Photowatt licencie et réfléchit à une délocalisation de ses activités

Par Rémy Janin  |   |  498  mots
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Photowatt, seule usine de fabrication complète de panneaux photovoltaïques en France, confirme un plan social de 331 emplois et réfléchit à une externalisation de ses activités dont la Pologne pourrait être la destination.

C'est un coup dur pour Photowatt et ses 670 employés. La seule usine en France à maîtriser l'ensemble de la chaine de production de panneaux photovoltaïque, de la réalisation de wafers de silicium à l'assemblage des panneaux solaires, a confirmé vendredi le plan social annoncé aux instances du personnel début janvier. Ce plan prévoit la suppression de 195 postes en CDI ainsi que celle de 136 postes d'intérimaires. Par ailleurs la direction réfléchit "à un projet d'externalisation des activités d'assemblage" explique le responsable de la communication de l'usine de Bourguoin-Jailleu (Isère) Vincent Dujardin. Selon les syndicats cette délocalisation pourrait être polonaise. Ce que la direction ne confirme pas, admettant seulement que cette destination "n'est qu'un projet parmi d'autres". Parallèlement, une centaine de postes seront reclassés vers les services commerciaux.

La direction de l'entreprise refuse de faire un lien entre sa situation et celle de la filière photovoltaïque qui subit depuis début janvier un gel de tous les nouveaux projets imposé par le gouvernement. "Photowatt est confronté à une concurrence exacerbée, notamment venue d'Asie et à une pression très forte sur les prix qui a conduit à une chute de 45% des prix de vente depuis 2008", explique la direction dans un communiqué. "Photowatt ne peut plus suivre en l'état cet effondrement tarifaire vertigineux qui a mis des pressions insoutenables sur les coûts de production et a déjà contribué à générer de lourdes pertes au premier trimestre 2010", ajoute-t-elle.

"Le plan d'amélioration de la performance et de relance que nous avons soumis au comité d'entreprise est lié à des raisons structurelles à la société", expliquait à La Tribune le 7 janvier dernier, Thierry Miremont, le tout nouveau PDG de cet acteur français historique, détenu aujourd'hui par le groupe canadien ATS.

Les représentants du personnel ne l'entendent pas de la même oreille. Ils critiquent vertement la stratégie industrielle menée par l'actionnaire canadien lui reprochant notamment de n'avoir pas investi suffisamment dans les capacités de production. "Il y a deux ans nous étions 800 salariés, aujourd'hui l'effectif est de 670 salariés avant la réorganisation et il sera de 430 après la mise en place du plan social, comment expliquer une telle régression?", proteste Martine Rey déléguée CFDT au comité d'entreprise. Mandatés par les salariés, les représentants du personnel demandent un rendez-vous au ministre de l'industrie Eric Besson ainsi qu'au président de la république. "Nicolas Sarkozy avait la promesse de mettre un euro dans les énergies renouvelables pour un euro dans le nucléaire", martèle la déléguée CFDT.

Fondée en 1979, Photowatt qui était classée au douzième rang mondial avec une production de 20 mégawatts (MW) a progressivement glissé vers le 72ème rang. Avec une production qui atteint 57 MW, l'entreprise est très loin derrière le chinois Suntech qui actuellement est en capacité de produite quelque 1.250 MW par an.