Peut-on exploiter le gaz de schistes sans fracturation hydraulique ?

Par Rémy Janin  |   |  401  mots
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Le Sénat entame ce mercredi la discussion sur la proposition de loi visant à interdire l'exploitation des gaz de schistes

Gaz de schistes, le retour. C'est en effet aujourd'hui mercredi que le Sénat entame la discussion en première lecture de la proposition de loi « visant à interdire l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique ». En clair, à interdire d'extraire les fameux gaz des schistes en utilisant la technique de la fracturation hydraulique. Cette dernière consiste en l'injection à forte pression, de grandes quantités d'eau additionnées de produits chimiques et de sable très fin, afin de fracturer les couches rocheuses et d'en libérer les gaz qu'elles contiennent. La proposition de loi a été adoptée par l'Assemblée le 11 mai. Sans les voix de la gauche qui, à l'unisson des écologistes, en critiquent son article 2. Ce dernier prévoit en effet d'accorder un délai de deux mois aux industriels, période qu'ils peuvent mettre à profit pour détailler la technique qu'ils comptent employer pour extraire les gaz et huiles schisteux des profondeurs. Or, selon de nombreuses déclarations, il n'existerait pas d'autres méthodes que celle de la fracturation hydraulique. Faut-il en déduire que l'interdiction de cette technique empêche l'exploitation de tout gisement ? Pas si simple. Certains experts aux ministères de l'énergie et de l'écologie, expliquent que « plusieurs recherches et études sont menées aux Amériques comme en Europe » visant à « moderniser» les technologies ». « Certes, elles n'en sont qu'au stade de l'expérience » précisent-ils, mais on peut citer la piste « de la fracturation pneumatique », qui consiste à remplacer l'eau par de l'air comprimé. D'autres recherches sont menées sur des systèmes de fracturation qui désagrègent les roches en leur faisant subir de violents chocs électriques. « Personne ne sait si ces méthodes sont efficaces ni rentables économiquement », tempère un membre du cabinet de la ministre du développement durable Nathalie Kosciusko-Morizet, mais « la fracturation hydraulique existe depuis 50 ans et n'est rentable que depuis 5 ou 6 ans » ajoute-t-il immédiatement.

S'il est certain que les techniques en gestation relèvent de la fracturation, « procédé incontournable si l'on veut libérer les gaz », elles échappent au modèle « hydraulique ». Et par là-même, à la future loi. Autrement dit, si l'injection d'eau à haute pression dans les sous-sols profonds est en passe d'être interdite, l'exploitation industrielle des gaz de schistes n'est, sauf à y renoncer pour des raisons politiques, économiques, voire les deux, nullement compromise en France.