Préserver la planète pour nourrir les hommes : le nouveau défi de l'agriculture

Par Dominique Pialot  |   |  327  mots
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Pour nourrir 9 milliards d'habitants en 2050, l'agriculture doit se réinventer afin de pérenniser son outil de production.

Le défi est de taille et les chiffres font consensus. Pour nourrir 9 milliards d'habitants en 2050, il faut d'ici-là accroître la production agricole de 60 %, voire 70 %. Et ce, alors que les changements climatiques déjà à l'oeuvre ne font que rendre la tâche plus délicate. Certes, les terres aujourd'hui cultivées ne représentent que 1,5 milliard d'hectares, soit à peine 10 % des terres émergées, et l'on estime que 2,7 milliards hectares supplémentaires pourraient en théorie l'être également. Mais cela s'avère si complexe, pour des raisons de topographie, de manque d'eau, d'infertilité, etc. que c'est essentiellement une meilleure productivité qui devrait permettre à la planète de relever le défi.

Ce qui ne sera certainement pas possible en poursuivant sur la voie d'une agriculture intensive marquée par le recours croissants aux engrais, le gigantisme des exploitations et la monoculture. Si ces pratiques ont permis depuis la seconde guerre mondiale d'alimenter une population en forte croissance, elles montrent aujourd'hui leurs limites. Les rendements plafonnent alors que les coûts de production s'envolent. Les cours sont marqués par une forte volatilité, encore exacerbée par la pression qu'exercent les agro-carburants. L'érosion et l'appauvrissement des sols, les émissions de CO2 dues au labour et au bétail, les problèmes de consommation en eau et de pollution des nappes phréatiques par les résidus d'engrais... tout cela contribue à faire porter le chapeau à un secteur par ailleurs fragilisé sur le plan économique. La valeur ajoutée est en chute libre, et l'agriculture attire de moins en moins de jeunes.

Produire plus et mieux

En France, l'âge moyen des exploitants est de 57 ans. Les tenants de « l'agriculture durable », qui se sont réunis à Paris le 25 janvier, poursuivent un objectif ambitieux : transformer les pratiques pour produire « plus, mieux et avec moins », et faire de l'agriculture, aujourd'hui au banc des accusés, un acteur majeur dans les réponses aux défis alimentaire, climatique et énergétique.