La France se prépare à une hausse des températures jusqu'à 4°C

Par latribune.fr  |   |  578  mots
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, estime qu'il faut investir dans des matériaux qui permettent de résister à la hausse des températures. (Crédits : DR)
La France doit « sortir du déni » et se préparer à s'adapter à un réchauffement climatique qui puisse aller jusqu'à 4°C sur son territoire, a argumenté vendredi Christophe Béchu. Le ministre de la Transition écologique a installé jeudi un Comité de pilotage ministériel sur l'adaptation au changement climatique.

Se préparer à un réchauffement climatique en France de 4°C, la prévision la plus pessimiste, c'est l'ambition du gouvernement et de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique.

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« Tant mieux si on n'arrive pas à 4°C mais ne pas s'y préparer c'est exposer nos concitoyens, nos agriculteurs, nos activités économiques à des risques sans leur donner les moyens d'y faire face », a-t-il déclaré sur Europe 1.

Le ministre a installé jeudi le Comité de pilotage ministériel sur l'adaptation au changement climatique. Cette instance travaille sur des scénarios de référence, dont l'un se traduirait par un réchauffement de 4°C en France, où la hausse des températures est plus importante que la moyenne mondiale.

Montée des eaux, perte d'enneigement, sécheresses et canicules

« Il faut bien comprendre que se préparer à une France à +4°C ça n'a rien à voir », a insisté Christophe Béchu, citant des risques aggravés pour la montée des eaux, la perte d'enneigement, les sécheresses ou encore les canicules, durant lesquelles « on peut tangenter les 50°C » en ville.

« S'adapter à ça, c'est sortir du déni », a-t-il jugé. « Il faut qu'on investisse dans des matériaux qui nous permettent de résister à ces températures, ça veut dire penser l'organisation des services publics, les lois sur l'eau, la protection de la biodiversité, des sols, des règles sur les assurances... »

« En avril nous présenterons ces différents éléments et nous les rendrons publics », a-t-il précisé. Le dernier rapport des experts climat de l'ONU (Giec) a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2°C depuis l'ère pré-industrielle en raison des gaz à effet de serre générés par les activités humaines. Sans un renforcement des politiques actuelles, le monde se dirige vers un réchauffement de +3,2°C d'ici 2100, qui serait plus important encore en France.

La France pourrait connaître de nombreuses restrictions d'eau

La France pourrait connaître de nombreuses restrictions d'eau dès le mois de mars, inédites si tôt dans l'année, après un nouveau record de 32 jours sans pluie et un hiver très sec qui ont mis en péril le rechargement des nappes phréatiques, déjà épuisées par la sécheresse historique de 2022.

« La France est en état d'alerte » et « on a environ deux mois de retard de remplissage » des nappes, a reconnu mercredi sur Franceinfo Christophe Béchu, en première ligne pour gérer les tensions sur l'usage de l'eau entre agriculture, production électrique, loisirs et écosystèmes. Le ministre doit réunir des préfets afin de « prendre des mesures de restriction qui soient « soft », dès le mois de mars, pour éviter de se retrouver dans des situations catastrophiques d'arbitrage » à l'approche de l'été. « On a eu une culture de l'abondance », a encore déclaré le ministre, avec « moins de 1% de nos eaux usées retraitées », alors qu'elles « sont réutilisées 10 fois plus en Italie, 20 fois plus en Espagne » et près de 85 fois plus en Israël.

A ce déficit de pluie s'ajoute une chaleur au-dessus de la « norme en France depuis douze mois d'affilée », février pouvant « être le treizième de cette série inédite » depuis les premières données fiables de 1947.

(Avec AFP)