L’importation de miel à bas prix menace les apiculteurs européens

Par Natasha Foote, Euractiv  |   |  722  mots
(Crédits : REGIS DUVIGNAU)
La baisse de la production européenne de miel et la hausse des importations à bas prix met en péril l’apiculture européenne, qui réclame à l’UE un plan d’urgence pour protéger le secteur. Un article de notre partenaire Euractiv.

Alerte sur le miel européen. Le 14 février, les producteurs de miel européens, confrontés à un marché jugé « critique et extrêmement volatile », se sont réunis à la Copa-Cocega, une association d'agriculteurs, pour lancer un appel à l'aide et obtenir une réponse « concrète et rapide de Bruxelles  ». Le secteur bat de l'aile depuis le déclin de la production en 2019. Le rapport indique que le prix du miel n'avait alors pas augmenté en réponse à la baisse de production, et celle-ci a été compensée par une hausse des importations à bas prix. À l'heure actuelle, l'UE ne produit pas assez de miel pour subvenir aux besoins de ses consommateurs et en importe environ 40 % de pays tiers.

Les producteurs européens se battent contre la hausse des importations bon marché, en particulier en provenance de la Chine, avec laquelle ils ne peuvent rivaliser. Depuis 2013, l'UE importe en moyenne 80.000 tonnes de miel par an depuis la Chine, ainsi que des milliers de tonnes depuis l'Ukraine et le Mexique. Alors que le prix moyen du miel chinois s'élevait à 1,24 €/kg en 2019, le coût de production moyen en Europe atteignait 3,90 €/kg en 2018. Et les prix continuent à chuter dans les principaux pays importateurs de miel. D'après un nouveau rapport de la Copa-Cocega, « seul l'ajout important de sirop de sucre peut expliquer [cette différence de prix] ». « Il coûte moins cher à produire et est difficilement détecté lors des contrôles aux frontières en Europe ». « Cette méthode de production chinoise du miel n'est pas conforme aux standards européens ».

Étienne Bruneau, le président du groupe de travail sur le miel de la Copa-Cocega, affirme que « si la situation du marché ne s'améliore pas, les apiculteurs européens qui dépendent en grande partie des revenus provenant de l'apiculture ne pourront continuer leurs activités ». Cette concurrence étrangère met ainsi en péril « l'existence de plus de 10 millions de ruches à travers l'UE ». Il ajoute que « parallèlement aux pollinisateurs sauvages, l'apiculture et la pollinisation assurée par celle-ci sont essentielles en Europe, tant pour l'agriculture et l'horticulture que la biodiversité. Par conséquent, en dehors de [notre secteur], cette situation menace aussi d'autres domaines ».

La question de l'origine du miel

Actuellement, la directive relative au miel régule le marché du ce produit dans l'UE, mais les exigences en matière d'indication de la provenance du miel sont minimales. Les étiquettes peuvent indiquer « mélange de miels originaires de l'UE » (lorsque le mélange provient de plusieurs États membres), « mélange de miels non originaires de l'UE » (lorsque le mélange provient d'au moins un pays tiers), ou « mélange de miels originaires et non originaires de l'UE » (lorsque le mélange provient à la fois d'États membres et de pays tiers).

Parmi les autres recommandations, les producteurs de miel appellent l'UE à garantir dans leur plan d'urgence que le miel importé de pays tiers corresponde à la définition européenne du miel, en particulier quand il provient de Chine. Ils plaident aussi pour qu'il devienne obligatoire au niveau européen de mentionner l'origine des miels mélangés et leurs pourcentages respectifs sur l'étiquette. Le Copa-Cogeca demande également qu'un laboratoire européen de référence pour le miel soit créé en étroite collaboration avec le Centre commun de recherche, ainsi qu'un observatoire européen du marché du miel.

Lors du dernier Conseil « Agriculture et pêche » de l'UE en janvier, 16 États membres ont publié une déclaration commune dans laquelle ils appellent la Commission européenne à revoir la directive relative au miel afin de clarifier les règles sur l'étiquetage d'origine des mélanges du miel. « Le pays d'origine du produit doit être indiqué, tout comme le pourcentage de miel en provenance d'Europe et d'autres [pays] », a déclaré le ministre hongrois de l'Agriculture, István Nagy, après le Conseil. La déclaration commune a été signée par la Bulgarie, la République tchèque, Chypre, l'Estonie, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et l'Espagne.

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Par Natasha Foote, Euractiv.com (traduit par Morgane Detry)

(Article publié le mardi 18 février 2020 à 11h40)

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