L'Allemagne s'oppose à une "politique monétaire verte" souhaitée par Lagarde

Par AFP  |   |  392  mots
(Crédits : Stephen Jaffe / FMI)
Christine Lagarde, qui va prendre la tête de la Banque centrale européenne, estime que le changement climatique doit être intégré au sein des objectifs de l'institution monétaire.

Le président de la Bundesbank a estimé mardi que la politique monétaire ne devait pas être utilisée pour lutter contre le réchauffement climatique, alors que la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, entend en faire un des objectifs de l'institution.

Une "politique monétaire verte", par exemple sous la forme d'un programme d'achats d'obligations vertes, est perçue de manière "très critique" par le patron de la Banque fédérale allemande, Jens Weidmann, qui s'exprimait lors d'une conférence sur la finance durable à Francfort.

Une telle évolution serait "contraire aux règles prévues par le Traité européen", selon lesquelles les interventions des banques centrales dans le cadre de la politique monétaire doivent rester "neutres", c'est-à-dire refléter la composition des titres disponibles sur le marché.

La banque centrale pourrait aussi se retrouver en "conflit potentiel", quand elle voudrait mettre le frein sur les achats d'obligations alors que des militants pour le climat réclameraient une action plus vigoureuse.

Objectifs de la BCE

Cette prise de position intervient à trois jours de la prise de fonction de Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne, en remplacement du président sortant Mario Draghi.

Auditionnée par le Parlement européen début septembre, la Française avait estimé que le changement climatique devait être intégré au sein des objectifs de la BCE. Il s'agissait notamment de concilier la règle de neutralité sur le marché avec la future nomenclature très attendue des actifs "verts", quand cette classification aura été adoptée par les Etats membres.

En matière de supervision, elle avait appuyé l'idée que les actifs verts soient pris en compte pour évaluer les risques et donc le niveau de capitaux propres des banques. Là encore, Jens Weidmann s'est distancié de la Française: il serait "erroné" d'utiliser la réglementation bancaire "pour fournir des incitations en matière de politique climatique". Cette tâche devrait revenir au politique, selon le banquier allemand.

La Bundesbank n'est pas inactive pour autant sur le climat. Elle songe à verdir son portefeuille de titres détenus en propre, lourd de 12 milliards d'euros, et investit déjà dans des titres verts une partie des fonds que lui confient les collectivités publiques dans le cadre de plans de retraite.