COP 27 : 210 millions d'euros pour aider les pays vulnérables face aux catastrophes naturelles

Par latribune.fr  |   |  577  mots
Le Pakistan a été dévasté cet été par des pluies dilluviennes, deux millions d'habitation ont été détruites. (Crédits : AKHTAR SOOMRO)
La présidence allemande du G7 et une soixantaine de pays vulnérables, membres du V20, ont lancé lundi, à l'occasion de la COP 27, une nouvelle structure baptisée « bouclier mondial contre les risques climatiques » et dotée d'une enveloppe de 210 millions d'euros. L'objectif est d'aider les populations dans les pays en développement à financer les dégâts liés à une catastrophe climatique. Mais les ONG, plutôt sceptiques, estiment que ce n'est pas la seule solution.

A l'occasion de la conférence de l'ONU pour le climat (COP 27), qui se tient actuellement à Charm el-Cheikh en Egypte, un « bouclier mondial contre les risques climatiques » a été lancé, sous l'impulsion de la présidence allemande du G7 et d'une soixantaine de pays vulnérables (V20). L'objectif affiché est de pallier les « faiblesses des structures de protection financière » dans les pays les plus vulnérables via un « financement pré-organisé » qui peut être déboursé avant ou juste après une catastrophe climatique.

Cette nouvelle structure, dotée pour l'instant d'un budget de 210 millions d'euros (170 millions d'euros annoncés par l'Allemagne et 40 millions d'autres pays), bénéficiera d'abord à un premier groupe de pays incluant Bangladesh, Costa Rica, Fiji, Ghana, Pakistan, Philippines et Sénégal.

Ce dispositif inclut en particulier des systèmes d'assurance contre les dégâts causés aux récoltes, aux bâtiments ou contre l'interruption d'activités d'une entreprise. « Cela peut être des systèmes de protection sociale adaptatifs », ou « un soutien financier immédiat à un gouvernement pour reconstruire un pont ou une école », a expliqué lors d'une conférence de presse la ministre allemande du développement, Svenja Schulze, évoquant des plans « faits sur mesure » pour chaque pays.

Un dispositif qui ne fait pas l'unanimité

Bien que la question des « pertes et dommages » déjà subis par les pays en développement et de leur financement soit un des points chauds de cette COP 27, ce bouclier, présenté par l'Allemagne comme une des réponses aux « pertes et dommages », ne fait pas l'unanimité.

« Les compagnies d'assurance, par nature, sont réticentes à couvrir ou à payer », juge Teresa Anderson, d'ActionAid International. « Cela ne peut pas détourner l'attention de la demande première des pays en développement de créer un mécanisme financier pour les pertes et dommages à la COP27 », estime Harjeet Singh, du Climate Action Network.

Les pays riches se sont en effet toujours montrés très réticents au lancement d'un tel mécanisme. Ils craignent les conséquences légales d'une telle « reconnaissance » des pertes et dommages, et arguent que le financement climatique dispose déjà de multiples canaux. En créer un de plus ajouterait une complexité inutile.

Des dommages estimés à 525 milliards de dollars

Malgré tout, « le bouclier mondial n'a que trop tardé », a déclaré dans un message vidéo Ken Ofori-Atta, ministre des Finances du Ghana et président du V20, soulignant que les pays vulnérables « payaient déjà » pour les pertes et dommages.

Le V20 estime que les dommages causés par les impacts climatiques aux économies de ses membres à 525 milliards de dollars depuis 2000. Ce bouclier « n'est pas une tactique pour éviter toute négociation formelle sur les pertes et dommages ou des arrangements financiers à cette COP », a assuré de son côté Svenja Schulze, notant que ce n'était « pas la solution unique » à ce problème et qu'il faudrait notamment se pencher aussi sur les événements à évolution lente, comme la montée des océans et sur les pertes « non économiques ».

Car l'urgence est là. Avec l'accélération des catastrophes, et un réchauffement sur une trajectoire toujours montante, les montants de dégâts liés au dérèglement climatique pourraient atteindre entre 290 à 580 milliards de dollars par an en 2030 et de 1.000 à 1.800 milliards en 2050, selon des chiffres cités par l'Institut Grantham sur le changement climatique de la London School of Economics.

(Avec AFP)