseurs à prendre des décisions pour aligner leur production de combustibles fossiles sur la limite de température de 1,5° et, ainsi, à empêcher concrètement la disparition de nos îles », a souligné Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, l'un des archipels du Pacifique menacés par la montée des eaux et le réchauffement climatique. « Nous disposons désormais d'un outil qui peut aider à mettre efficacement fin à la production de charbon, de pétrole et de gaz », espère-t-il, dans un communiqué qui accompagne la publication du registre.

(Avec AFP)