Les candidats à l'éolien en mer affutent leurs armes

Par Fabienne Proux, à Saint-Nazaire  |   |  549  mots
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Les groupes en lice multiplient sur le terrain les opérations de séduction, alors que le gouvernement doit sélectionner en avril les candidats à la construction des cinq parcs éoliens au large du littoral nord-ouest de la France.

A deux jours d'intervalle la semaine dernière, le consortium franco-espagnol Iberdrola et Eole RES et celui emmené par EDF EN (Energies nouvelles) et Alstom ont vanté à Saint-Nazaire les mérites de leur dispositif . Tous les deux sont candidats sur les parcs éoliens off-shore prévus à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) et à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le second s'étant également positionné sur ceux de Fécamp (Seine-Maritime) et de Courseulles-sur-Mer (Calvados).
Difficile de départager ces deux acteurs qui se présentent comme des experts européens, voire mondiaux des énergies renouvelables en général et de l'éolien offshore en particulier. De fait, l'espagnol Iberdrola annonce 13.500 MW (Mégawatts) de capacité éolienne installée et 12.500 MW de projets éolien offshore, essentiellement au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne. Filiale du groupe RES, le français Eole RES avance de son côté 500 MW éoliens installés ou en cours de construction.

20 ans d'expérience pour Dong, partenaire de EDF
Quant à EDF EN et Alstom, ils mettent en avant « l'expérience de plus de 20 ans » de leur partenaire danois Dong Energy, l'un des leaders mondiaux de l'éolien en mer avec plus de 3 GW en exploitation et en cours de construction. « Nous allons bénéficier du retour d'expérience de cet énergéticien pour avoir l'offre technique la plus performante », prévient Jérôme Pécresse, président d'Alstom renewable power. EDF EN construit de plus deux parcs en Belgique et en Grande-Bretagne.
En matière de technologies, les deux projets diffèrent sensiblement puisque Iberdrola-Eole RES utilisera l'éolienne M5000 de 5 MW d'Areva exploitée depuis 2009, tandis que EDF EN-Alstom teste un prototype très innovant, l'Haliade 150. Avec une puissance de 6 MW, elle limite le nombre d'engins en mer, soit 80 à Saint-Nazaire et 83 à Saint-Brieuc contre 96 et 100 éoliennes pour Iberdrola. De plus, l'absence de boite de vitesse et son alternateur à aimant permanent qui réduit considérablement le risque de panne (très redouté pour des parcs éoliens en mer) renforcent ses atouts. Si Areva Wind met en avant l'expérience acquise depuis plus de deux ans sur un parc pilote en mer du Nord et les 600 MW qui seront installés d'ici à 2014, Alstom vante les mérites d'une éolienne à la pointe de la technologie au moment où la production industrielle débutera en 2014.

Des emplois par milliers
Le spécialiste de l'énergie français doit d'ailleurs achever d'ici au 20 mars l'assemblage de son prototype actuellement en cours à Saint-Nazaire afin de réaliser les premiers essais à terre dans l'estuaire de la Loire, puis en mer au large de la Belgique en fin d'année.
Côté industriel maintenant, les deux candidats comptent contribuer à la création d'une filière éolienne offshore en France de la conception et la fabrication des éoliennes à leur exploitation et leur maintenance. Outre les sous-traitants locaux, de nombreux ports de l'Ouest qui accueilleront soit les usines d'assemblage, soit les équipes d'exploitation, bénéficieront de cette nouvelle activité. Ainsi, Iberdrola et Eole RES prévoient la création de 4.000 emplois directs et indirects quand EFD EN-Alstom annoncent 7.500 emplois nouveaux. D'autant que les deux consortiums visent non seulement les parcs français, mais surtout le marché européen qui progresse de 32 % par an et pourrait représenter d'ici à 2020 le quart de l'énergie éolienne mondiale.